Mercedes 190 E City Schulz : la rare compacte à l’étoile
Oh je vous vois venir. Avec un nom comme celui-là, vous pensez immédiatement à Papa Schultz, le sergent enrobé et un peu neuneu du Stalag 13. Mais non ! D’abord cela ne s’écrit pas pareil, car ici Schulz s’écrit sans T. Ensuite, Eberhard Schulz lui n’est pas neuneu, loin de là, et cette 190E City se voulait une alternative crédible à la Golf GTI, et inspirera peut-être BMW pour sa Série 3 Compact, qui sait ?
Schulz commence sa carrière chez Mercedes en participant au projet C111, puis en réalisant le prototype CW311 en 1978. Mais si la marque allemande décide de ne pas construire ce modèle en série, Schulz lui y voit un potentiel et créé en 1982 la marque Isdera bien connue des amateurs d’automobiles exotiques (j’y reviendrai). Mais vendre de supercars à l’époque n’est pas aussi facile que Schulz l’imaginait. Pour remplir la marmite, notre ami créé aussi une officine de transformation dénommée modestement Schulz Tuning : au programme, des voitures vitaminées, transformées en limousines, breaks, coupés ou cabriolets, et toutes ou presque d’origine Mercedes, même si Schulz travailla aussi sur des BMW.
Après avoir travaillé sur une version coupé de la Mercedes 190E (qui se vendra dit-on à 84 exemplaires), Schulz s’attaque à un projet plus ambitieux en proposant sa version « compact » de la w201 ! Contrairement à ce qu’on peut lire à droite à gauche, cela n’a jamais été une commande de Mercedes-Benz pour tester le marché, mais bel et bien une initiative de Schulz lui-même. Il devait cependant sûrement espérer séduire, avec sa 190E City, le constructeur à l’étoile, et pouvoir bénéficier de son soutien et de son réseau. Cela n’arrivera jamais.
Schulz avait travaillé chez Mercedes au moment où le projet w201 se préparait, et avait eu vent d’une étude officielle, en 1981, d’une 190 3 portes appelée Stadtwagen (voiture de ville) qui n’aboutira pas. C’était sans doute trop tôt pour Mercedes qui jouait gros avec sa « petite » 190 E, et qui ne voulait sans doute pas descendre trop vite en gamme. C’est en tout cas sur ce principe d’une version 3 portes à hayon que Schulz réalise sa City.
La base de la voiture reste la 190E, mais à l’arrière raccourci et tronqué. En guise de hayon, c’est le coffre de la W124 break qui fera l’affaire. Deux versions seront proposées, 3 et 5 portes, bien que je n’ai pas réussi à trouver de photo de la 5 portes. Sous le capot, on retrouve le 6 en ligne Mercedes réalesé, passant de 2,5 à 2,6 litres, pour une puissance maxi de 204 chevaux (mais il existait aussi une version 160 chevaux).
Si l’idée d’une compacte était bonne et dans l’air du temps, la réalisation très artisanale rendait la City un peu déséquilibrée, avec des faux airs de Lancia Delta quand on la regarde de l’arrière, mais en moins jolie. Surtout, la 190 E City 2,6 était chère, très chère, voire trop chère : 50 000 DM à l’époque, ce qui n’était pas rien. Autant dire qu’elle fut un bide commercial. Difficile d’avoir des chiffres officiels de production, mais on parle de 6 exemplaires réalisés entre 1990 et 1991 !
Il en existe pourtant au moins deux (une blanche et une grise) qui circulent encore. Aussi, si vous en voyez une passer dans les petites annonces, regardez là de plus près : vous pourriez être tombé sur un collector à ne pas laisser passer !