Maserati Karif : un étrange dérivé de la Biturbo
« Dans la famille Biturbo, je demande la Karif » ! Jouer aux sept famille avec le mythique coupé/berline/cabriolet Maserati des années 80, c’est assurément y passer la nuit. Il faut en effet être un expert pour en énumérer tous les dérivés (lire aussi : Les Maserati Biturbo berlines). Tout au long des années 80, la Biturbo ne cessera de se décliner en de multiples versions, permettant à Maserati de survivre malgré une réputation parfois douteuse en terme de fiabilité.
A la fin des années 80 apparaîtra l’un de ses dérivés les plus étranges : la Karif. Né en 1988, ce coupé n’est tout simplement qu’une version hard top rigidifié du Spyder, le cabriolet de la gamme (lire aussi: Maserati Spyder). Il s’agissait pour Maserati de proposer à sa clientèle un modèle encore plus sportif grâce à son empattement raccourci et à son V6 2,8 litres de 285 ch, le plus moderne de la gamme, et ce à moindre frais.
Destiné à être une série spéciale de 250 exemplaires, il n’en sera fabriqué que 221 (ou 222 selon les sources) exemplaires, dont 32 en conduite à droite. On dit que seuls deux exemplaires auraient trouvé preneurs en France, c’est dire sa rareté sur nos départementales. Comme la tradition des sportives Maserati l’exige (comme les Mistral, Ghibli, Khasmin et Shamal), elle porte le nom d’un vent chaud soufflant dans le Golfe d’Aden.
Avec 285 ch, des suspensions retravaillées, un châssis raccourci et la propulsion, la Karif « envoie du bois », avec moins de 5 secondes au 0 à 100 km/h. Mais elle conserve cette particularité des Biturbo : elle est très pointue à conduire, et il vaut mieux parfois ne pas trop appuyer sur l’accélérateur, et conduire prudemment sur sol mouillé. Construite chez Zagato jusqu’en 1992 (comme le Spyder), elle a un look vraiment déconcertant tant son pavillon descend abruptement à l’arrière. Vue de profil, elle paraît « tronquée ». A l’intérieur, c’est le luxe kitsch des Maserati des années 80 : on déteste ou on adore, mais ça ne laisse pas indifférent.
Certaines versions recevront deux petites places à l’arrière, d’autres un « face lift » façon Shamal (lire aussi: Maserati Shamal) et Ghibli (lire aussi: Maserati Ghibli II), d’autres encore un moteur catalysé faisant chuter la puissance. On peut s’étonner de ne pas trouver un moteur 2 litres favorisé en Italie fiscalement, mais l’aspect « série limitée » ne devait pas rendre nécessaire de s’inquiéter de sa diffusion (quoi que les 250 exemplaires prévus ne furent jamais atteints).
Elle rentra vite en concurrence avec la Shamal à moteur V8, qui elle aussi disposait d’un empattement court, et semblait bien frêle à côté d’elle. Elle est cependant aujourd’hui un vrai collector. Il vous faudra débourser pas mal d’euros pour dégoter la perle rare, et sans doute aller la chercher ailleurs qu’en France : c’est le prix de l’originalité.