Maserati Ghibli II : l’anti M3 italienne
En ce début d’année 1993, la référence en matière d’automobile compacte à haute performance, c’est la BMW « E36 » M3, avec son 6 cylindres en ligne de 3 litres et ses 286 ch (lire aussi: BMW M3 E36). Pas de doute (et cela se confirmera), cette Béhème tiendra le haut du pavé pendant longtemps.
Pourtant, à mes yeux, une M3 devient trop banal, et je cherche à l’époque celle qui pourrait lui donner du fil à retordre dans la même gamme (la berline deux portes sportives). J’ai trouvé la Maserati Ghibli II. Certes elle est un peu plus chère (396 000 F contre 306 000 F pour la M3), mais rappelez-vous qu’en ce temps là, Maserati, c’est encore presque un artisan, et Ferrari n’a pas encore donné une nouvelle dimension à la marque au trident.
La Ghibli est en fait l’aboutissement de la gamme Biturbo, initiée fin 70 par Alejandro de Tomaso, fondateur de la marque éponyme, mais aussi propriétaire d’Innocenti et de Maserati (qu’il a racheté à Citroën). D’ailleurs, dès la génèse de la Biturbo, l’adversaire (ou le modèle, au choix) déclaré est la BMW Série 3, que De Tomaso admire (lire aussi: Maserati Biturbo). Après une tentative tendance « supercar » avec la Shamal (lire aussi: Maserati Shamal) et une autre plus « Racing » (lire aussi: Maserati Racing), la Ghibli arrivait à point pour affronter la teutonne… Manquait juste un réseau commercial et des capacités industrielles (la qualité Maserati de l’époque était encore loin de celle de l’allemand !
Ce n’est donc pas totalement idiot de comparer la BMW M3 et la Maserati Ghibli. Pourtant, il faut rester réaliste : Maserati n’a jamais eu les capacités de rivaliser commercialement avec BMW. Il y avait trop de différences (un industriel face à un artisan, des réseaux de distribution sans commune mesure etc). Les différences se notent sur la diffusion (2300 exemplaires pour la Ghibli entre 1992 et 1997, 71 000 pour la M3 E36 entre 1992 et 1999), mais aussi sur la qualité de fabrication (à l’époque, Maserati n’avait pas fait l’objet d’une refonte complète de ses process de fabrication par Ferrari).
La Ghibli disposait de 2 V6 différents: un deux litres (dédié au marché italien) de 305 ch, et un 2,8 litres de 287ch (destiné à l’export). Des puissances comparables à la M3, qui comme la Ghibli est une deux portes propulsion.
Une version Cup (dotée du 2 litres poussé à 330 ch) sera commercialisée à 57 exemplaires, ainsi qu’une version Primatist (60 exemplaires) réalisée pour célébrer le record de vitesse établi par un hors bord équipé d’un moteur Maserati (cette primatist reçoit le 2 litres 305 ch, mais se distingue surtout par son intérieur « spécifique », c’est le moins qu’on puisse dire).
La Ghibli disparaîtra en 1997 pour laisser sa place à la 3200 GT, qui participera au renouveau de la marque et à son passage à l’ère industrielle. N’hésitez pas à fouiller dans les petites annonces aujourd’hui: sans être bon marché (surtout à l’entretien), elle reste relativement abordable, et vous offrira sans nul doute beaucoup de plaisir (et parfois des frayeurs aussi, elle reste une Biturbo).