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ITALIENNE

La Fiat Multipla n'est pas moche, elle n'a pas un physique facile !

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 01/11/2015

Se moquer de la Fiat Multipla est devenu un loisir chez les bien-pensants de l’automobile, ceux qui croient tout savoir, tout comprendre, et qui refusent de passer outre un physique différent, mesurant les qualités d’une voiture à l’aune de son sex-appeal. Il est vrai qu’en un peu plus de 15 ans, l’automobile est devenue consensuelle, et tout particulièrement la Fiat qui recycle à l’infini le dessin néo-rétro de sa petite 500. Pourtant, la Multipla « n’est pas moche, elle n’a pas un physique facile, c’est différent » !

Multipla 03

Fiat est venue un peu sur le tard à la mode des monospaces avec l’Ulysse en 1994 (et sa version Lancia Zeta), en collaboration avec le groupe PSA. Il aura fallu 10 années aux deux alliés franco-italiens pour réagir au succès phénoménal du Renault Espace. C’est encore Renault qui dégaine le premier dans la catégorie des monospaces compacts avec le Scenic, lancé en 1996. Un peu rageant quand on sait que Fiat avait été l’instigateur du monospace en quelques sortes, avec la Fiat 600 Multipla, produite entre 1956 et 1965.

Multipla 07

Dérivée de la Fiat 600, la Multipla originelle inaugurait la carrosserie mono-volume, et offrait 6 places assises, sur 3 rangées de sièges dans une voiture minuscule. En lançant le projet 186 pour la réalisation d’un monospace compact, Fiat prend le contre pieds de son grand monospace Ulysse pour s’inspirer de l’originale Multipla, bien décidée à innover sur ce segment encore à défricher ! En 1996, Fiat présente son Multipla Concept qui dispose déjà de tous les traits caractéristiques du futur Multipla : un nez plas, un habitacle haut et bulbeux, des bourrelets sous le pare-brise incluant des phares, une compacité incroyable (plus court qu’un Renault Scenic, mais bien plus large), une planche de bord boursouflée digne de la Japanim’ des années 80, et surtout 6 places (comme son ancêtre) mais sur deux rangées seulement, à la façon de Matra sur ses coupés des années 70/80 (Bagheera et Murena, lire aussi : Matra Murena).

Multipla 10

En 1997, au Salon de Francfort, Fiat présente la version définitive, qui ressemble comme deux gouttes d’eau au Concept de l’année précédente. La messe était dite : Fiat la jouerait « disruptif » ! Plutôt que de se moquer, certains feraient mieux de saluer, d’applaudir des deux mains : ils sont peu nombreux les constructeurs ayant tenter quelque chose de différent ! A son lancement en 1998, deux motorisations sont proposées : un 1,6 litre 16v essence de 92 ch et un 1,9 litres JTD diesel de 105 ch, largement suffisants pour cette bestiole disposant en outre d’une tenue de route exemplaire pour un monospace (les moteurs évolueront au fil des ans) !

Multipla 06

Si les moqueurs étaient déjà montés dans un Multipla, peut-être auraient-ils moins rigolé ! Monter dedans, c’est inévitablement changer d’avis. De l’intérieur, on ne voit plus ce drôle de design (auquel on s’habitue d’ailleurs très vite pour finir par le trouver presque beau), mais on ressent cette impression d’espace, et on prend du plaisir à conduire un monospace collé à la route, sans doute à cause de sa compacité et de sa grande largeur (1,87m pour 4m de long seulement).

Multipla 11

N’en déplaise donc aux ayatollahs du bon goût, la Fiat Multipla est pétrie de qualité (même si elle conserve une finition toute italienne). En France, on est plutôt chauvin, et le Renault Scenic, lancé deux ans plus tôt et au physique plus avenant, conserve largement sa place de n°1, mais le Multipla fait mieux que se défendre, et Fiat explose ses objectifs de vente (qui passeront de 7500 à 10 000 par an). En Italie, le Multipla s’empare de la tête de son segment en 2002, preuve s’il en était besoin, que ce drôle de monospace n’est pas le loser que l’on dit. Au total, 328 862 exemplaires seront produits entre 1998 et 2010 (hors licence chinoise).

Multipla 04

Etrangement, c’est quand il rentrera dans le rang que le Multipla deviendra « has been ». En 2004, Fiat décide de relancer son monospace qui commence à dater et lui offrant un « facelift ». Or le constructeur italien a un peu trop écouté ses détracteurs, et décide de « banaliser » le Multipla. Adieu rondeurs et phares globuleux, place à une calandre classique, à des phares classiques, et à un capot moteur classique. En donnant raison aux « bien-pensants » du design, Fiat tuera à petit feu son original monospace. Dès lors, les ventes deviendront confidentielles, le Multipla se vendant au compte goutte jusqu’en 2010. La nouvelle stratégie de Fiat (décliner la 500 à l’infini) tuera dans l’oeuf le projet d’un remplaçant.

Le Multipla bénéficie d'une tenue de route exemplaire pour un monospace !Le Multipla bénéficie d’une tenue de route exemplaire pour un monospace !

Depuis, la Multipla a rejoint la Citroën BX (lire aussi : Citroën BX), la Lancia Thésis (lire aussi : Lancia Thesis), la Renault Avantime (lire aussi : Renault Avantime) ou la Renault Fuego (lire aussi : Renault Fuego) dans les rangs des « oeuvres » incomprises et qu’on aime moquer, à tort (comme souvent).

Le Multipla restylé perd tout son intérêt et sa saveur au profit d'une calandre d'une banalité affligeante !Le Multipla restylé perd tout son intérêt et sa saveur au profit d’une calandre d’une banalité affligeante !

Si vous voulez vous offrir un bout d’histoire du design automobile, si vous n’avez pas peur des quolibets et des dicteurs de bon goût, si vous adorez vous démarquer, tout en préservant votre porte monnaie, c’est le moment de vous offrir un Multipla qui, inévitablement, deviendra collector dans dix ou vingt ans, le temps que chacun s’aperçoive qu’il ne s’agissait pas d’une mauvaise voiture !


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