Jaguar XKSS 2017: la renaissance des 9 exemplaires disparus
Jaguar nous avait déjà fait le coup en 2014 avec l’annonce par Jaguar Classic (une branche de la division Special Operation du groupe Jaguar Land Rover) de la fabrication des 6 exemplaires manquant de la Jaguar Type E Lightweight (lire aussi : Jaguar Type E Lightweight). Cette fois-ci, Jaguar Classic a annoncé la fabrication hier, à Los Angeles de 9 exemplaires « à l’identique » de la Jaguar XKSS.
Le choix du lieu n’est pas anodin. Prévue pour être fabriquée à 25 exemplaires, la Jaguar XKSS, version routière de la célèbre voiture de course D-Type qui dominera le Mans en 1955, 1956 et 1957, ne verra que 16 voitures sortir réellement des ateliers. Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : les 25 voitures furent réellement fabriquées, mais un terrible incendie le 12 février 1957 ravagea l’usine de Browns Lane, détruisant 9 exemplaires. Toutes les XKSS étaient destinées au marché américain, voilà pourquoi Jaguar Classic a profité du Salon de Los Angeles pour rassurer les clients américains, presque 60 ans après : oui, l’ensemble de la production sera bien assurée, avec un peu de retard, « of course ».
Il ne s’agit bien entendu plus des mêmes clients qu’en 1956/1957. Aujourd’hui, il s’agit de collectionneurs fortunés, amoureux de la marque, et « triés sur le volet » (selon Jaguar) qui auront le droit à leur superbe XKSS neuve d’origine. Car le principe de Jaguar Classic, c’est de fabriquer selon les plans d’origine, sans modification « moderne ». Chacun des 9 exemplaires produits à partir de 2017 portera le numéro de châssis de l’un des 9 modèles détruits par le feu, et partira contre un chèque de 1 million de £ (soit 1,1 million d’euros).
Pas la peine de vérifier votre PEA, PEL, Livret A ou autre pour vérifier si vous pouvez vous offrir ce caprice, tous les exemplaires sont déjà vendus. Aujourd’hui, grâce aux nouvelles technologies, Jaguar a pu « scanner » les modèles d’origine pour recréer une maquette servant de base à la réalisation des carrosseries selon les cotes d’origine. Idem pour le châssis, reconstitué par CAO en prenant pour base les exemplaires d’origine. On retrouve sous le capot le même moteur, un « Straight 6 » 3.4 litres de 262 ch, identique à celui qui équipait les XKSS, mais aussi les D-Type du Mans. A l’intérieur, le grain du cuir est identique, tout comme les compteur Smith. Seules quelques modifications mineures ont été effectuées (comme le matériau utilisé pour les réservoirs, plus résistant).
La production a d’ores et déjà commencé pour des livraisons à partir de 2017 (soit 60 ans après l’incendie). 10 000 heures de travail sont nécessaires pour chaque exemplaire. Certains considéreront que, malgré les efforts de Jaguar Classic, ces XKSS ne sont pas des vraies, d’autres, comme moi, s’enthousiasmeront de la renaissance de vénérables dames comme celles-ci, surtout qu’il ne s’agit pas d’évocations, ou de versions « modernisées », mais bel et bien de voitures « à l’identique ». Et quoi qu’on en pense, ce genre d’opération s’avèrent extrêmement efficace en terme de communication, bien plus intelligente et rentable qu’une campagne de publicité, parce qu’elle valorise bien plus l’image de Jaguar et son savoir-faire qu’un spot de télévision.
Images: Jaguar Classic