Jaguar Mk IV 1 1/2 litre : la première Jag'
J’avoue d’entrée de jeu : je ne suis pas un amateur de voitures d’avant-guerre. Sans doute parce que je ne les ais jamais vues rouler naturellement, en pleine circulation. Je ferais cependant une petite entorse avec la Jaguar Mark IV 1 ½ litre. Et je confirme ne parler que de la Mark IV à 4 cylindres, et non à 6 et 2,5 litres de cylindrée.
Voici pourquoi cette voiture m’intéresse. D’abord (comme sa sœur à 6 cylindres) parce qu’elle est la première Jaguar. Cette voiture est née en 1935 sous la marque SS, à laquelle était accolé le nom Jaguar. Elle ne devint « Jaguar » (tout court) qu’après guerre, lors de sa renaissance (et on comprend aisément pourquoi la marque SS fut abandonnée). Elle est ensuite la première étape de l’expansion de la marque de Coventry. Si SS était confidentielle avant guerre, Jaguar prend son envol après guerre.
C’est aussi pour cela que la Mark IV 1 ½ litre m’intéresse : à l’heure où toutes les marques se concentrent soit sur le très haut de gamme, soit sur le bas de gamme (« motoriser l’Europe »), Jaguar descend en gamme en proposant le luxe à un prix relativement abordable, simplement en proposant un moteur moins gros, avec deux cylindres de moins.
La carrière de la Mark IV commence donc en 1935, en 6 ou en 4 cylindres, à un prix très concurrentiel. Tout le monde s’étonne à l’époque du luxe et de la qualité de la « petite » SS malgré son prix ultra bas (tout est relatif) de 400 £. Il suffit de voir les boiseries et le cuir d’un modèle de l’époque pour se rendre compte qu’on entre dans le monde du luxe.
La guerre interrompt la production en 1940 (toutes les usines sont réquisitionnées pour l’effort de guerre), mais déjà SS a changé de dimension avec 6691 exemplaires construits en 5 ans. Une fois la paix revenue, SS devenue Jaguar relance sa production qui durera encore 3 ans, pour 5761 exemplaires (dont 311 destinés à l’exportation en conduite à gauche).
Si cette Mark IV correspond à l’envol de Jaguar, elle reste une voiture d’avant-guerre, avec chassis séparé, pesant 1345 kg et ne disposant en tout et pour tout que de 65 chevaux pour déplacer tout cela. Le reste est à l’avenant pour qui comparerait avec une voiture moderne, même datant des années 60. Il ne faut pas attendre autre chose de cette Jag’ que des effluves de cette époques là, à la manière des « Vestiges d’un jour ». Le cuir, le bois, l’agencement intérieur, la ligne, tout rappelle une époque disparue avec la guerre.
Il ne s’agira donc pas d’acquérir un « daily driver » mais bien un véhicule de collection. D’ailleurs, même si elle reste abordable, elle vous en coûtera tout de même entre 20 et 30 000 euros en version 4 cylindres (encore un peu plus en 6 cylindres, plus rare). Mais vous pourrez dire, si votre modèle est daté d’après 45, que vous possédez l’une des premières Jaguar, et ça n’a pas de prix !
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