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Jaguar E-Type Commemorative : les fantômes ne meurent jamais

Par Nicolas Fourny - 28/01/2025

« Très abouties, ces deux Type E nous font invinciblement rêver à une suite en (petite) série »

Alors que l’avenir de la marque britannique s’annonce de plus en plus incertain – par charité, nous ne commenterons pas la récente campagne de re-branding initiée par ses dirigeants actuels –, avec notamment un plan-produit ressemblant fâcheusement à une impasse, les sources de réconfort, pour les jaguaristes patentés, sont désormais à rechercher dans l’histoire de Jaguar, ses jalons et ses légendes. Ça tombe bien : le département Jaguar Classic (sans doute le seul service de l’entreprise qui travaille de façon satisfaisante ces temps-ci) s’y entend à merveille pour célébrer le passé du vieux fauve en construisant, de temps à autre, des rééditions des modèles les plus glorieux de Browns Lane. Leur dernière initiative en date n’est pas la moins captivante puisque, cette fois, Jaguar a tout bonnement recréé ex nihilo deux Type E… neuves !

L’histoire est un perpétuel recommencement

Ce n’est donc pas la première fois que Jaguar puise dans son patrimoine pour donner des descendantes inattendues à certains de ses modèles les plus fascinants. Ainsi, l’on se souvient sans doute de la Type C Continuation présentée en 2021 – une reconstruction à l’identique de la voiture de course destinée à célébrer le soixante-dixième anniversaire de sa première victoire au Mans –, ou encore des vingt-cinq exemplaires de Type D Continuation prenant la suite des 75 voitures construites de 1955 à 1956, et commercialisés au prix d’ami de 1,75 million de livres. La Type E elle-même faisait déjà l’objet, depuis plusieurs années, d’un programme exhaustif de restauration appelé Reborn et comportant de discrètes améliorations techniques répondant aux attentes des collectionneurs désireux de rouler le plus souvent possible au volant de leur auto (remplacement de la dynamo par un alternateur, montage d’un allumage électronique, etc.). Toutefois, on l’a vu, la E-Type Commemorative procède d’une tout autre démarche…

Une actualisation subtile

Car ici, on ne parle plus de restauration, ni même de reconstruction à partir d’éléments d’époque ; il s’agit bel et bien de fabriquer deux Type E strictement et intégralement neuves – et nanties, on va le voir, de certaines modifications qui en renforcent encore l’exclusivité, sans jamais compromettre le bon goût seyant à un tel projet. On est loin, en l’espèce, des « actualisations » souvent grotesques caractérisant la plupart des restomods… Commandés par un client asiatique dont l’identité n’a pas été révélée, les deux roadsters – l’un peint en Signet Green et l’autre en Opal Black, nuances inspirées par les coloris des derniers millésimes de l’auto – sont techniquement alignés sur les spécifications de la Type E Series I présentée, comme chacun sait, lors du Salon de Genève 1961. Et, de l’extérieur, il est absolument impossible de les distinguer d’une Type E sexagénaire !

Le XK, moteur éternel

Rappelons qu’il y a tout juste cinquante ans, durant le second semestre de 1974, Jaguar entonnait le chant du cygne de la Type E en commercialisant les ultimes 50 exemplaires de l’auto – dont le tout dernier, un roadster peint en noir et immatriculé HDU 555N, appartient aujourd’hui aux collections du Jaguar Daimler Heritage Trust. Il s’agissait donc alors de Type E Series 3, animées par le V12 maison mais dont l’empattement rallongé et le design quelque peu épaissi n’égalaient pas la grâce incoercible du modèle initial, celui auquel chacun pense spontanément dès que l’on évoque la Type E et dont même Enzo Ferrari (pourtant avare de compliments à l’égard de la concurrence) avait salué la beauté. Fort heureusement, les deux E-Type Commemorative tournent le dos aux lourdeurs ornementales de la Series 3 et ont conservé le légendaire moteur XK 3,8 litres, tout juste agrémenté d’une injection électronique et associé à une boîte à cinq rapports.

Et pourquoi pas en série ?

À l’extérieur comme à l’intérieur, Jaguar Classic s’est associé au plus ancien joaillier britannique, la maison Deakin & Francis, fondée en 1786, pour la réalisation de certains accessoires en or et en argent (interrupteurs, bouton de l’avertisseur sonore ou insignes en or 18 carats). La sellerie des deux voitures a été confectionnée en cuir tabac tressé, tandis que – magistral hommage ! – le schéma technique original de la Type E, basé sur les documents des archives du constructeur, est gravé sur une plaque en aluminium fixée entre les sièges. Enfin, un système d’infotainment avec GPS et connexion Bluetooth constitue, avec le pare-brise chauffant, le dernier indice de modernité que se sont autorisé les créateurs de ces deux voitures exceptionnelles à tous égards. Très abouties, témoignant d’un respect infini pour la mémoire de Jaguar sans pour autant répudier les attentes des collectionneurs d’aujourd’hui, ces deux Type E nous font invinciblement rêver à une suite en (petite) série. Formons le vœu qu’elles ne soient pas les dernières de la lignée…

3781 cm3Cylindrée
265 chPuissance
240 km/hVmax



Texte : Nicolas Fourny

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