Citroën Sbarro C15 Aventure : l'utilitaire de luxe
Octobre 1986 : le Salon de Paris ouvre ses portes, et le public peut découvrir les nouveautés de l’année. Parmi elles, un étrange concept-car réalisé par Sbarro à la demande de Citroën, l’étonnant C15 Aventure. Paradoxalement, c’est sur la base du fameux utilitaire lancé deux ans plus tôt, en 1984 (lire aussi : Citroën C15), que Franco Sbarro va concevoir une sorte de « ludospace » avant l’heure, luxueux et performant.
Oui, vous avez bien lu : le C15 Aventure est un C15 de luxe, doté d’une mécanique performante. Bon, il est vrai qu’après être passé entre les mains de l’excentrique carrossier/designer italo-suisse, il est bien difficile de reconnaître l’utilitaire dérivé de la Citroën Visa. On ne sait d’ailleurs pas quoi penser de son physique après le passage du bistouri. Sa face avant plongeante, ses doubles optiques à moitié cachés derrière une sorte de grille, prolongement de la calandre, et une sorte de gros cul carré jurant un peu avec l’avant dynamique.
Certes, c’est plus moderne que le dessin original du C15, mais de là à dire que c’est beau. Il y a un peu de Michel Graton dans le dessin, mais cela passerait mieux en BD. Il y a aussi beaucoup de Rancho dans le concept : dériver un baroudeur un peu haut de gamme d’un utilitaire pas franchement sexy (lire aussi : Matra Rancho).
L’extérieur laisse dubitatif : c’est clivant (à l’image des productions de Sbarro). L’intérieur convainc beaucoup plus. Traité luxueusement, ce C15 pas banal s’offre du cuir, de la moquette épaisse, et des boiseries en-veux-tu-en-voilà (sur le tableau de bord, sur les contre-portes, et même sur les flancs des sièges). Arrimée à la porte arrière, une valise assortie à la sellerie complète la panoplie. L’idée la plus intéressante du C15 Aventure reste son utilisation de l’espace pour proposer 7 places tout en conservant une possibilité de chargement.
Pour cela, Sbarro va proposer, en plus des 2 places avant, et des 3 places de la banquette arrière rabattable 2/3 1/3, deux fauteuils « strapontins » à la conception originale : ils disposent de deux positions, soit collés aux flancs de la carrosserie (ils disposent alors d’un appui-tête fixe intégré au pilier C), soit dans le sens de la marche grâce à un système de pivot. Repliés, ils laissent toute la place pour plus de chargement. Malin.
Aujourd’hui, certains possesseurs de C15 rêveraient de « swapper » leur bête d’un moteur plus puissant : avec l’Aventure, leur vœu est exaucé. Sous le capot avant, le fameux XU 5JA de 1,6 litre développant 115 chevaux, un moteur utilisé par la Visa GTI depuis mars 1986 (105 chevaux auparavant) et que l’on retrouve aussi dans la 205 GTI : tout un symbole. Certes, l’allure générale de l’Aventure ne prête pas à la sportivité, mais avouez que 115 chevaux, même dans un C15 alourdi, cela devient intéressant.
Luxueux, puissant, baroudeur, malin, l’Aventure dispose de tous les codes d’un SUV d’aujourd’hui sans en avoir le look. De toute façon, Citroën n’avait pas l’intention de le produire, mais bien de créer l’événement autour de son utilitaire qui, dans sa troisième année de production, étoffait sa gamme de moteurs. Une opération promotion pour attirer le chaland sur le stand VU de la marque. Pas idiot.
Difficile de savoir où est l’objet du délit aujourd’hui. Il ne me semble pas l’avoir aperçu au Conservatoire Citroën. Est-il chez Sbaro, ou bien a-t-il été détruit, voire vendu ? Les informations sont les bienvenues et si d’aventure vous tombiez par hasard dessus, je compte sur vous !