BMW Série 5 E60 : la controverse Bangle !
Au risque de faire crier au scandale les puristes, j’ai une réelle affection pour la BMW Série 5 E60 ! Attention, je n’ai pas dit qu’il s’agissait de la plus belle voiture du monde, mais elle symbolise le courage d’une firme automobile ne s’endormant pas sur ses lauriers. En effet, depuis les années 70, BMW avait pratiqué une politique bien sage en matière de design, améliorant par petite touche ses voitures. Avec l’arrivée de Chris Bangle, un vent nouveau va souffler sur le design du constructeur bavarois, provoquant l’ire des puristes, mais prouvant au monde la capacité de BMW à se réinventer, quitte à prendre des risques !
Bangle avait déjà sévit chez Fiat, signant notamment un Coupé de toute beauté pour les uns, immonde pour les autres (lire aussi : Fiat Coupé). C’est donc en connaissance de cause que BMW était allé chercher son nouveau designer en chef ! Et l’ami Chris a des idées bien arrêtées ! Alors qu’au même moment Audi étire sans fin (et encore aujourd’hui) le design inauguré avec la 100 C4 et l’A8 (lire aussi : Audi A8), BMW va au contraire s’orienter vers une rupture stylistique. Un choix osé pour un spécialiste du « premium », une catégorie où le conformisme domine.
La Série 5 E60 enfonce le clou, mais le style particulier de Bangle ressort plus réussi !C’est la Série 7 (E65) en 2001 qui va inaugurer le nouveau style signé Bangle et la nouvelle identité BMW. Après une superbe E38, point d’orgue d’une lignée toute en élégance, l’E65 dérange… Oh bien sûr, elle conserve une « identité » béhème, et notamment sa calandre au double haricot, mais pour le reste, tout change ! La malle arrière concentre aussi les critiques. Beaucoup trouvent les nouvelles lignes trop tarabiscotées. Chris Bangle devient la cible des béhémistes en colère, regrettant leur cher design.
Pourtant, BMW et Chris Bangle, faisant fi des critiques conservatrices, vont enfoncer le clou en 2003 avec une nouvelle Série 5 (E60) confirmant la nouvelle tendance stylistique. Or si le coup de crayon de Bangle n’avait pas réussi à emporter l’adhésion du public sur la Série 7, il en va tout autrement avec l’E60. Ce qui semblait déséquilibré sur l’E65 se transforme avec l’E60 en une ligne ramassée, musclée, et élégante à la fois. 2 ans se sont écoulés depuis la nouvelle série 7, et les esprits se sont calmés, tandis que chacun a pu s’habituer au nouveau visage des BMW des années 2000 ! Avec l’E60, la vision de Chris Bangle s’affirme.
Bien sûr, il reste toujours (et encore aujourd’hui) des détracteurs, mais l’E60 aura réussi à réctifier le tir. Le nouveau design lui va mieux qu’à l’E65, c’est un fait, mais elle est aussi destinée à de plus gros volumes de vente et aura ainsi droit à une version Break (E61) très élégante elle aussi. Surtout, elle offre au consommateur une multitude de versions et motorisations. Tandis que les constructeurs français peinent à l’époque à proposer des versions V6 de plus de 200 ch sur leurs modèles haut de gamme (Peugeot 607 et Renault Vel Satis), BMW ne propose que deux moteurs 4 cylindres (un essence de 2 litres et 170 ch sur la 520i, et un turbo diesel de 2 litres aussi, de 163 puis 177 ch sur la 520d). Le reste n’est qu’une litanie de cylindres, en diesel comme en essence. 6 en ligne essence (520i, 523i, 525i, 528i 530i et 535i, de 170 à 306 ch), 6 en ligne diesel (525d, 530d et 535d de 177 à 286 ch), V8 (540i, 545i et 550i de 306 à 367 ch) et enfin fabuleux V10 pour la M5 (5 litres et 507 ch).
Toutes les versions sont déclinables en break (E61), tandis que certaines peuvent recevoir une transmission intégrale (525iX, 530iX, 535iX, 525dX et 530dX). Avouez qu’un tel choix laisse rêveur. Avec autant de possibilités, un design devenu plus mature (avec notamment un petit restylage en 2007), et des moteurs performants, la série 5 E60 sera un succès : 1 369 817 exemplaires trouveront preneurs entre 2003 et 2010 (dont 263 426 versions E61). La version M5 à moteur V10 réussira même à se vendre à 20 548 exemplaires malgré son coût prohibitif ! Avec cette génération, la série 5 devient véritablement mondiale puisqu’elle sera construite en Allemagne, mais aussi en Chine, en Russie, en Inde, en Thaïlande, au Mexique, en Egypte et en Indonésie !
La fabuleuse E60 M5 à moteur V10 fera l’objet d’un article spécifique !Rappelez-vous, en 2002, Renault avait aussi tenté un design « différent » sur son haut de gamme Vel Satis (lire aussi : Renault Vel Satis), mais avec une offre moteur moins fournie (malgré l’apport de motorisations Nissan, notamment le V6 3,5 litres de 245 ch) : au final seuls 62 000 exemplaires seront vendus. N’est pas BMW qui veut ! Surtout, le style Bangle, bien que controversé, a su se diluer dans le paysage automobile plus facilement que le style Le Quément ! Pour preuve, le succès de la Série 1 ou de la Série 6 par la suite.
Etant donnée la décote des voitures haut de gamme en motorisation essence, on peut aujourd’hui trouver de belles E60/E61 à des prix relativement attractifs. Encore modernes, elles deviendront à coup sûr des collectors dans quelques années. Profitez qu’elles végètent dans les eaux troubles de l’occasion pour vous faire plaisir à moindre frais, tout en anticipant un regain d’intérêt pour ce modèle. C’est souvent en étant visionnaire qu’on fait des bonnes affaires ou qu’on démarre des collections !