BMW Série 3 E30 TC2 Baur : la voie de l’originalité
Tout au long de la précédente génération de Série 3, l’E21, jamais BMW n’envisagea un dérivé cabriolet, préférant laisser cette entreprise peu rentable (à l’époque) à un sous-traitant bien connu, le carrossier Baur. Avec le lancement fin 1982 de son héritière, l’E30, l’histoire semble se répéter : nul dérivé cabriolet ne semble au programme. Aussitôt, Baur se met au travail pour offrir sur le même modèle que l’E21 Baur TC une version découvrable de l’E30 dénommée, évidemment, TC2.
Baur, carrosserie fondée en 1910 à Stuttgart, travaille avec BMW depuis les années 1930, mais c’est à partir des années 1950 que la petite entreprise devient un sous-traitant de premier plan pour la firme de Munich. Avec les 501 et 502 Cabriolet, Baur se fait un nom, mais c’est avec la BMW 700 Cabriolet que l’entreprise commence à faire du volume (2 592 exemplaires produits entre 1961 et 1964). Dès lors, la carrosserie va devenir le partenaire du constructeur en réalisant, entre 1967 et 1975, près de 4 210 unités de la 2002 Cabrio, inaugurant son “style” qu’elle conservera jusqu’au bout par la suite : une voiture découvrable conservant l’encadrement des portes et disposant d’une sorte d’arceau permettant la rigidité de l’ensemble.
De la 2002 Cabrio à l’E30 TC2
Dans la foulée de la 2002 Cabrio, Baur va décliner le concept sur l’Opel Kadett (qui prend alors le nom de “Aero”) puis, bien entendu, sur l’E21 à partir de 1978. Dénommée TC (pour Top Cabrio, puisque l’appellation Targa appartenait à Porsche), la transformation est proposée sur l’ensemble de la gamme moteur, le tout garanti et distribué par le réseau BMW : une belle reconnaissance pour Baur qui, en outre, assurera la production de la BMW M1 pour palier Lamborghini. Entre 4 595 et 4 700 exemplaires (selon les sources) sortiront des ateliers de Stuttgart entre 1978 et 1982, avant de céder la place au modèle qui nous intéresse, la TC2 E30.
Comme pour la TC (désormais appelée, a posteriori et officieusement, TC1), la TC2 profite de l’absence de cabriolet dans la gamme E30 qui, à son lancement, n’est d’ailleurs disponible qu’en coach 2 portes (il faudra attendre l’année 1984 pour voir apparaître la berline 4 portes). Chez Baur, on se dit qu’il y a encore une fois la place pour une proposition découvrable. La TC2 reprend le même principe que celui de la 2002 Cabrio et de la TC1 : une sorte de version Targa conservant une certaine rigidité à l’ensemble tout en permettant de profiter de l’air !
Une large palette de motorisations
La BMW E30 TC2 sera disponible tout au long de sa carrière en motorisation 316 (90 chevaux), 316i (100), 318i (105 puis 113), 318iS (136), 320i (125 puis 129), 323i (139 puis 150), 325e (122), 325i et 325iX (170 toutes les deux). Une rumeur court sur l’existence d’un unique exemplaire sur base M3 qui reste à confirmer. La carrière de la TC semble bien engagée dès 1983, mais l’année 1986 voit certains espoirs disparaître : BMW lance cette année-là une version cabriolet de sa Série 3. Cette fois-ci, il s’agit d’un vrai cabriolet, avec une capote souple et permettant de découvrir intégralement les quatre places du véhicule. Ironie du sort, l’industrialisation de l’E30 Cabriolet permet d’obtenir un tarif bien plus raisonnable que les transformations quasi artisanales de Baur.
Le plus grand succès de Baur
Heureusement, la carrosserie conserve une clientèle fidèle qui lui permettra de continuer la production de la TC2 jusqu’en 1991, laissant sa place à une plus anecdotique TC4 sur base E36 quatre portes. Entre temps, pour tenter de combler le manque à gagner dû au lancement de l’E30 Cabriolet, Baur, au courant de ce lancement à venir, propose dès 1985 de produire une TC3 dérivée de l’E30 mais aux formes modernistes. BMW refusera cette interprétation mais offrira à son fidèle sous-traitant un lot de consolation : la production des carrosseries de l’étrange BMW Z1. En outre, Baur s’occupe de produire la fameuse Porsche 959 (entre 1985 et 1988).
La Baur TC3 sur base E30, qui ne verra jamais le jourEntre 1983 et 1991, Baur produira 10 865 exemplaires de la TC2 auxquels il faut ajouter 3 561 unités produites en Afrique du Sud). La plus courante hors Afrique du Sud est la 320i (2 538 exemplaires) suivie de près par la 318i (2 377). La plus rare s’avère être la “sportive” 318iS (97) suivie de la 325iX à transmission intégrale (114). En réalité, donc, la BMW E30 TC2 Baur n’est pas forcément rare (du moins en Allemagne qui restera son principal marché). Elle n’en reste pas moins une voiture très originale, bien plus décalée que sa cousine Cabriolet, tellement plus classique. Rouler cheveux au vent, voir les regards étonnés du voisin sur l’origine d’une telle transformation, se dire qu’elle a été construite aux côtés de la Porsche 959, autant de petits détails qui rendent cette automobile encore plus attachante.