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Volkswagen Polo Arlequin : quand VW se lâche et revisite son passé !

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 26/12/2014

Quand j’ai vu apparaître la Volkswagen Polo « Arlequin » en 1995, j’ai tout de suite pensé que les hommes du marketing, à Wolfsburg, engoncés dans leurs costumes gris anthracite, avaient abusé du LSD ou autres substances illicites. J’imagine le chef de la bande, arrivant décalqué et lançant à son assistance horrifiée : « j’ai une idée les gars… Pour doper les ventes de la Polo, on va en décliner une version Arlequin multicolore. Alors elle est pas bonne mon idée ? ». Mortifiés, mais lèche-culs, tous auraient opiné : « super chef ! ».

C’est vrai qu’en voyant cette Polo, série limitée à l’origine à 1 000 exemplaires, il était facile de se moquer. Pour offrir aux fidèles d’entre les fidèles de VW un modèle spécifique, la marque allemande tirait de son chapeau une Polo aux panneaux de carrosserie multicolores, donnant l’impression de se débarrasser de pièces commandées en trop grand nombre.

Les moqueries fusèrent à l’époque, chacun y allant de sa petite plaisanterie et dans des pays comme la France, cette série spéciale fut un échec, avec moins de dix exemplaires vendus. Cependant, l’idée n’était pas aussi fumeuse que je viens de la décrire. En réalité, cette série spéciale s’inspirait d’une publicité réalisée dans les années 60 par la filiale américaine de Volkswagen, vantant l’universalité des pièces de rechange de la Cox, se moquant au passage des marques américaines dont les modèles changeaient chaque année, rendant obsolète celui de l’année précédente !

Ce n’est donc pas la cocaïne qui avait fait disjoncter les cadres de VW. Il s’agissait d’une référence subtile au passé (qu’il aurait été intelligent d’expliciter un peu plus pour éviter les quolibets), et cela ne pouvait que me plaire. Encore fallait-il le savoir ! Bref, malgré l’opacité de sa genèse, la Polo Arlequin (en France), Harlekin (en Allemagne), ou Harlequin (en Grande Bretagne), sera un succès. Prévue pour une série limitée à 1000 exemplaires, elle sera in fine produite à 3 800 exemplaires, ce qui n’est pas si mal pour une « drôle » de bagnole pas vraiment passe-partout.

Mais Volkswagen est tellement content de son idée que l’affaire n’en restera pas là. En 1996, la filiale américaine décide de refaire le coup. Il faut dire que l’idée originelle venait d’elle (la pub Cox), et que les USA avaient été privés de la Polo Harlequins, car non importée là-bas. C’est une Golf GL qui s’y collera là-bas, mais reprenant le principe des panneaux de carrosserie multicolores. Seuls 275 exemplaires seront vendus, dont 107 sont recensés religieusement 18 ans après par « The Harlequins Registry ».

On aura beau rigoler sur les séries Arlequins/Harlequins/Harlekins, il s’agit désormais de collector, que les fans de VW s’arrachent à prix d’or. Comme quoi l’idée n’était pas si mauvaise !

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