Volkswagen Golf (part 1) : Wolfsburg et la Golf VII 2017
Un matin de novembre, descendre d’un avion qui vient d’atterrir sur une tarmac dont les bas côtés sont déjà recouverts de neige, dans une sorte de grisaille permanente qui semble raccord avec les immeubles alentours, sonne comme une punition… Bienvenue à Hanovre, une ville du Centre-Nord de l’Allemagne (la Basse Saxe pour être précis) que bien peu auraient pu situer sur une carte spontanément. Mais de punition, il n’en était pas question pour moi : j’allais découvrir Wolfsburg, et cela valait le coup de se lever tôt.
La cohorte de Transporter noirs aux vitres teintées, tous immatriculés WOB, vient nous exfiltrer rapidement, en direction du repaire du Loup, situé à 80 km. Filant à haute vitesse sur les parties « illimitées », entre 160 et 180 km/heure, notre file indienne semble fendre la circulation, qui s’écarte, comme intimidée par les « officiels » du siège… A Hanovre, les voitures étrangères se faisaient déjà rare, à Wolfsburg, c’est pire : il faut bien chercher pour trouver autre chose qu’une VW dans la rue, et si ce n’est pas le cas, il s’agira d’une Skoda, d’une Audi, ou d’une Seat. Pour être dans l’ambiance, au premier feu rouge de la ville après la sortie de l’autobahn, une Polo « stripée » en plaques provisoires placées sur le tableau de bord : « wellcome to Volkswagen Land » !
Ca date pas d’hier hein ! Mais ça garde ce côté « cathédrale »Wolfsburg ? Une bourgade de 123 000 habitants comme il en existe beaucoup en Allemagne (le tissu urbain est beaucoup plus développé qu’en France), qui semble entièrement dédiée à son entreprise phare, Volkswagen. Il faut dire qu’avant 1937, Wolfsburg est un village, qui prend le nom de KDF Stadt avec le lancement de la KDF Wagen (lire aussi : Volkswagen et le hoax des clés nazies), ou plutôt de ses prémices. La file des vans noirs s’engage dans l’usine, et il faut qu’une barrière se soit levée à notre passage pour qu’on s’aperçoive qu’on a quitté la ville pour rentrer dans l’usine… Bah oui, la VW Werke est une ville dans la ville, avec ses feux rouges, ses multiples bâtiments (parfois très hauts), son système ferroviaire, et même le canal adjacent avec le port qui va avec.
Je vous reparlerai de l’usine dans une prochaine « Histoire d’Usines », car ce qui nous occupe ce jeudi 10 novembre, c’est de parler de la Golf. A ceux qui s’interrogeraient de ma présence parmi cet aréopage de journalistes européens, je répondrai que la réponse tient en deux mots : « Wolfsburg » (nous y reviendront) et « Golf ». L’un est un temple de l’automobile, l’autre un symbole. On aime ou pas, mais il est difficile d’oser dire que la Golf ne mène pas le petit monde des « compactes » depuis 1974, initiant les modes, servant de repère à la concurrence (à tort ou à raison), devenue dès ses jeunes années la référence absolue (qu’on l’aime ou non!).
Il ne s’agissait que d’un restylage, mais la présentation ressemblait à celle d’un nouveau modèle. La Golf 7, parue en 2012, a encore un peu de temps devant elle (même si la durée de vie des modèles a tendance à se rétrécir, Golf I = 1974-1983, Golf VI = 2008-2012), mais il faut croire qu’aujourd’hui, pour VW, on fait feu de tout bois pour se montrer confiant en l’avenir. Après la présentation, en marge du salon de Paris, des « ambitions du groupe pour l’avenir » à la Fondation Louis Vuitton (Boîtier Rouge y était) et malgré l’aveu, dans le magazine Capital daté novembre, du PDG Matthias Müller, que la marque Volkswagen « était un peu malade » suite à l’affaire du Dieselgate, l’objectif est clairement affiché : la marque n’est pas morte, et continue de montrer son leadership sur le créneau essentiel des compactes. Dont acte !
l’évolution des 4 premières générationsConcernant la Golf 7 « phase 2 », les changements sont minimes, d’un point de vue cosmétique. Le plus flagrant restera la « nouvelle signature lumineuse » gâce à la magie des leds, ou des boucliers avant et arrière redessinés, et pourtant ça fonctionne. Lors du Mondial de l’Auto, j’ai eu la chance d’aller observer tous les modèles exposés en compagnie de Laurens Van der Acker, responsable du design de Renault. En passant chez Audi et Volkswagen, à ma question « n’as-tu pas peur qu’à trop tirer l’élastique, il se casse ?», il m’avait répondu : « tu sais, n’importe quel designer rêverait de voir et de continuer à dessiner des voitures qui plaisent, marchent, et continuent à faire autant de marge ». Difficile d’aller contre un tel raisonnement.
La « R Design » la GTI, la GTE, et la Break en version TDI (comme quoi !)Surtout qu’avec le scandale qui, tel une épée de Damoclès, risque de faire vaciller l’Empire, il faut rester sur ses fondamentaux. VW y répond (partiellement) avec cette Golf 2017, plus moderne d’aspect pour des coûts industriels faibles, tout en recevant les toutes dernières technologies du groupe : l’Active Info Display (les compteurs digitaux avec écran de 12,3 pouces) et le Discover Pro (l’écran de la console de 9,2 pources) qui peut « switcher » d’un mode à l’autre (enfin sous certaines conditions) d’un mouvement de la main devant l’écran. Aujourd’hui, ne cherchez pas : c’est la techno qui créé le plus-produit !
Certains diront que c’est bien dommage, et parfois je les rejoins. Mais l’électronique, quoi qu’on en dise, a envahit nos vies (PC, Tablettes, smartphones, machines à laver), pourquoi la rejeter sur une voiture moderne. Et croyez-moi, je ne suis pas addict à ces aides à la conduites, n’ayant pas de GPS dans ma vénérable Saab, et continuant à tourner la tête pour une simple marche arrière, malgré la caméra de recul… Réflexe !
Les fringues et les « appareils photo » ont changé depuis 1974 !Du dessin de Giugiaro initial, il ne reste plus grand chose si l’on met la Golf de 2017 à côté de la Golf 1974. Les journalistes aussi ont changé d’ailleurs (cf. photo ci dessus). Les clients aussi. Et les grincheux l’était déjà dans les 70’s ! Pourtant, l’évolution a été douce, lente, tranquille, au point qu’on finit par croire qu’une Golf succède à l’autre sans jamais vraiment changer. C’était particulièrement vrai pour les générations V, VI et VII. Mais on disait déjà la même chose entre la I et la II, la II et la III, la III et la IV, c’était juste moins flagrant ! L’homme est une éternel insatisfait.
La précédente « communication » tablait sur les 7 générations de Golf, l’actuelle sur Wolfsburg, au coeur de la matriceVoici donc la Golf 7bis, 7 ½ , 7 phase 2, 7S (pour ceux qui sont corporate), appelez-là comme vous voulez. Malgré les changements un peu légers pour certains, juste technologiques pour d’autres, elle marque le nouveau départ de VW : non la marque n’a pas dit son dernier mot. Certes, l’accent est mis sur les moteurs TSI plutôt que TDI, mais le message est là, dit haut et fort sous le building principal de l’usine de Wolfsburg : on est « toujours » dans la course !
A suivre :
- La Volkswagen Golf (part 2)
- Wolfsburg (Histoire d’usines: Petite histoire de l’usine de Wolfsburg)
Petit florilège de Golf(s), c’est cadeau :
- Golf I V8
- Golf I Cabriolet
- Golf I GTI 16s Oettinger
- Golf II Country: Golf Country et La Golf Country de Marcus
- Golf G60 Limited
- Golf II Rallye
- Golf III VR6
- Golf IV R32
Images: Paul Clément-Collin, Times, DR, et Volkswagen AG