Talbot Horizon Groupe B : fleur de Lotus
Ah le Groupe B… Cette catégorie qui a offert tant de voitures aux performances ahurissantes. Est-il encore besoin de revenir sur l’Audi Quattro Sport (lire aussi : Audi Quattro Sport) ou la 205 Turbo 16 (lire aussi : Peugeot 205 Turbo 16) ? Bien évidemment non, mais penchons-nous sur un développement avorté, non pas à cause de la fin prématurée de la catégorie, mais à cause la concurrence interne : la Talbot Horizon (lire aussi : Talbot Horizon).
Revenons à la fin des années 70, après le rachat de Chrysler Europe. Il faut dynamiser la nouvelle marque du groupe. Et comme Renault le fait depuis quelques temps avec Alpine, rien de mieux que de promouvoir la nouvelle marque en compétition. C’est ainsi que Talbot se retrouve en Formule 1 avec Ligier et surtout, en rallye, en engageant la Talbot Sunbeam-Lotus (lire aussi : Talbot Sunbeam Lotus).
La Sunbeam Lotus, qui fit rêver bien des ados de l’époqueToutefois, la Sunbeam-Lotus devait tirer sa révérence à la fin de la saison 1981. L’usine de Linwood en Ecosse coûtait une blinde à faire fonctionner, et avant même l’ère Chrysler, le groupe Rootes y avait déjà laissé des plumes afin d’y produire l’Hillman Imp (lire aussi : Hillman Imp Zagato). Décision fut donc prise de la fermer à la fin de l’année 1981, faisant disparaître en même temps la Sunbeam du catalogue, puisque c’était son seul point de production. La direction de Talbot envisageait donc de la remplacer, et quoi de mieux pour cela que l’Horizon qui était vendue à travers l’Europe ?
A la tête du développement, on retrouve Desmond (plus couramment appelé Des) O’dell. L’homme n’en est pas vraiment à ses débuts, puisqu’il avait fait parti, excusez du peu, de l’équipe qui avait développé la Ford GT40. Il avait rejoint Hillman dans les années 60 et était resté présent malgré les différents changements de propriétaires. Ainsi, ce fut lui qui lança les négociations avec Lotus afin de développer la Sunbeam de compétition. Et puisque ça avait marché une fois, autant recommencer. Il se tourna une nouvelle fois vers Lotus, afin de développer une voiture capable de concurrencer la toute récente Renault 5 Turbo.
Exit donc la traction moteur avant, pour laisser place à une architecture à moteur central, tout en conservant la carrosserie 5 portes de l’Horizon, afin de la rendre immédiatement reconnaissable. Il reprend ainsi le bloc 2.2 et la boite de vitesse de la Lotus Esprit (soit une modification un peu moins extrême que pour la Visa, développée en parallèle par Lotus, elle aussi, lire : Citroën Visa Lotus). Cependant, face à la montée en puissance (au sens propre du terme) de la concurrence, Des O’Dell fera évoluer son premier prototype, en passant du bloc atmosphérique au bloc Turbo de l’Esprit, poussé aux alentours de 300 chevaux.
Et il faut reconnaitre que Peugeot-Talbot Sport aurait eu une sacrée gueule en rallye, entre la 305 (lire aussi : Peugeot 305 V6 Rallye) prévue pour les rallyes africains et les rallyes marathons et l’Horizon pour les épreuves de sprint. Hélas, trois fois hélas, l’arrivée des Audi Quattro en compétition, ainsi que la nécessité absolue de voir la 205 réussir commercialement, sonnèrent le glas des deux projets, pour laisser la place à la 205 Turbo 16.
Texte: Pierre Sumy