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Ssangyong Musso : Rhinocéros au coeur allemand !

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 08/09/2022

Oui je sais, après l’article sur la Daewoo Nexia Le Juste Prix, vous allez penser que je suis dans ma période coréenne… Ce n’était pas dans mes plans de parler dans la foulée du Ssangyong Musso, mais puisque ce 4×4 s’était aussi appelé Daewoo (propriétaire de Ssangyong de 1997 à 2000), forcément, je suis allé ce matin me rafraîchir la mémoire. En tombant sur la page wikipedia de la bête (en anglais comme en allemand), quelle ne fut pas ma surprise de voir que la légende d’un Musso badgé Mercedes continuait d’être propagée sur des sites dits sérieux. J’ai donc décidé de parler plus tôt que prévu de ce grand 4×4 coréen qui connût un certain succès sous différents blasons, mais pas celui à l’étoile.

Ssangyong Musso roulant dans l'eau

Je vous passerai les détails de l’histoire première de Ssangyong, fruit du rapprochement de deux constructeurs coréens devenu Dong-A Motors en 1977, puis racheté par le conglomérat (chaebol) Ssangyong Corporation, présent dans un sacré paquet de secteurs économiques, en 1986. L’entreprise, rebaptisée Ssangyong Motors, est alors spécialisée dans la production d’une évolution de la Jeep, le Korando. Les nouveaux propriétaires ont un peu plus d’ambition et rachètent à leur compatriote Young Kim la marque Panther, créée par Robert Jankel (lire aussi : Panther/Ssangyong Kallista) en 1988. Ainsi, la Ssangyong Kallista et l’éphémère Solo (lire aussi : Panther/Ssangyong Solo) rejoindront la gamme aux côté du Korando.

Photo catalogue de la Ssangyong Musso

Les coréens ont pour ambition de faire de Ssangyong une marque plutôt haut de gamme, et signent en 1991 un partenariat technologique avec Mercedes Benz pour la fournitures de moteurs, de transmissions voire de plate-forme complète (notamment en 1997, avec la Chairman, totalement construite sur la base d’une W124, mais c’est une autre histoire). Le premier modèle à bénéficier de la technologie Mercedes sera un grand 4×4 plutôt habile en tout terrain, équipé bien entendu de moteurs Mercedes : deux L6 en essence, un 2.8 litres M104 de 193 ch et un 3.2 M104 de 220 ch, et côté diesel, un 4 cylindres OM601 2.3 litres et un 5 cylindres OM603, tous deux turbo-diesel, de 101 et 120 chevaux.

Ssangyong Musso bordeaux dans les montagnes

Le style est particulier, mais comparé à ce que produira Ssangyong dans les années 2000, le Musso (Rhinocéros en coréen) n’est pas si moche que cela, juste un peu pataud. Cela ne l’empêchera pas de rencontrer un certain succès dans son pays natal (moins en Europe il est vrai). En 1997, Daewoo rachète Ssangyong en grande difficulté financière, et lancera sa version du Musso en 1998 (en même temps que la version restylée), toujours avec les moteurs Mercedes. Daewoo revendra Ssangyong à des chinois en 2000, mais continuera à distribuer sous sa marque le Musso jusqu’en 2002.

Daewoo Musso, produit entre 1998 et 2002Daewoo Musso, produit entre 1998 et 2002

Le Musso est rapidement international puisque en 1997, il est assemblé au Vietnam par Mékong Motors (qui assemble aussi des Pyeonghwa nord-coréennes. A partir de 2003, il sera aussi produit en Iran par Morattab Khodro. Il finit sa carrière en 2005 en Corée comme au Vietnam, et en 2006 en Iran, avant que TagAz n’en reprenne la fabrication de 2008 à 2011 à 3 350 exemplaires (lire aussi : TagAz Aquila).

TagAz Road Partner, produit de 2008 à 2011 en Russie !TagAz Road Partner, produit de 2008 à 2011 en Russie ! TagAz Road Partner de dos

Notez aussi qu’une version appelée Musso Sports fut proposée (mais jamais importée en France) : il s’agissait d’une version pick-up double cabine de luxe qui rencontra un certain succès en Australie ou en Thailande notamment. A noter aussi que quelques exemplaires du Musso équipèrent la police anglaise, mais aussi néerlandaise !

Musso de la Police Anglaise

Voilà pour la carrière du Musso, gros pachyderme coréen qui tenta de se faire une place au soleil en misant sur la qualité Mercedes. Mais alors, d’où vient cette légende d’un Musso badgé de l’étoile. Convenons que le Musso est en grande partie basée sur la technologie du constructeur de Stuttgart : il avait d’ailleurs contractuellement le droit de mettre le logo « powered by Mercedes » à l’arrière. En fait la confusion vient de deux informations différentes. La première, c’est que le Musso, conservant son badge coréen, sera vendu sur certains marché par le réseau Mercedes. Ce sera le cas en Australie jusqu’au rachat par Daewoo, qui en reprendra la distribution. La deuxième ensuite, c’est qu’en Asie, et notamment aux Philippines, certains « dealers » indépendants n’hésitèrent pas à rebadger illégalement le Musso de l’étoile afin de mieux le vendre. Enfin, certains propriétaires désireux de paraître plus riches qu’ils ne l’étaient, et jouant sur l’origine de leur 4×4, prirent aussi parfois cette liberté. Voilà pourquoi certaines photos de Musso badgés Mercedes se trouvent sur le net !

Le Musso sera légèrement retouché (surtout la face avant) en 1998 !Le Musso sera légèrement retouché (surtout la face avant) en 1998 !

Quoi qu’il en soit, Mercedes n’aura été qu’un partenaire technique (et parfois commercial, comme on l’a vu), mais en aucun cas le partenariat n’incluait la vente de Musso sous le logo allemand. Au contraire, Ssangyong cherchait véritablement à créer sa propre image, et si elle s’appuyait sur la fiabilité et l’image de Mercedes, il s’agissait plutôt d’un pied à l’étrier ! Ssangyong fera d’ailleurs tout pour se différencier, lançant des Korando, Actyon, Rexton, Rodius aux styles étranges, voire étonnants. Aujourd’hui propriété de Mahindra & Mahindra, la marque coréenne semble revenue dans le droit chemin du design, avec un Tivoli relativement réussi.

L'intérieur luxueux des versions 3.2 SEL !L’intérieur luxueux des versions du Musso !

En tout cas, le Musso est une occasion intéressante à saisir dans une optique de collection originale et bon marché ou comme daily driver : des 6 cylindres Mercedes, une belle habitabilité, des aptitudes tout terrain, un équipement souvent généreux (tout est de série ou presque, notamment en version 3.2). En 1999, les prix commençaient à 139 000 F (Musso 2.3 TD) pour terminer avec le grand luxe à 249 000 F (Musso 3.2 SEL) ; aujourd’hui, ils végètent dans les limbes de l’occasion, alors faites-vous plaisir !

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