Simca 5: la "topolino" française !
En prenant mon train ce matin à 6h49, je pestais contre les grèves m’obligeant à me lever de si bon matin et à glandouiller au Stop Cluny, café heureusement tenu par un vieil ami de quartier m’offrant wifi et accueil familial. Inévitablement, dans un demi sommeil, je pensais aux diverses grèves ayant perturbé des lancements d’automobiles. C’est ainsi que je repensais à la Simca 5, clone français de la Fiat 500 « Topolino » première du nom.
Rappelez-vous, dans les années 30, la Safaf devenue Simca est la façade française de la puissante Fiat italienne, dirigée par le génial Henri Pigozzi (lire aussi : Henri Pigozzi, l’âme de Simca). Après avoir importé des Fiat, puis racheté l’usine Donnet à Nanterre, la nouvelle entité s’apprête à produire des versions françaises des petites automobiles italiennes sous la marque Simca-Fiat. Si les capitaux sont français, le commanditaire est bien le géant de Turin, et Simca prend une place importante dans le dispositif mis en place pour conquérir le marché européen.
Fiat mise sur une petite voiture destinée à motoriser l’Italie et l’Europe Occidentale, la 500 (rappelant à l’arrondi près sa cylindrée de 569 cm3) : deux portes, toit toile, 4 cylindres et 12 petits chevaux pour un poids de 560 kg permettant d’atteindre les 90 km/h avec deux personnes à son bord. En somme les balbutiements du créneau des citadines et des petites voitures qui verra ensuite l’apparition de best-sellers comme la Volkswagen Cox (lire aussi : les origines de la VW Cox et le hoax des clés nazies), la Renault 4CV, la Citroën 2CV, la Fiat 500 (2ème du nom) et la Mini britannique.
Conçue à Turin, la Simca 5 (son nom français) est présentée avant sa sœur italienne le 10 mars 1936, presque 3 mois avant la 500 ! Mais le licenciement d’ouvriers de chez l’avionneur Bréguet ayant refusé de travailler le 1er mai avait mis le feu au poudre dans toute l’industrie française. La grève était déclarée et les ouvriers de Simca, par solidarité, plantèrent le piquet, reportant de facto le lancement de la petite Simca 5. La Fiat 500 sera finalement lancée peu de temps après sa présentation italienne le 11 juin, devançant sa sœur française !
La Simca 5 sera produite en France de 1936 à 1948 à 46 472 exemplaires puis à 16 000 environ en version Simca 6 (modèle dérivé de la 500 type C 48-49), bien moins que la Fiat 500 (519 847 voitures de 1936 à 1955). La 500 fut d’ailleurs aussi fabriquée en Allemagne par Neckar (16 064 unités). Pour la petite histoire, cette 500 italienne venait d’un désir de Mussolini, le maître fasciste de l’Italie, de doter son pays d’une petite voiture destinée au peuple, désir réalisé par la Fiat. Cet exemple inspira, dit-on, Adolf Hitler qui lança son projet de KdFWagen sur le même principe, donnant naissance à la Cox.
Si la Simca 5 peut être considérée comme la première petite voiture française de grande diffusion, elle n’eut cependant pas de descendance directe. Il faudra alors attendre 1961 pour voir apparaître dans la gamme la 1000, qui remplacera rapidement dans les cœurs la 5 datée et handicapée dans sa production par la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui, la 5 est forcément plus rare que la 500, mais elle aura l’avantage pour les chauvins que nous sommes parfois de porter un blason français. Elle restera aussi dans les mémoires comme la dernière Simca directement dérivée d’un modèle italien. Sous l’impulsion de Pigozzi, la marque va prendre de plus en plus de distance avec la maison-mère italienne, avec pour preuve l’Aronde ! Alors si ce petit morceau d’histoire automobile vous intéresse, laissez-vous tenter par le charme des années 30 et son petit parfum de Front Populaire !