Saab Saabo : les joies du camping façon "sixties" !
Ah les années 60 !! Toute l’Europe bénéficie de cette croissance économique post-guerre que l’on appellera ultérieurement « les 30 glorieuses ». Que ce soit en France, en Allemagne ou ailleurs, l’heure est au travail pour tous, mais aussi à la joie de vivre pendant les congés payés, surtout dans des pays comme la France ou la Suède, où l’Etat providence redistribue et encadre la durée du travail. Dans ces années 60, alors que le rock n’roll débarque, et les suédois comme les autres européens profitent de cette croissance pour se motoriser, achetant des Volvo comme des Saab, mais profitent aussi des joies des vacances et du camping au grand air.
Au début des années 60, le constructeur suédois Saab fait toujours partie d’un conglomérat fabriquant des avions comme des automobiles. Ce sont aux ingénieurs de la partie aéronautique que l’on doit cette drôle de petite caravane dénommée Saabo. Malgré la croissance bien présente, les ventes en hausse de Saab 96, héritière des 92 (lire aussi : Saab 92) et 93 (lire aussi : Saab 93F), et les succès aéronautiques, Saab cherche toujours à diversifier ses production et finira par accepter ce drôle de projet.
Bo Bjernekull et Birger Lindberg sont des ingénieurs de chez Saab qui se retrouvent réunis autour d’un projet d’Hovercraft dénommé MEFAN, qui donnera naissance au Saab 401, unique exemplaire du genre. Si ce projet sera mort-né, les deux ingénieurs, eux, vont travailler sur leurs heures de loisir à un tout autre projet : celui d’une petite caravane suffisamment légère pour contourner la loi limitant la vitesse de traction « sauf pour les remorques légères ». L’idée lumineuse de nos compères sera donc d’offrir un produit pouvant être tracté facilement par une Saab 96 de 38 chevaux seulement, et ce sans restriction de vitesse.
C’est dans les hangars de Saab Aéronautique où étaient fabriqués sous licence française de Sud Est Aviotion (SNCASE) des hélicoptères Alouettes II que nos ingénieux ingénieurs vont fabriquer leur maquette au 1/10ème. Etrange mélange des genre ! Le projet passe alors devant la commission de diversification de Saab, qui l’approuve et valide le passage à la production, permettant ainsi d’offrir un vrai produit de loisir à chaque conducteur de Saab !
Un premier prototype sera fabriqué aux chantiers navals de Fisksätra, puis un modèle de pré-production : il s’agit en fait de deux coques en polyester collée l’une sur l’autre, offrant suffisamment d’espace pour dormir à quatre (voire 5 avec une banquette optionnelle), déjeuner (grâce à des banquettes, une table pliante et une bonbonne de gaz), tout en restant dans un poids très contenu (seulement 230 kilos).
Les Saabo sont devenues aujourd’hui des objets de collection !La Saabo sera construite de 1964 à 1968, à seulement 438 exemplaires. Autant dire qu’elle est extrêmement rare aujourd’hui, et que les collectionneurs se l’arrachent pour compléter leur collection de Saab d’époque. Pour en profiter, il suffit aujourd’hui d’équiper sa Saab (ou toute autre voiture, mais tant qu’à faire, autant rester authentique) d’un attelage de remorque (on trouvera son bonheur sur ce site) et de trouver la perle rare ! Dès lors, à vous les joies des escapades « comme à l’époque ».
Malgré le relatif insuccès de la petite caravane Saabo, cette première incursion dans le domaine des loisirs donnera des idées à d’autres. C’est ainsi que dans les années 70, la société Scando imaginera un système de « caravane portée » appelé Toppola et adapté à la Saab 99 puis aux Saab 900, 900 NG, 9000 et 9-3, ainsi qu’aux Ford Sierra. La production durera jusqu’en 2006, et les produits Toppola sont, au même titre que les Saabo, des objets de collection eux-aussi (dans une moindre mesure).
Le système Toppola de ScandoIl vous sera sûrement plus facile de trouver un kit Toppola qu’une Saabo beaucoup plus rare, mais le jeu peut en valoir la chandelle : quelle joie de re-vivre alors l’insouciance des sixties et les joies du camping sauvage, en écoutant sur un tourne-disque portatif Johnny Halliday, Françoise Hardy, Jacques Dutronc ou Antoine !