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Saab 900 Classic : la voiture de ceux qui savent

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 21/07/2022

Certains constructeurs possèdent une telle identité qu’un seul modèle peut à lui seul influencer des générations d’amateurs d’automobiles décalées. C’est le cas de Saab qui, patiemment, a construit sa réputation depuis l’Ursaab d’après-guerre jusqu’à ces années 80 et son chef-d’œuvre ultime : la 900. Par petites touches, modèle après modèle, Saab a réussi à imposer sa différence, sans grands moyens mais avec patience et compétence. Aussi étrange que cela puisse paraître, la 900 dite Classic ou OG (par opposition à la NG sortie en 1994) n’est pas une voiture totalement nouvelle à sa sortie mais elle améliore l’existant pour devenir, en un peu plus d’une décennie, une icône suédoise aux côtés de sa rivale et compatriote, la Volvo 240.

Comment devient-on amoureux de la Saab 900 ? Tout simplement en aimant la différence. Lorsque le quidam lorgne sur une BMW Série 3 E30, l’iconoclaste rêve d’une Suédoise au physique spécial. Il aime se démarquer, il aime qu’on le regarde avec curiosité. Rouler en Saab c’est choisir un autre chemin, celui de l’originalité. “Elle n’est pas vraiment belle, c’est mieux, elle est faite pour moi” : ces paroles du groupe Il était une fois s’appliquent parfaitement à la 900 qui se présente pour la première fois comme un étrange objet, mais qui se transforme en princesse à force de la regarder, d’observer ses lignes. Aimer la 900 se mérite et se cultive.

Le succès dans la continuité

Lancée en 1978, la 900 n’est pas vraiment une nouveauté. Elle succède à la 99 lancée en 1968 et dont elle reprend beaucoup. Son châssis d’abord, rallongé pour la rendre plus statutaire (la 99 évoluant en 90, qui servira de lien entre la “grande” 900 et la “petite” 600, une Lancia Delta façon Rollmops), son moteur dérivé d’un 2 litres Triumph et son design particulier mais modernisé puis, sans doute, embourgeoisé par Björn Envall. Si la 99 avait rencontré un succès d’estime, notamment en utilisant habilement le turbo pour booster son moteur (et se faire de la publicité à moindres frais), avec 588 643 exemplaires vendus, la 900, elle, deviendra mythique, preuve qu’il suffit parfois de peu de choses pour transformer une honnête voiture en best-seller (à l’échelle de Saab en tout cas). En tout, 908 810 unités de la Saab 900 trouveront preneurs entre 1978 et 1994.

La Saab 900 représente bien son époque, celle, bénie, où les berlines étaient le fer de lance de toute marque qui se respecte. Elle se déclinait en coupé 3 portes, berline “sedan” 4 portes et berline 5 portes, sans jamais oser lancer un break, sans doute par peur d’attaquer trop frontalement son compatriote Volvo qui s’en était fait une spécialité. Il y eut bien quelques tentatives, comme la rarissime 900 Safari, sans pour autant être déclinée en série. En revanche, sur la demande de Saab USA, ont eut la riche idée d’en dériver un cabriolet (produit en Finlande chez Valmet) qui deviendra rapidement le summum de la classe sur les côtes Est comme Ouest des États-Unis, ou en Angleterre, friande de voitures décapsulées malgré son climat légendaire (ou grâce à lui ?).

Au fil des ans, la 900 allait devenir la voiture “de ceux qui savent”, des professions libérales (médecins, avocats, architectes) ou intellectuelles supérieures (professeurs d’université, éditeurs, journalistes ou écrivains). Loin de l’ostentation des Allemandes ou de la furia des Italiennes, la Saab 900 jouait sur un autre tableau. Généralement très bien équipée, elle ne sombrait pas dans le luxe mais plutôt dans le bon goût, la sobriété confortable d’un intérieur bourgeois. Malgré ses moteurs turbo relativement puissants pour l’époque, elle ne se présentait jamais comme une pure sportive mais proposait suffisamment pour une conduite dynamique. Simple traction, elle ne cherchait pas à en imposer, mais plutôt à offrir le bon compromis. En fait, avec ses petites spécificités (comme le contact entre les deux sièges), elle s’imposait comme une voiture de connaisseur. En outre, elle possédait un avantage certain : une solidité et une qualité toutes scandinaves.

Saab, c’est bien

Certes, son moteur dérivé d’un vieux Triumph n’offrait pas la noblesse mécanique de la concurrence, mais ce défaut devenait vite une qualité : fiabilité, robustesse, permettant aujourd’hui aux 900 d’afficher des kilométrages conséquents (souvent plus de 300 000 kilomètres) sans que cela n’effraie l’acheteur averti. Une Saab 900 est une voiture qui roule, généralement bien entretenue par son propriétaire (souvent fanatique de la marque et particulièrement soigneux) et qui peut continuer à vivre une vie de tous les jours même après 30 ou 40 années de bons et loyaux services.

Allez, il est temps de se mettre à Saab en général et à la 900 en particulier. Et si les 900 OG voient leur cote grimper (surtout en cabriolet ou en Turbo haute pression, boîtier noir ou rouge), sachez que même après le rachat de 50 % (en 1989) puis de 100 % dix ans plus tard du capital par GM, les modèles suivants ont eux aussi un charme fou : 900 NG, 9-3 OG ou NG, sans parler des berlines plus haut de gamme comme la 9000, la 9-5 OG ou la rarissime 9-5 NG. Enfin, pour ceux qui veulent de l’exotisme en plus, il existe un tas de raretés parues au fil des ans dans la gamme (9-2X, une Subaru Impreza rebadgée, 9-7X ou bien 9-4X, pour ceux qui aiment les SUV).





Texte : PAUL CLÉMENT-COLLIN

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