Renault 19 Cabriolet : une occasion à saisir !
Lorsque l’été arrive, mes envies de cabriolet reviennent aussi. Bien sûr, ma tendance au Griffon me pousserait sans doute à favoriser une Saab 900 Cabriolet (lire aussi : Saab 900 Cabriolet), mais ces bestioles commencent à coûter les yeux de la tête. Alors la raison me pousse à regarder des voitures plus abordables, tout en gardant des lignes agréables et n’ayant pas cédé aux sirènes du toit en dur rétractable.
Justement, dans la catégorie des cabriolets ultra-abordables en ce moment, on trouve la Renault 19. Sortie en 1991, elle renouait avec la tradition d’un modèle découvrable abandonnée chez Renault avec la disparition de la vénérable Caravelle (si l’on excepte la Renault Alliance Cabriolet jamais diffusée chez nous officiellement : lire aussi Renault Alliance). Ce retour aux sources était une vraie révolution. D’abord parce que la 19 représentait un vrai bon en avant qualitatif pour Renault, qui enfin présentait une berline s’approchant des standards allemands (elle se vendit d’ailleurs très bien outre Rhin). Ensuite parce que le Cabriolet présentait une ligne gracieuse qui se passait d’arceau, ce qui était rare dans la catégorie des cabriolets compacts.
A cette époque, les cabriolets sont pour les marques des outils d’image, et le marché n’était pas si développé que maintenant. Renault savait très bien que les volumes produits seraient relativement faibles, et les constructeurs ne savaient pas à l’époque gérer les petites séries. C’est donc à un sous-traitant que sera confiée la production de la Renault 19 Cabriolet. En cette fin des années 80 et au début des années 90, Renault était obsédée par l’Allemagne, son marché, ses standards de qualité, ses sous-traitants, et c’est au pays des saucisses et de la bière que la marque fera produire son cabriolet, chez Karmann !
Le choix de Karmann n’était pas anodin. C’était déjà le carrossier d’Osnabrück qui fabriquait la Golf Cabriolet, et ses longues années de relation avec Volkswagen étaient pour Renault un gage de qualité et un message envoyé aux clients. La construction par Karmann de la R19 Cabriolet entamera le début d’une longue relation avec Renault, puisque le carrossier allemand produira ensuite la Mégane Cabriolet, puis les toits en dur de la Mégane CC. Malheureusement, les nouvelles capacités des constructeurs, dans les années 2000, à produire des petites séries, entraînera la chute de ces petits constructeurs indépendants et sous-traitant. Karmann devra cesser ses activités en 2010, mais ça, c’est une autre histoire.
La Renault 19 Cabriolet sort donc des chaînes de Karmann pour le millésime 1991 ! Au départ, deux moteurs sont proposés, le 1,7 litres à injection de 107 ch en entrée de gamme, et le 1,8 litres 16 soupapes de 140 ch pour la version 16S. Immédiatement, la R19 découvrable rencontre son public, grâce notamment à sa ligne fluide et sportive renforcée par son double bossage arrière recouvrant la capote, à ses 4 places et à ses moteurs performants. En 1993, le cabriolet reçoit lui aussi le restyling de la berline, gagnant un peu plus en modernité, tandis que de nouveaux moteurs sont proposés. Exit le 1,7 litres, et « wellcome » au 1,8 litres 8 soupapes décliné en version 90, 95 et 110 ch. Le 16 soupapes lui passe à 137 ch.
Tout semble aller pour le mieux pour le cabriolet Renault, lorsqu’en 1994, c’est le drame : Peugeot sort sa 306 cabriolet, elle aussi sans arceau, dessinée (et fabriquée) chez Pininfarina, qui ringardise d’un seul coup la R19 Cabriolet (lire aussi : Peugeot 306 Cabriolet). Le succès de la Lionne est fulgurant, et réduit la 19 au rôle de figurant sur le marché du cabriolet, après avoir contribué à relancer le créneau. Elle restera cependant au catalogue jusqu’en 1997, multipliant les séries spéciales et sans modifications particulières. Elle sera remplacée par la Mégane I Cabriolet.
La Mégane I cabriolet, construite elle aussi chez Karmann, prendra la relève en 1997En tout, ce sont 29 222 exemplaires qui sortiront des chaînes (à comparer aux 77 500 exemplaires de la 306 Cabriolet, ou des 74 096 exemplaires de la Mégane I Cabriolet), surtout dans les premières années. On en trouve encore beaucoup en occasion, même si de nombreux exemplaires ont subi les outrages du temps ou du tuning sauvage. Pas assez décalée aux yeux de certains collectionneurs ou amateurs de youngtimers, pas assez sexy pour séduire en masse les acheteurs d’occasions (elle subit là aussi la concurrence de la 306, mais aussi les tarifs bas des nombreux CC à vendre), elle végète à des tarifs très bas dans les méandres du Bon Coin (comptez 2000 euros pour un exemplaire en bon état, un peu plus si c’est une 16S). A ce prix là, il serait dommage de se priver d’un excellent cabriolet, qui je n’en doute pas trouvera un jour sa place parmi les collectors. D’autant que la capote en toile (malheureusement pas électrique sur les R19) revient en force aujourd’hui !