Quand Mercedes s'installait aux USA grâce à Studebaker !
Les journées se suivent et ne se ressemblent pas pour Boîtier Rouge. Avec une fin de mois sur les chapeaux de roues, difficile de tenir un rythme de longs articles fouillés qui demandent plus de préparation. Ce n’est pas pour cela que je vais vous priver de petites informations, fussent-elles courtes.
A propos d’histoire courte, en voici une que j’ai découverte récemment… Aujourd’hui, on n’imaginerait pas la puissante entreprise Daimler-Benz et sa marque phare Mercedes sans un ancrage solide aux Etats-Unis, un marché friand de puissantes et luxueuses berlines. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Dans les années 50, la marque allemande, renaissante, éblouissait le monde avec sa 300 SL W198 dite « Gullwing », mais n’avait pas encore la superbe d’aujourd’hui.
Aussi, c’est avec des partenaires que Mercedes comptait conquérir l’Amérique. Dans la première moitié des années 50, c’est l’homme d’affaire Max Hoffman qui importait la marque à l’étoile, aux côtés de Volkswagen (jusqu’en 1953), de Porsche, ou Alfa Romeo. C’est d’ailleurs à Hoffman que l’on doit la suggestion de construite une version de route de la W194. Il sera aussi à l’origine de la Porsche 356 Speedster, autant dire que c’était quelqu’un qui comptait, et qui avait des idées bien arrêtées.
Pourtant, Mercedes désirait voir ses ventes augmenter significativement aux Etats-Unis, et pas seulement sur le marché de niche des sportives, et disposer d’un plus réseau de vente. Le hasard mit alors en relation, par le biais de l’avionneur Curtis-Wright, Mercedes-Benz et Studebaker-Packard, le 5ème constructeur américain (à l’époque). Curtis-Wright travaillait d’un côté avec l’allemand, et de l’autre avait sauvé l’américain de la faillit en 1956 grâce à un accord de gestion (qui durera jusqu’en 1959). Par cet intermédiaire, les deux constructeurs automobiles virent leur intérêt : pour Mercedes, c’était l’occasion d’accéder à un réseau de dealers largement plus gros que celui d’Hoffman, tandis que Stubebaker Pakard voyait là l’occasion de motiver son réseau et de trouver de nouvelles sources de revenus. L’accord sera donc signé entre les deux firmes en 1957.
Une filiale de Stubebaker-Packard fut dont créée, Mercedes-Benz Sales Inc, sise à Soutbend dans l’Indiana. Outre Mercedes, cette filiale distribuerait aussi DKW au pays de l’Oncle Sam, au travers de 320 dealers (dont un peu plus de 150 « Studebaker-Mercedes », et une vingtaine exclusivement Mercedes). Pour Stubebaker, cet accord tombait à pic puisque la marque Packard venait d’être abandonnée.
Stubebaker fit en tout cas de son mieux pour installer la marque allemande sur le sol américain, sans pour autant arriver à se dépêtrer de ses propres difficultés. Mercedes racheta donc les droits de distributions à Studebaker en 1964 pour 3,5 millions de dollars, et forma alors Mecedes-Benz North America. Entre temps, la marque avait pris de l’ampleur, vendant 12 117 voitures en 1965. Voilà comment Mercedes-Benz s’installa durablement aux Etats-Unis : grâce à Stubebaker ! Une marque décidement très « german friendly » puisqu’elle faillit se relancer grâce à Porsche, mais cela, c’est une autre histoire que je vous raconterai plus tard !