Peugeot 1007 : pas vraiment James Bond !
« La Peugeot 1007 est le projet le plus innovant que Peugeot ait jamais lancé » confiait en 2005 Olivier Marquet, responsable produits et communication au marketing France de Peugeot, au magazine Stratégie. Preuve s’il en est qu’on y croyait à fond chez Peugeot au moment de lancer la nouvelle petite citadine qui inaugurait, en plus, le double 0 central, qui caractérise aujourd’hui les modèles « monospaces » ou « SUV » (2008, 3008, 4008, 5008). Pourtant, l’enthousiasme des débuts tombera comme un soufflet devant les premiers chiffres de vente.
Deux ans plus tard, Peugeot décide d’innover un peu plus encore, en vendant sa petite 1007 sur le site Ventes-privées.com ! Un coup de pub en forme de cache-misère : il faut écouler les stocks et grâce à cette vente flash moderne et marketée, on se débarrasse de 96 exemplaires. « C’est une belle façon de faire découvrir la 1007 au plus grand nombre » explique alors Paul Sevin, directeur du commerce France de Peugeot, en éludant les problèmes. Peu importe si le réseau grince des dents, il faut sauver le soldat 1007 !
Il faut dire que les objectifs de 100 000 exemplaires par an ne seront jamais atteints puisque la 1007 ne sera produite entre 2005 et 2009 qu’à 124 100 exemplaires. Pire, la fin sera bien laborieuse, avec 10 400 exemplaires fabriqués en 2008, et 3100 en 2009. Il était temps que cela s’arrête ! A la clé, une énorme perte financière qui explique (en partie seulement) les difficultés dans lesquelles se trouve PSA à l’orée des années 2010.
Comment expliquer que la 1007, pourtant reine du crash test (l’une de ses rares qualités), ait explosé en plein vol, elle qui était promise à une carrière fantastique ? Comme d’habitude : une succession d’erreurs rendant la voiture quasiment invendable. L’idée d’adapter la formule « monospace » à une petite citadine partait d’une bonne intention. Lui offrir des portes latérales coulissantes aussi. Mais c’était oublier le surpoids d’un tel mécanisme réalisé par l’équipementier Delphi, faisant passer la 1007, pourtant basée sur une plate-forme de 206, à 1400 kg tout de même. Autant dire que les petits 1.4 HDI de 70 ch et 1.4 essence de 75 chevaux étaient bien à la peine pour cette petite voiture, au demeurant pas si agile que cela dans la jungle urbaine. Heureusement que Peugeot proposait aussi les 1.6 16v ou HDI de 110 ch chacun, tout juste suffisants. Et rectifiera le tir en offrant le 1.4 16v essence de 90 ch en entrée de gamme à partir d’avril 2006.
Autre écueil, et non des moindres : le prix du 1007. Avec une entrée de gamme (sous-motorisée, on l’a vu) à 14 000 euros, on s’approche de la luxueuse citadine sans en avoir les attraits. Malgré les possibilités de « déco » intérieure changeante à volonté (pour un coût de 250 euros tout de même), on est loin de la tendance des petites citadines qui commencent à s’imposer dans les rues de Paris (la Mini, la Fiat 500 à partir de 2007, et bien entendu la très pratique Smart). Mais le mécanisme des portes coûte cher, et oblige à un tarif élevé.
Un intérieur qui se veut « tendance », mais plutôt cheap !Alors ces portes électriques coulissantes, c’est si révolutionnaire que ça ? Sur le papier, ça avait l’air génial, les femmes (cible principale de la 1007) allait pouvoir ouvrir leurs portes de voiture d’un bip sur la clé, tout en portant tous les sacs de shopping dans les mains (oui je sais c’est assez cliché). Oui mais alors, il faut attendre, attendre, attendre, les sacs à la main, que les portes s’ouvrent. Une fois à bord, il faut attendre, attendre, attendre que les portes se referment. Rageant non ? Et quand il pleut, bah, portes ouvertes, tout est mouillé à l’intérieur, et il faut attendre, attendre, que cela se referme. Ah oui, aussi : pensez à verrouiller vos portes à l’Eléphant Bleu, les rouleaux ouvrant les portière en s’accrochant aux drôles de poignées de la bête.
Peugeot Sésame, concept car de 2002 qui inspira la 1007Rayon design, tout partait plutôt bien, avec Pininfarina à la baguette d’un concept car, Sésame (bah oui, pour les portes) présenté en 2002. Mais une fois hors des salons, et bel et bien sur la route, l’étrange silhouette du 1007 semble trop haute, trop courte, finalement pas très équilibré. Pas rédhibitoire mais si l’on rajoute tous les défauts précédents, ça finit par devenir difficile à vendre. Peugeot arrêtera donc les frais en 2009, avec les pertes que l’on sait. En fait de James Bond, ce Double 0 7 là pourrait s’appeler Johnny English !
Tout ça pour dire que c’est peut être bien le moment de se procurer cette perle… Autant de « louse » dans une voiture, on n’avait pas vu cela depuis l’Avantime (lire aussi : Renault Avantime), et ça c’est un signe qui ne trompe pas : futur collector en puissance.
Images: Peugeot