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Nissan 300ZX Z31 : on adore la détester ou on déteste l’adorer

Par Maxime Mouliney - 27/10/2020

Les Japonais, dans les années 80, nous ont réservé de belles surprises et une production riche en coupés originaux dont nous avons déjà parlé à maintes reprises dans la rubrique Autokultur. Mais parmi ces modèles, l’un était particulièrement attendu car représentant d’une déjà belle lignée de Z : la 300 ZX Z31.

 Généralement, mes envies d’articles proviennent d’une envie d’achat. Et comme je suis un éternel indécis, cela me permet d’avoir une belle liste. Compte tenu de l’intérêt que je porte aux autos étranges, ou rares, ou oubliées, les japonaises composent une part importante de cette liste. Tout naturellement, parmi ces dernières se trouve la 300 ZX Z31, descendante directe de la 240Z, la Corvette japonaise qui a lancé la déferlante de coupés nippons sur le sol américain puis européen.

Une sorcière avec de beaux balais

 Pourtant, ce n’est pas une auto que je trouve particulièrement jolie, notamment sa première phase. Ne me jetez pas la pierre, surtout après avoir dit que j’aimais la Mazda 929 coupé. Mais je ne lui trouve pas ce charme suranné, ce côté science-fiction dépassé qui fait toute la différence entre fadeur et originalité. Aussi, la Z31 est, à mon goût, avec la 280ZX, le modèle le moins réussi de sa glorieuse famille. Normal, elle en est directement reprise, lissée au maximum et intégrant les protections pour rentrer pleinement dans la décennie des Millenials. Le résultat est un peu grossier et pataud, avec une verrue sur le capot en version turbo et de gros feux arrière, un nez crochu (accentué par un pare-chocs très pointu) et des pop-up lights semi-ouverts au regard espiègle. Au risque de déplaire aux amateurs du modèle, ma perception du design de cette auto a tout de la sorcière automobile ! 

Sorcière peut-être, mais avec de beaux balais puisque ceux-ci sont de mélodieux V6 qui l’accompagnent sous le capot, en remplacement des six en ligne (à l’exception du Japon dans une version 2 litres). Décliné en trois versions, atmo (12 et 24 soupapes pour l’Australie) et turbo, on le trouve en boîte manuelle mais aussi automatique. L’Amérique est visée, Nissan suivant les exigences du marché principal de la Z. 

En 1985, date de son arrivée en Europe, la version atmosphérique développe 170 chevaux, restant de cette manière dans la course imposée par la toute fraîche concurrente Toyota Supra A60. Mais la version à turbine ajoute 58 chevaux à l’écurie, de quoi concurrencer les féroces Porsche 944 Turbo ou Alpine GTA. Mais en ligne droite seulement (240 km/h en pointe grâce au Cx de 0.30), car le châssis de vieille conception et les 1 480 kg vous rappelleront à l’ordre, bien que le comportement soit équilibré et neutre grâce à une répartition des masses proche du 50/50. En revanche, sur les longs trajets, elle reprendra la main !

Un somptueux intérieur et un équipement riche

 Car si, au chapitre du style extérieur, la Z31 est difficile à défendre, à l’intérieur, c’est tout l’inverse. En plus du bloc compteur à feux orange (un peu à la manière des Renault sportives, seraient-ce les amorces d’une future relation ?), elle intègre deux cadrans au centre de sa console, tournés vers le conducteur et l’informant de la santé du moteur. C’est la marque des coupés Z, avec les moteurs 6 cylindres. Mais elle jouit surtout d’un équipement très riche : sièges baquets réglables et gonflables, climatisation, régulateur de vitesse, vitres et rétroviseurs électriques, ABS, compteurs digitaux en option… Bref, c’est Byzance ! 

Un épais plastique recouvre la planche de bord, promesse d’une bonne tenue dans le temps (les petites annonces vous en convaincront). Avec ses fausses surpiqûres, il donne l’impression d’avoir un intérieur full cuir, d’autant plus qu’un panel de teintes typiques des années 70-80 permet de choisir votre configuration préférée. La liste est déjà longue et je n’ai même pas parlé du petit plus de la 300ZX : elle offre aussi l’expérience du T-Top, en vogue à cette époque, permettant d’ouvrir le toit en deux parties et ne conservant qu’une poutre centrale qui préserve la rigidité. Le tout s’accompagne en plus d’une suspension confortable, et d’un silence d’utilisation laissant les doux 6 cylindres vous bercer. 

La 300ZX Z31 50th Anniversary

Un kit carrosserie pour le 50ème anniversaire de Nissan

 Malgré des qualités évidentes, pouvons-nous dénigrer la 300ZX pour son physique ingrat ? Évidemment non, car la première génération cache un autre atout dans sa manche. Dès 1984, elle est disponible en une version « 50th Anniversary » (5 448 exemplaires) pour commémorer le demi-siècle de Nissan. Cette version, équipée de toutes les options ainsi que d’un système audio plus élaboré et de sièges spécifiques, reçoit surtout un kit carrosserie mêlant une teinte bicolore agrémentée de touche « champagne », des jantes “turbine” (dont Renault a dû s’inspirer pour la GTA Turbo), et, last but not least, d’extensions d’ailes et bas de caisse. La voiture n’a plus rien à voir ! Malheureusement, cette version ne sera pas proposée en Europe. Mais patience, Nissan aura la bonne idée de s’en inspirer pour redonner un second souffle à son coupé.

En 1986 et après seulement trois ans d’existence, la phase 2 est présentée. L’arrière est affiné par l’adoption d’un bandeau de feux couvrant toute la largeur de la voiture, et l’auto récupère les jantes et les hanches larges de la série « 50th Anniversary », cette fois intégrées. Les voies sont élargies de 20 mm pour remplir ce popotin fraîchement botoxé. Nissan en profite pour supprimer la verrue du capot, et la nouvelle découpe du pare-chocs avant, recevant désormais une lame, fait perdre ce côté « nez de sorcière » de la première phase. La chirurgie esthétique a parfois du bon ! L’auto est désormais intégralement couleur carrosserie, ce qui réduit l’impact visuel des protections plastiques. Grimée de la sorte, la Z31 dévoile enfin son potentiel stylistique, et les éléments jadis patauds gagnent en agressivité : c’est typiquement le cas des pop-up à moitié ouverts, qui froncent le regard de ce coupé maintenant agressif, même si le gros pare-chocs arrière reste clivant. 

La version IMSA GTO de la 300 ZX Z31

La Z31 figera ce dessin jusqu’en 1989, où elle fera place à la Z32, au style et à la technologie bien plus modernes. Alors que penser de cette Z ? Pour ma part, je reste mitigé. Je ne sais pas si j’aime la détester (en phase 1), ou si je déteste l’aimer (en phase 2). Objectivement, j’aurais tendance à dire que c’est une super voiture, une « Kitt » japonaise. Si vous appréciez son style, elle vous donnera l’accès à un coupé routier issue d’une grande lignée, une originale, rare en bel état et capable de performances honorables. Vous serez à peu près sûr que votre voisin n’aura pas la même, car elle n’a trouvé que 236 preneurs en 5 ans de carrière chez nous (mais près de 330 000 exemplaires à l’international, tout de même). Si cela reste trop mainstream pour vous, peut-être pourrez-vous importer une « 50th Anniversary », voire même une ex-Paul Newman dans les versions du championnat IMSA qui atteignaient 1 000 chevaux !

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