Mercedes-Benz Auto 2000 : le futur, c'était hier
En 1981, j’avais 6 ans. J’en étais encore à regarder les compteurs dans la rue, par la vitres avant : « ouah, elle roule à 220 » pensais-je benoîtement ! En 1981, je ne savais même pas ce qu’était l’IAA de Francfort, pour moi, le seul salon qui existait, c’était le Mondial de l’Auto à Paris. En 1981, je comparais l’incomparable grâce au jeu d’atout (lire aussi : Top Ass, le jeu d’atout de mon enfance) et très franchement, malgré la crise pétrolière de 1979, j’étais très loin des considérations environnementales et des questions d’économies de carburant. Mon père, lui, commençait à trouver que le litre de Super s’envolait un peu trop, et Mercedes imaginait l’automobile économique du futur : l’Auto 2000. En 2000 pensais-je, j’aurai 25 ans, et je trouvais ça vachement vieux !
En 2017, j’ai 42 ans. Je me trouve finalement assez jeune, et je redécouvre certaines voitures passées hors de mon radar 36 ans plus tôt. L’Auto 2000 est moche, certes, mais elle est intéressante. Si je l’avais vue à l’époque, j’aurai sans doute aimé, parce qu’elle faisait statutaire et moderne. Et puis, si on y pense, elle inventait le concept de shooting brake à 5 portes, comme la marque à l’étoile semble le redécouvrir aujourd’hui.
L’Auto 2000 de Mercedes semble désuète aujourd’hui : elle avait pourtant tous les traits des Mercedes « modernes » des années 80 et du début des années 90. Un air de W126 mais un poil futuriste (lire aussi : Mercedes Classe S W126); un arrière bizarroïde ni break ni hayon ! Un truc bizarre quoi !
Mine de rien, 3 bagnoles furent construites. Toutes avec la même ligne, cherchant l’aérodynamisme pour réduire la consommation, mais avec des moteurs différents. La première, la plus conservatrice, s’offrait un V8 essence. Mais ce moulin pouvait, pour économiser le carburant, ne marcher que sur 4 cylindres s’il le fallait ! Avec ses 3.8 litres, il procurait « seulement » 150 ch.
La deuxième, quand à elle, passait au Diesel. Au menu, un L6 biturbo de 3.3 litres de cylindrée, et 150 chevaux aussi. Bon, rappelez-vous, les deux champions de la technologie de Rudolf à l’époque, c’était Peugeot et Mercedes, un choix logique donc, pour un 7,5 litres au 100 à 120 km/h. Pas mal, avouons le.
La troisième s’équipait d’une solution beaucoup plus novatrice : une turbine à gaz ! Difficile d’en avoir les caractéristiques techniques, malheureusement. Une solution qui ne restera pourtant pas dans les annales malgré sa compacité, et son couple impressionnant au démarrage.
In fine, l’Auto 2000 restera dans les placards, même si son design inspirera Mercedes pour les voitures qui suivront, notamment la Classe E ou la S W140 (lire aussi : Mercedes Classe S W140). La désactivation des cylindres arrivera bien chez certains constructeurs, et le concept de « shooting brake » sur base berline reviendra dans les années 2010, mais pour le reste, point de turbine, et finalement, la solution « écologique » du moment semble être l’électricité.
Pas grave, cela donne un concept rigolo, dont un seul exemplaire (équipé du moteur Diesel) subsiste au Mercedes Museum. Quand aux deux autres, que sont-ils devenus ? Mystère !