Lotus M200 Concept : une version radicale de l'Elan M100
Pour beaucoup, la Lotus Elan « M100 » n’est pas une vraie Lotus. D’une part parce qu’elle inaugurait (et finira par clôturer) le passage à la traction, mais d’autre part parce qu’elle s’offrait un moteur Isuzu sous le capot avant, par le truchement des liens capitalistiques parfois complexe de la General Motors, propriétaire de Lotus et actionnaire d’Isuzu. Avec 130 ou 165 chevaux selon qu’elle soit atmo ou turbo, la Lotus Elan n’avait pourtant pas à rougir (lire aussi : Lotus Elan M100) mais à la même époque sortait un diable de petit cabriolet propulsion, la Mazda MX5, beaucoup plus proche de la tradition britannique. En 1991, pour dynamiser les ventes de la M100, pour faire le show aussi, et pour explorer de nouvelles voies, la firme britannique présenta en urgence un dérivé roadster appelé M200 Concept.
Ok, on l’a compris, la M100 c’était pas vraiment « l’esprit Lotus », peut-être un peu trop pépère aux yeux des puristes, en plus de porter la tare d’une puissance transmise aux roues avant. Puisqu’il fallait absolument un « show car » pour le salon de Francfort 1991, la petite firme britannique a donc sommé son designer Julian Thompson de pondre quelque chose d’un peu enthousiasmant sur la base de l’Elan, dessinée à l’origine par Peter Stevens. Cela tombe bien car l’homme travaillait déjà à quelque chose de plus radical que l’Elan. C’est d’ailleurs à lui qu’on devra la bien née Lotus Elise (lire aussi : Lotus Elise S1).
Thompson va donc créer, sur la base d’une Elan M100 classique, un roadster 2 places carrément plus sportif que ne le laisse présager la donneuse, du moins dans le look. Adieu pare-brise, adieu capote, place à deux sautes-vent, à des ébauches de vitres latérales, et à une sorte d’aileron juste à l’arrière des places assises (séparées par un montant central). La M200 recevra aussi de plus grosses roues, explorant ainsi de possibles évolutions. Sous le capot en revanche, rien de nouveau, avec le 4 cylindres Isuzu en version Turbo. Les phares escamotables laissent aussi place à des verres, au design affiné.
Commandée dans la précipitation par la direction de l’époque, la M200 a une histoire assez cocasse : au lieu de prendre une Elan fabriquée par l’usine directement, c’est une voiture renvoyée par un client qui servit de base au projet: je vous laisse imaginer les sueurs froides lorsqu’on s’aperçut que le show-car n’était pas véritablement la propriété de Lotus, qui finira tout de même par trouver un arrangement avec le propriétaire de l’Elan initiale. Malgré cela, la M200 connut son petit succès, préfigurant un autre roadster du même genre, le Renault Spider (lire aussi : Renault Sport Spider), de l’autre côté de la Manche.
La voiture sera ensuite prêtée à l’Automobile Association (AA), une sorte de mutuelle d’assurance britannique dédiée à l’automobile, qui s’en servit pour sa promotion, sans véritablement en prendre soin, au point de voir la M200 se détériorer de jour en jour. Lotus, toujours propriétaire de la voiture, finira par la vendre aux enchères. C’est Paul Matty, un concessionnaire de la marque, qui en fit alors l’acquisition, avant d’être convaincu par le collectionneur Olav Glassius de la lui vendre. Le magnat du textile hollandais fit alors restaurer entièrement sa M200, lui donnant l’aspect qu’elle a sur les photos de l’article.
Pourtant, en 2012, Glassius finira par mettre en vente les 25 Lotus de sa collection par l’intermédiaire de Bonhams, dont la fameuse M200, mais aussi la Lotus Etna V8 de 1984, ou la M250. La M200, parfaitement fonctionnelle et homologuée en Grande Bretagne, était alors évaluée entre 80 et 120 000 £, sans pour autant trouver preneur. Il est donc possible, sans doute, si vous êtes passionnés de la marque, ou à la recherche d’une voiture originale, de tenter de l’acheter.
Images: Bonhams