Les copains d’abord : la Lotus Seven Marcadier pour tous
Il y a eu une époque où l’automobile était une affaire d’artisans et où primait l’esprit « les copains avant tout ». C’est ce que notre ami Alain a voulu retrouver à travers son investissement dans le monde des autos de collection, en acquérant une Lotus Seven S1 Marcadier de 1964 auprès de CarJager.
Colin Chapman est connu de tous dans le monde des automobiles sportives et de course. Son postulat bien connu « light is right » en a motivé plus d’un dans la quête de la performance et donc de la victoire. Pour le constructeur artisanal André Marcadier, cela a même été une révélation. La légende veut que, lors d’une réunion sur l’autodrome de Linas-Montlhéry à la fin des années 1950 ou au début des années 1960, Marcadier ait fait la connaissance de Chapman. À cette époque, ce dernier proposait ses autos en kit aux amateurs de vitesse à la recherche d’une formule abordable pour satisfaire leur envie de courir en courses de club.
Marcadier construisait déjà des motos et des karts quand lui est venu l’idée de fabriquer plusieurs autos sur la base des Lotus. En partant de la Seven S1, il paraît qu’il a assemblé pour ses copains, dès 1963-1964, plusieurs exemplaires de sa création, dont la belle auto d’Alain.
« La Lotus Seven Marcadier est une auto qui me plaît. On sent qu’il y avait des artisans derrière… » nous raconte Alain. « Son premier propriétaire l’a gardée durant plus de 40 ans, de 1964 jusqu’en 2005. » La rareté de l’auto d’Alain est exceptionnelle car, si Marcadier est connu pour avoir construit une cinquantaine de répliques de la Lotus Seven à partir de 1987, celle d’Alain est de 1964, jouant ainsi le rôle de précurseur. « Marcadier n’en a fait que quelques-unes à cette époque pour ses proches collaborateurs. »
Mais l’évolution de cette perle rare ne s’est pas arrêtée là. Son premier propriétaire l’a amenée chez le préparateur Serge Grangeon à la fin des années 1980. « Ce que faisait Marcadier — le Chapman à la française — Grangeon le prolongeait, dans le même esprit. » C’est là qu’elle a reçu son moteur de Ford Sierra, un deux litres double arbre de 109 chevaux accouplé à une boîte 5 vitesses. « Elle a deux gros carburateurs Weber de 40. Et Grangeon a également remplacé le pont arrière rigide d’origine par sa suspension indépendante triangulaire en V inversé. Tout comme Marcadier, Grangeon le faisait pour faire plaisir aux copains. Il a dû seulement fabriquer entre 10 et 15 voitures. J’aime bien l’histoire des copains. »
Après l’avoir trouvée dans une annonce gérée par l’équipe de la vente assistée de CarJager, Alain l’a suivie pendant un certain temps. « Quand j’ai vu qu’ils avaient baissé le prix, j’ai donc téléphoné pour en discuter. J’ai pu négocier un prix correspondant à mon budget. Ils étaient tous très sympas chez CarJager. Surtout Enguerrand, d’une aide précieuse pour tout ce qui concernait la logistique. Il était super. »
« Ça faisait très longtemps que j’en avais envie. Arrivé à la soixantaine, je m’étais dit qu’après ce serait trop tard. J’ai même fait un stage de F3000 pour voir. Elle donne des sensations cette Lotus, il n’y a pas de doute. Je peux toucher le bitume à son volant. Elle n’a rien d’une auto moderne. Je ne suis pas un grand pilote mais je m’amuse avec. Je ne fais pas le fou quand même. »
« J’aime le côté artisanal. Et c’est une Lotus française. Je ne veux surtout pas la mettre sous une bâche. J’ai envie de la faire rouler ! C’est rigolo. On sent bien des roues qui accrochent à l’arrière comme sur une monoplace. Cette auto me passionne depuis toujours. C’est comme si elle disait ‟je suis libre” comme dans la série télé ‟Le Prisonnier”. »
Et a-t-il d’autres projets en vue ? « J’aime bien la Frogeye » — c’est à dire l’Austin-Healey Sprite, le tout petit roadster biplace de 1958-1961. « Elle n’est pas si chère que ça. Ça doit être marrant de rouler à deux là-dedans. »
Les objets de collection ne sont pas complètement nouveaux pour Alain : « J’ai mon four. Je suis boulanger. En vacances, je fais le boulanger aussi. J’ai une remorque à quatre roues, qui est un four militaire ambulant. Elle date de 1955, mais c’est le même modèle que celui que les Alliés ont amené en débarquant en Provence en 1944 pour faire du pain pour les GI’s. Ça fait dix ou douze ans que je l’ai. J’aime venir avec à l’embouteillage de Lapalisse sur la N7. » Sans doute pour épater les copains.