Jeep Grand Cherokee ZJ : luxueux baroudeur
Janvier 1992. Une sorte de Jeep Cherokee XJ dopée aux hormones et aux angles arrondis remonte les rues de Détroit en direction du Cobo Hall, où se déroule le North America International Auto Show, entourée de motos de police. A son volant, Robert « Bob » Lutz, patron de Chrysler, et comme passager, Coleman Young, le maire de Détroit. Soudain, la voiture ralentit devant l’une des entrée du Cobo Hall, et s’engage sans problème par les escaliers, prouvant au passage ses capacités de franchissement. Une fois en haut des marches, la Jeep continue son chemin, explosant au passage une large vitre de verre pour finir ensuite au milieu de journalistes impatients de voir cette nouvelle Jeep : le Grand Cherokee ZJ (voir la vidéo en fin d’article) !
5 ans après avoir acquit auprès de Renault la mythique marque de 4×4, Chrysler présentait enfin un nouveau modèle pourtant largement initié sous l’ère française. Avec le Grand Cherokee, le Cherokee trouvait là un grand frère à sa hauteur (lire aussi : Jeep Cherokee XJ), prêt à aller en découdre avec le Ford Explorer ou le Range Rover sur le marché lucratif des 4×4 « de luxe ». Mais ce grand frère devait lui aussi beaucoup à Renault, qui avait lancé dès 1983 le programme XJC – dont le développement réel commencera à partir de 1985.
En fait, ce programme devait être celui du successeur du Cherokee XJ. Après avoir interrogé des designers extérieurs, dont le français Alain Clénet qui avait lancé sa propre marque aux Etats-Unis (lire aussi : Clénet Coachworks), et Larry Shinoda (qui s’estimera volé par AMC), ce sont finalement les designers maisons qui remportèrent l’affaire avec la présentation en 1989 du Jeep Concept 1, déjà très proche de ce que deviendrait le Grand Cherokee ZJ. Avec le rachat par Chrysler, les équipes du français François Castaing réorientèrent le projet vers un complément du Cherokee plutôt qu’un successeur.
Depuis le milieu des années 80, AMC-Jeep sous l’impulsion de Renault s’était grandement modernisé et ré-organisé, offrant sur un plateau à Chrysler un outil industriel de premier ordre et de nouvelle méthodes (logiciel de conception par ordinateur, systèmes de plate-forme) dont bénéficiera bien sûr Jeep, mais aussi la marque au pentastar. Avec le Grand Cherokee, Jeep élargit son offre vers le haut en remplaçant le vieillissant Grand Wagoneer type SJ, lancé en 1962 ! Il était temps.
A son lancement, le Grand Cherokee s’offrait en trois niveaux de finitions, base, Laredo et Limited, mais un seul moteur, le L6 de 4 litres de 190 ch. Mais dès 1993, apparaissait un V8 Magnum de 5.2 litres et 225 chevaux tandis qu’une éphémère version « luxueuse » (dotée uniquement de ce moteur) voyait le jour en reprenant le nom de Grand Wagoneer (seuls 6378 exemplaires seront produits, sur la seule année 1993, ce qui en fait un vrai collector). En 1995, les versions destinées à l’export pouvaient recevoir un 4 cylindres turbo diesel d’origine VM Motori de 2.5 litres et 114 chevaux. En 1996, le Grand Cherokee recevait un léger lifting, tandis que le L6 descendait à 185 ch. En 1998, la version Limited recevra un ultime V8 gonflé à 5.9 litres et 245 ch.
Rapidement, le ZJ rencontrera un succès phénoménal gagnant de nombreux prix : Truck of the year (Motor Trend), ou bien Four wheeler of the year (Four Wheeler Magazine) entre autres, avant d’être remplacé par une nouvelle version plus moderne, le WJ (lire aussi : Jeep Grand Cherokee WJ). Entre 1992 et 1998, ce sont 1 251 473 ZJ qui sortiront des chaînes de Détroit, mais aussi de Graz en Autriche (où le Grand Cherokee était fabriqué pour l’Europe chez Steyr-Daimler-Puch, qui produisait aussi le Mercedes Classe G, lire aussi : Mercedes Classe G), de Cordoba en Argentine ou de Valencia, au Vénézuela. Une bonne moyenne pour un gros 4×4.
La rare version Grand Wagoneer produite uniquement en 1993Aujourd’hui, s’offrir un ZJ c’est s’assurer de prestations haut de gamme, de gros moteurs et de capacités de franchissement hors norme pour des tarifs encore relativement modestes. L’idéal : trouver un rare Grand Wagoneer, une version Limited 5.9 de 1998, une série spéciale Orvis (15 094 exemplaires) voire une version d’apparence plus sportive dénommée TSI.
Le concept Grand One de 2017Aujourd’hui, la 4ème génération de Grand Cherokee (WK2) fait toujours partie de la gamme Jeep, un tout-terrain que Boîtier Rouge a pu tester récemment et dont l’essai paraîtra sous peu. Mais cette année, pour célébrer les 25 ans du Grand Cherokee, Jeep a présenté le concept Grand One, un Laredo de 1993 remis au goût du jour par de subtiles retouches esthétiques ainsi que de nouveaux trains avant et arrière.
Pour voir la vidéo du lancement du Grand Cherokee en 1992 à Détroit: