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Jeep Cherokee (XJ) Freedom Concept : en attendant le Grand Cherokee
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 14 oct. 2018En janvier 1989, le récent groupe Chrysler-Jeep, issu du rachat d’AMC-Jeep par Chrysler à Renault, avait frappé un grand coup en présentant au Salon de Détroit la Dodge Viper, prélude à une production en série. L’année suivante, le groupe américain proposait une version « finale » de la Viper avec son V10, devenant Viper RT/10, mais pour la nouveauté, et en attendant le Grand Cherokee ZJ, il fallait faire vivre le stand : cela tombait bien car le Cherokee XJ cartonnait en concession tandis que le Wrangler YJ faisait une entrée remarquée dans les charts. Pourquoi alors ne pas proposer un concept alliant un peu des deux best-sellers ? Ainsi naquit le Jeep Cherokee ZJ Freedom Concept !
Le renouveau de Jeep était passé par la case Renault ! Sans les investissements de la régie du temps de Georges Besse, et sans la vista du français François Castaing, resté chez Chrysler malgré le rachat d’AMC-Jeep, qui sait ce que serait devenue la marque la plus emblématique depuis le débarquement en juin 1944 ! Au moment de la prise de contrôle par Renault au tout début des années 80, Jeep n’était plus que l’ombre d’elle-même : ses modèles, certes emblématiques, commençaient sérieusement à dater, et il fallut toute l’énergie des « frenchies » pour dépoussiérer la belle endormie.
Cela donna d’abord la Cherokee XJ. Bien née, bien dessinée, elle attira rapidement les foules, permettant à la marque de renouer avec la croissance : en 1985, un an après son lancement, les ventes globales (tous modèles confondus donc) dépassaient à nouveau les 200 000 exemplaires dans le monde (à comparer avec les 1.9 millions d’aujourd’hui, cela montre les progrès faits par la marque depuis). Mais malgré les investissements de Renault, puis ceux de Chrysler (après 1987), renouveler la gamme demandait du temps : entre la sortie du Wrangler (YJ) et celle du Grand Cherokee (ZJ) il s’écoula plus de 5 longues années.
Entre temps, il fallait patienter, et accorder au reste du groupe la digestion de l’héritage Renault (Renault Premier / Eagle Premier notamment). Il fallait surtout digérer les nouvelles méthodes appliquées par François Castaing. La Viper RT/10 était d’ailleurs l’image du futur de Chrysler-Jeep-Dodge en 1990, mais il fallait aussi occuper le terrain à Détroit cette même année.
L’idée géniale : prendre une base éprouvée, le Cherokee XJ, et la mixer avec le Wrangler YJ, afin d’obtenir un drôle d’engin de loisir, appelé Freedom Concept. Pour concevoir ce concept relativement novateur (il faudra attendre l’Evoque Cabriolet de Land Rover pour voir un tel profil sur le marché, plus de 25 ans après), on prit donc une base très familiale, archétype des SUV d’aujourd’hui, pour le transformer en véhicule de loisir « à l’ancienne », découvrable. Un « crossover » avant l’heure.
En résultait un drôle de Cherokee, doté d’un arceau de sécurité disgracieux à la manière d’un cabriolet classique de l’époque, alors que des arceaux type Wrangler l’auraient parfaitement virilisé ! Mais peu importait, il s’agissait d’occuper le terrain faute de nouveauté, et jamais l’état major de Chrysler-Jeep n’imagina une seule seconde une mise en production. Un ou deux exemplaires (les sources divergent parfois) furent réalisés, sans lendemain. Avec le recul, c’est bien dommage, mais qui, à l’époque, aurait acheté cela ?