Ford Cortina Lotus Mk1 : échange de bons procédés !
Une paisible berline endiablée par Lotus, ça vous rappelle quelque chose ? Oui je sais, vous pensez tout de suite à la Lotus Omega développée pour Opel au début des années 90 (lire aussi : Opel Omega Lotus), mais ce n’était pas celle à laquelle je pensais. Dans les années 60, c’est avec Ford que Lotus fricote pour offrir aux amateurs de sport un coach décapant : la Ford Cortina Lotus.
Comment la vénérable officine de Colin Chapman s’est-elle retrouvée à bricoler une voiture de course sur la base de la Cortina ? C’est tout simple. Au début des années 60, Lotus s’apprête à lancer sa légendaire Elan, et comme d’habitude, c’est à Ford que la petite marque anglaise s’adressera pour la motoriser.
Le géant américain dispose d’une filiale anglaise, qui produit notamment l’Anglia (lire aussi : Ford Anglia). Pour cette petite anglo-américaine, Ford a développé un moteur évolutif, le fameux Kent, disponible d’abord en une version supercarrée de 997 cm3, puis en une multitude de cylindrée, notamment un 1,5 litres. C’est ce moteur qui équipera les Elan de Chapman.
Mais Lotus ne pouvait pas proposer ce moteur en l’état. Le moteur équipant l’Elan sera retravaillé à la sauce Lotus, avec culasse en alu deux arbres à cames en tête. Développant 100 ch, il sera à nouveau retravaillé et ré-alésé à 1558 cm3, pour offrir alors 106 ch. L’Elan ainsi dotée ravira les amateurs à partir de 1962, et ce jusqu’en 1973. En 1962 justement, Ford sort sa nouvelle berline, la Cortina, et se verrait bien offrir une version sportive à ses clients. Echange de bons procédés, Lotus va alors s’attaquer à la Cortina, dans sa version coach à deux portes.
La Cortina va donc se voir équipée de ce fameux moteur Kent 1,6 litres « by Lotus », mais pas seulement. La transmission est-elle aussi « made by » Lotus. Le travail du sorcier britannique ne s’arrêtera pas là : la voiture est allégée grâce à un acier plus fin, et à des portes en aluminium ; le freinage renforcé ; le train arrière retravaillé ; les suspensions améliorées (abaissant un peu la voiture). Côté look, Lotus la jouera sobre, avec une peinture blanche rehaussée de bandes de couleur «british racing green ».
Cette petite série sera fabriquée directement par Lotus pour le compte de Ford, mais la marque américaine n’oubliera jamais d’y accoler le nom de Lotus. Un gage de sportivité ! Rapidement, la Cortina Lotus sera engagée un peu partout dans les courses de tourisme, avec des pilotes émérites tels que Jim Clark. La clientèle était unanime : cette voiture là était vraiment agile, légère, rapide, idéale pour le sport automobile à la mode des 60’s.
Mais les succès d’estime ne suffisent pas toujours à nourrir son homme. Malgré la reconnaissance mondiale et sportive, la voiture reste destinée à des spécialistes. Après environ 1000 exemplaires produits entre 1963 et 1965, il est décidé de réduire les coûts : si le moteur reste le même, la deuxième série de Cortina Lotus perd sa boîte de vitesse spécifique pour une boîte de Corvair, ainsi que ses panneaux en alu et son train arrière revient à des lames à ressorts.
Malgré une spécificité moins marquée, la Cortina Lotus se vend mieux, et termine sa carrière en 1966 après 3301 exemplaires. Mais n’allez pas croire qu’il s’agit de la fin de l’aventure : à cette époque, la Cortina Mk2 apparaît, et avec elle sa version Lotus toujours équipée du Kent 1,6 mais développant cette fois-ci 111 chevaux.
Aujourd’hui, la Cortina Lotus Mk1 est toujours très recherchée, surtout dans sa première version plus légère, plus spécifique et plus rare. Comptez au moins 50 000 euros pour vous offrir cette Lotus là tout de même. Souvent coursifiées, maltraitées, voire accidentées, les Cortina Lotus en bon état et/ou très bien restaurées se paient au prix fort. Mais rien ne vaut la joie d’une authentique voiture de course des années 60, rappelant furieusement les équipées de Michel Vaillant (la marque française était elle aussi liée à Ford en ce temps là ).