Ferrari Testarossa Spider 62897 : la seule et unique version officielle
En parcourant l’énorme stand de la vente d’Artcurial au salon Rétromobile de Paris, mon œil fut immédiatement attiré par une superbe Ferrari Testarossa jaune dans une rare configuration Spider. Mais sa couleur et la configuration de son couvre-capote m’indiquaient tout de suite qu’il s’agissait d’une rare Lorenz & Rankl, fabriquée à 5 exemplaires seulement, et non de l’unique Spider officiel construit par Pininfarina pour Gianni Agnelli, connu sous le nom de 62897.
Outre les détails de conception de la capote, la rareté de 62897, et son aspect lui donne toute sa valeur : la Lorenz et Rankl s’est vendue cette année à 154 960 euros tandis que l’année dernière, le Spider officiel atteignait la somme faramineuse de 1 210 080 euros ! Presque dix fois plus, voilà le prix de la vraie exclusivité, de l’histoire, et de la légitimité.
Car sans être « de grandes diffusions », les Spiders « non-officiels » sont relativement nombreux, réalisés par Lorenz & Rankl donc, mais aussi par Pavesi, ou Straman (les versions les plus connues) aux Etats-Unis. Mais pourquoi autant de versions du Spider ? Tout simplement parce que Ferrari ne déclinera jamais en série le fameux 62897.
Une version StramanC’est en 1986 que le châssis 62897 sera transformé en Spider. Si mécaniquement, rien ne change avec le V12 en position centrale arrière de 4.9 litres et 390 ch. Cela fait deux ans que la Testarossa est sortie et fait rêver petits et grands. Une déclinaison cabriolet tomberait sous le sens, d’autant que la supercar se vend plutôt bien aux Etats-Unis, friands de conduite cheveux aux vents. Ferrari va donc commander une version Spider à Pininfarina : est-ce pour étudier la faisabilité du projet ou simplement pour faire plaisir au big boss de Fiat qui raffole de versions spéciales (lire aussi : Lancia Delta HF Integrale Spider) ? Nul ne le sait.
Pour cette version spéciale, Pininfarina va renforcer le châssis pour re-gagner la rigidité perdue par l’ablation du toit, et les vitres (pare-brise, vitres de fenêtres) seront spécialement réalisées pour elle pour s’adapter à la nouvelle ligne ! 62897 va recevoir aussi une belle teinte grise réhaussée d’un liseré bleu de bas de caisse. La capote est assortie à la carrosserie, tandis que l’intérieur se tend de cuir « magnolia ». Elle recevra aussi un astucieux système permettant de choisir soit pourune transmission manuelle, soit pour le système « automatique » Valeo (Gianni Agnelli ayant été blessé avait du mal à utiliser la pédale d’embrayage).
Cette Testarossa restera unique et fera le bonheur d’Agnelli. Pourquoi Ferrari n’a-t-il pas lancé cette version en série ? La question reste posée : sans doute la rigidité de l’ensemble n’était-elle pas satisfaisante, eut égard à la puissance et aux capacités de l’engin. C’est en tout cas la raison la plus probable de sa non-production.
Ferrari ne cautionnera d’ailleurs jamais les réalisations « non-officielles », considérant sans doute que les transformateurs rencontreraient les mêmes difficultés que Pininfarina. Mais peu importait puisque l’essentiel de la clientèle de ce genre de dérivés ne s’en servait que pour cruiser à Miami ou Los Angeles, sans chercher à exploiter les capacités formidables de la Testarossa. Le Sultan de Brunei fut lui aussi un bon client de ces versions, mais l’on connaît le genre d’utilisation qu’il en faisait : rangées dans des hangars, les véhicules servaient peu. Il réussit cependant à convaincre Ferrari, dans les années 90, de lui confectionner des version spéciales de la 456 en berline, break ou spider (lire aussi : Ferrari 456 GT Venice).
Vu le prix atteint l’année dernière par 62897, sans doute vous faudra-t-il vous rabattre sur une transformations pour avoir le plaisir de rouler en Testarossa Spider. La Lorenz & Rankl jaune vendue par Artcurial (et immatriculée en France) n’étant plus disponible, il faudra partir en chasse ailleurs (en Italie, en Allemagne ou aux USA) pour trouver votre bonheur : vous savez désormais qu’il vous en coûtera aux alentours de 150 000 euros.
Photos: Paul Clément-Collin, Artcurial, et DR