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Aston Martin Virage, Volante, Vantage ou V8 : se prendre pour un Lord anglais

Par Paul Clément-Collin - 29/07/2022

L’Aston Martin V8, première du nom, avait un côté agressif et spectaculaire, mais restait très ancrée, stylistiquement, dans les années 70. Introduite en 1977 comme la « première supercar britannique » (sic), elle commençait à pâtir d’une concurrence plus moderne, plus aiguisée, et plus désirable il faut bien le dire. Aussi, au milieu des années 80, la vénérable firme anglaise encore basée à Newport Pagnell décida-t-elle de moderniser son cœur de gamme. Ainsi naquit la Virage, lancée en 1989.

La Virage « de base », un gros coupé aristocratique

Certes Ford avait entre temps racheté Aston Martin (en 1987), et injecté un peu d’argent pour industrialiser (artisanalement tout de même) cette nouvelle mouture, mais le modèle avait été en grande partie développé hors de toute influence américaine, et d’une certaine manière à l’économie. Cependant, le nouveau modèle présentait plutôt beau, et surtout compensait sa ligne massive et son poids conséquent par une débauche de cuir, de bois, de moquette épaisse et de tout ce qui faisait qu’une Aston Martin était une voiture à part.

D’ailleurs, face aux vraies supercars lancées ou en lancement à la même époque, Ferrari F40, Lamborghini DiabloBugatti EB110 ou Jaguar XJ220, Aston Martin eut le bon goût de proposer autre chose : non pas une sportive (la Virage ne pouvait prétendre à une telle qualification), mais un gros coupé bourgeois britannique jusqu’au bout des pare-chocs. Finalement, la Virage se destinait aux aristos excentriques et fortunés, les mêmes qui hésitaient parfois à s’acheter une Bristol Blenheim. Plus tard, dans les années 90, la Virage et ses dérivés affronteront une concurrence plus conséquente, en la personne de la Bentley Continental.

Pour réaliser la Virage, les ingénieurs de Newport Pagnell ne partirent pas d’une feuille blanche. Si le dessin était une vision moderne et rafraîchie de la V8 qu’elle remplaçait, le châssis, lui, était dérivé d’un autre modèle de la gamme, l’étonnante Lagonda (lire aussi : Aston Martin Lagonda) auquel de nouvelles suspensions (avant et arrière) furent ajoutées. Le moteur, lui, était toujours le même V8, mais revu de fond en comble. 32 soupapes au lieu de 16, injection électronique (Weber/Magnetti-Marelli), et un passage chez le préparateur américain Callaway pour ressortir avec 5.3 litres et 335 chevaux pas inutiles pour mouvoir les 1736 kilos de la bête.

La Virage était disponible en boîte manuelle 5 vitesses ZF, ou transmission automatique 3 vitesses Chrysler. Le patchwork ne s’arrêtait pas là puisque les phares avant provenaient d’une Audi 200 et les feux arrières d’une Volkswagen Scirocco. La colonne de direction venait de chez GM, la panneau de contrôle de climatisation de chez Jaguar, tandis qu’un paquet de bouton du tableau de bord provenait de chez Ford. Bref, malgré le statut de voiture de luxe, Aston Martin faisait des économies partout ou cela était possible.

La Volante existait en stricte 2 places ou bien en 2+2

La Virage fut donc lancée en 1989, après avoir été présentée au Salon de Birmingham. En 1990, Aston Martin présentait la version cabriolet, dans une configuration de stricte deux places (alors que le coupé offrait 4 vraie places). Un an plus tard, une version 2+2 fit son apparition, une solution finalement beaucoup plus recherchée.

Une Aston Martin, c’est avant tout un intérieur inimitable

C’est en 1992, alors que Ford s’était décidé à donner une nouvelle dimension à sa filiale et préparait la nouvelle Aston Martin DB7 (lire aussi : Aston Martin DB7 V6), que la gamme commença à évoluer. Cette année-là, la petite marque anglaise proposait deux évolutions : l’une permettait de faire évoluer son moteur 5.3 vers une plus grande cylindrée (6.3 litres) et la puissance pharaonique pour l’époque de 500 chevaux ; l’autre renouait avec le passé et la tradition (lire aussi : DB5 Shooting Brake) avec une version Shooting Brake (disponible sur commande ou en conversion sur une voiture déjà produite, lire aussi : Virage Shooting Brake).

Une rare Virage 6.3 (en haut) et une encore plus rare Shooting Brake (avec ses feux de Renault 21, en bas)

En 1993, c’est la course à la puissance. Plutôt qu’une conversion 6.3 litres (encore disponible sur commande jusqu’en 1996), Aston Martin proposait une version réellement sportive de son gros coupé bourgeois, reprenant pour son compte l’appellation Vantage ! Comme la 6.3, elle récupérait des nouveaux freins à disque énormes de 362 mm, et des jantes de 18 pouces (à l’époque, c’était grand), mais surtout, elle s’équipait, sous le capot, de deux compresseurs faisant passer le V8 5.3 à 550 chevaux ! La Vantage présentait quelques modifications esthétique par rapport à sa sœur Virage, avec notamment de nouveaux feux avant et arrière, et une nouvelle calandre, plus agressive. Elle restera au catalogue jusqu’à la fin, en 2000, année qui verra la commercialisation de 9 Volante en version Vantage (8 en SWB – short wheel base – et 1 en LWB – long wheel base).

En 1994, Aston Martin tenta de faire revivre la tradition des berlines Lagonda en dérivant de la Virage deux modèles, une 4 portes baptisée Saloon, et un break 5 portes dénommée (en français dans le texte) Les Vacances, mais ces versions restèrent l’apanage de quelques happy few, généralement des têtes couronnées des alentours du Golfe (lire aussi : Lagonda Virage Saloon et Les Vacances).

La Lagonda Saloon (en haut) et les Vacances (en bas)

En 1999, une série spéciale à la calandre encore plus monstrueuse fut lancée, à 40 exemplaires seulement : la Le Mans, dont le moteur était lui gonflé à 600 chevaux. Cette série spéciale faisait suite à quelques exemplaires de Vantage modifiés eux aussi à 600 ch, connus sous le nom de V600. Attention, malgré la puissance faramineuse de ces autos, le poids (et ceux malgré l’aluminium de la carrosserie) et le châssis d’un autre âge limitaient les prétentions réellement sportives notamment dans les virages.

La Vantage V600 (en haut) et la version « Le Mans » (en bas)

Revenons un peu dans le passé. En 1995, après 355 coupés Virage produits, Aston Martin décidait de rajeunir le modèle et de l’unifier à la gamme Vantage en offrant un lifting proche de sa sœur sportive. Calandre, phares et feux arrières subissaient de subtiles retouches permettant à la vieille dame de repartir pour un tour. A l’occasion, l’appellation Virage disparaissait pour celui de V8 Coupé. Le moteur, lui, gagnait près de 20 chevaux pour se stabiliser à 355 canassons : un gain appréciable. En 1996, c’était au tour du cabriolet de devenir V8 Volante et d’arborer la nouvelle signature stylistique, après 233 exemplaires produits.

La V8 Coupé, et sa calandre de Vantage, mais sans les chevaux

La production continua donc jusqu’en 2000 : depuis 1993, 280 Vantage avaient été construites (sans compter les 9 Volante, et les 40 Le Mans), et à partir de 1996, 101 coupés V8 et 63 cabriolets V8 Volante. En tirant leur révérence, tous modèles confondus, la Vantage et ses dérivés avaient été produits à 1081 exemplaires. Pas mal pour une voiture qui, encore en 1999 coûtait 1 375 000 francs dans sa version de base V8 Coupé, et jusqu’à 2 000 000 de francs pour la V8 Vantage Le Mans. Tandis que la DB7 montait en gamme en s’offrant un V12 (lire aussi : DB7 V12), la V8 Coupé était remplacé par un tout nouveau coupé, au doux nom de Vanquish (lire aussi : Aston Martin Vanquish).

La V8 Volante LWB (en haut) et sa rare version Vantage SWB (en bas)

On ne peut pas dire que les Virage, Volante, V8 ou Vantage sont bon marché aujourd’hui, mais les modèles les plus classiques ou anciens comme la Virage des débuts restent relativement abordable (enfin on se comprend). Moins recherchée dans ces configurations que la précédente V8 ou que les versions sportives Vantage, elles restent dans la zone de prix des voitures haut de gamme qui peinent à rentrer en collection. Si vous avez un peu de moyen, et une grosse envie de vous prendre pour un lord anglais sans tomber dans la facilité d’une Rolls Royce ou d’une Bentley, alors la Virage est faite pour vous !

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