Alpina B6 3.5 S : une M3 E30 et un 6 en ligne
La petite firme de Buchloe a toujours essayé de se démarquer du constructeur de Munich en proposant des produits différents, souvent typés plus “bourgeois”, au tempérament moins rageur sans renier l’idée de performance. Ainsi, Alpina avait lancé la B6 3.5 avant même le lancement de la M3 E30. Si le moteur (un 6 en ligne) offrait une puissance inégalée, le châssis, lui, restait un poil en retrait. Avec le lancement officiel de la M3, une nouvelle base s’offrait à Alpina, qui en profita pour lancer un nouveau modèle encore plus affûté, la B6 3.5 S, une lettre en plus faisant toute la différence.
B6 3.5 S : le S qui change totalement la donne
Revenons en novembre 1985. Cette année-là, Alpina décidait de lancer une version explosive de la BMW Série 3 E30, une voiture déjà fort réussie. Sur la base du haut de gamme de l’époque, la 325i, dotée d’un 6 en ligne de 2,5 litres et 171 chevaux, les sorciers de Buchloe décidèrent d’en offrir une version plus puissante : utilisant la même base mais avec les spécifications de la B10, la toute nouvelle B6 3.5 passait, comme son nom l’indique, à 3.5 litres de cylindrée, pour une puissance très respectable pour l’époque de 262 chevaux (254 chevaux en version catalysée).
Bien évidemment, châssis et trains roulants étaient retravaillés en conséquence pour permettre aux (riches) conducteurs de ce petit bijou de rester sur la route le plus longtemps possible, mais il fallait bien l’admettre avec la sortie de la BMW M3 E30 en 1986 : Motorsport avait une longueur d’avance de ce côté-là. Certes, le 4 cylindres (2,3 litres, 16 soupapes et 200 chevaux) n’avaient ni la puissance et la vitesse, ni l’onctuosité des 6 cylindres d’Alpina mais, côté tenue de route, c’était royal.
Hors de question pour la petite firme de ne pas offrir un produit plus abouti. La B6 3.5 “de base” continuait à se vendre grâce à sa déclinaison 4 portes, inconnues sur la M3 (ce qui ne sera pas le cas de la M3 E36, dont la seule carrosserie non disponible sera le break) mais Alpina décidait d’y adjoindre une version plus exclusive, la B6 3.5 S, à partir de 1987. Cette nouvelle version n’était disponible, elle, qu’en deux portes : normal, puisqu’elle dérivait directement de la M3, récupérant au passage ses réglages aux petits oignons.
Châssis de M3, L6 de B6, terminé le 4 cylindres
En revanche, exit le 4 cylindres, aussi performant fût-il : Alpina décidait de le remplacer par ce fameux L6 de 3.5 litres et ses 262 chevaux autrement plus menaçants. Pas d’augmentation de puissance par rapport à la simple B6 3.5 : la seule différence venant de la voiture donneuse, 325i pour l’une, M3 pour l’autre. Avec la B6 3.5 S, on quittait le côté bourgeois sportif pour entrer dans le domaine de la démence, avec une flopée de canassons sur une base saine, dévolue au sport.
Évidemment, une telle voiture n’était pas donnée (comme toutes les Alpina d’ailleurs). Une M3 E30 coûtait déjà un bras à l’époque, alors son dérivé B6 3.5 S, n’en parlons pas. Il fallait une sacrée dose de passion (et un solide portefeuille) pour préférer la version de Buchloe plutôt que celle de Munich. D’autant que les décorations Alpina ne faisaient pas dans la dentelle (cela dit, cela n’effraie pas un Allemand, hein !).
Une automobile très rare, en 62 exemplaires
Produite entre 1987 et 1990, l’Alpina B6 3.5 S ne sera produite qu’à 62 exemplaires : autant dire que c’est une vraie rareté (contre 219 pour la B6 3.5, déjà ultra-rare). Pour découvrir une telle machine, il faudra sans doute faire preuve d’imagination et ne pas compter simplement sur les petites annonces : les M3 pourtant plus diffusées sont déjà rares, une B6 3.5 encore plus, alors une S, vous n’y pensez pas.
Malgré tout, si vous êtes un fan de l’hélice doublé d’un fan d’Alpina, si l’E30 vous fait de l’œil mais que l’exclusivité fait partie de votre ADN, si le 6 en ligne a votre préférence aux 4 cylindres et si vous souhaitez pourtant un châssis presque parfait, alors la B6 3.5 S est faite pour vous. Votre banquier, quant à lui, le verra peut-être d’un autre œil mais on n’a qu’une vie !