Alfa Romeo Giulia : le retour du trèfle !
Cette année, je n’étais pas à Genève. Dommage car j’adore ce salon, suffisamment compact pour vraiment profiter du spectacle, où l’on retrouve facilement tout le « petit monde » de l’automobile, en terrain neutre, avec souvent la présence de petits constructeurs de « supercars » ou de modèles exotiques qui rend la balade toujours amusante, surtout quand on fait un site comme Boîtier Rouge. Mais une fois n’est pas coutume, la vie de famille est passée avant l’info qui, de toute manière, sort en même temps chez à peu près tout le monde. Pour une visite détaillée, je vous encourage d’ailleurs à vous rendre sur POA (http://petites-observations-automobile.com/) où Renaud vous retranscrit admirablement l’ambiance de ce salon, tout en vous présentant l’essentiel des nouveautés.
N’étant pas Auto Plus, je ne me sentais absolument pas obligé de parler des nouveautés de Genève. N’y étant pas, cela me semblait logique. Pourtant, je cède aujourd’hui face à ce que je considère comme l’une des informations les plus intéressantes du moment : l’Alfa Romeo Giulia. Sans être un alfiste pur et dur, j’ai toujours eu une certaine affection pour cette marque, et notamment pour ses voitures « haut de gamme » ! Depuis les années 70, Alfa se cherche sur ce segment, sans jamais réussir à trouver la martingale. De la 6 sortie trop tard (lire aussi : Alfa Romeo 6) à la 166 trop discrète malgré ses superbes moteurs (lire aussi : Alfa Romeo 166), en passant par la 164 issue d’un programme commun à Fiat, Lancia et Saab inaugurant la traction (lire aussi : Alfa Romeo 164), Alfa n’a jamais réussi à s’imposer dans un segment où la marque était pourtant légitime.
Alors quand sort une nouvelle grande Alfa, forcément ça m’intéresse, surtout quand autant de rumeurs courent sur elle. Présentée en juin de l’année dernière, la version Quadrifoglio Verde, hyper agressive et musclée (V6 Turbo de 510 ch) avait permis aux impatients d’attendre un peu ! Mais tous attendaient les versions normales, Giulia et Giulia Super pour se faire une idée plus précise et pour s’emballer (ou non). Entre temps, les rumeurs avaient enflammé le net : la voiture serait retardée, ou bien elle ne passait pas le crash test ! Il faut dire que parfois la communication du groupe FCA est étonnante, et celle de Sergio Marchione encore plus.
L’ensemble des critiques se concentrent d’ailleurs sur le flamboyant patron du groupe, à qui l’on reproche de faire de l’esbroufe pour cacher la misère. Beaucoup finissaient d’ailleurs par douter de la réalité de son plan de relance d’Alfa Romeo, malgré l’amuse gueule Giulia QV. Pourtant, les déclinaisons sages ont bien été présentées à Genève, avec des prises de commandes à partir d’Avril et des livraisons à partir de mai ! Les annonces sont trop précises pour douter de la sortie de la Giulia à ces dates là.
Alors qu’en général, les versions sportives sont les plus désirables d’une gamme, c’est totalement l’inverse qui se passe avec la Giulia. A mes yeux, la QV était outrancière, et finalement pas trop dans l’esprit d’une grande berline Alfa. On sentait l’envie d’en découdre avec les allemandes surpuissantes dominant le marché, mais est-ce vraiment ce que l’on attend d’une Giulia ? Pas moi en tout cas, et en voyant les versions « standards », me voilà rassuré : la Giulia est assez convaincante. Pas forcément sur le plan du style, auquel j’ai du mal à adhérer. Ses phares avant un peu globuleux me semblent ratés, et la ligne générale, surtout de ¾ avant, fait furieusement penser à une BMW Série 3. Mais au niveau technique, le retour à la propulsion est une vraie bonne nouvelle pour tout Alfiste (et tout amateur de ce segment).
Si le haut de la gamme (les versions les plus puissantes) auront recours à la transmission intégrale, les versions présentées à Genève retrouveront, elle, cette propulsion abandonnée avec la 164, soit depuis presque 30 ans ! Un retour aux sources salutaires, mais aussi un passage obligé dans ce segment. Certains constructeurs français feraient bien d’y réfléchir : pour exister à ce niveau, il faut ce petit supplément d’âme, cet indéfinissable charme des roues arrières motrices. Ce sont des détails qui permettent à l’homo erectus du 21ème siècle ayant réussi dans la vie de se distinguer du commun des mortels, et de se croire un peu plus pilote que les autres. Les allemands l’ont compris depuis belle lurette !
Côté moteur, deux diesels et un essence ont été dévoilés : 2.2 JTDm en deux puissances (150 et 180 ch) et 2 litres essence (200 ch). Sortiront ensuite un diesel de 210 ch, et un essence de 280 ch (pas besoin des 510 ch de la QV, cela suffira amplement). La plate-forme de la Giulia est quant à elle totalement nouvelle, la répartition des masses proche du 50/50, et les suspensions ont fait l’objet de toutes les attentions (avec semble-t-il des innovations brevetées de ce côté là).
Je ne suis pas un spécialiste du marketing automobile, et peut-être que cette Giulia n’arrivera pas à se faire sa place sur le marché, mais j’ai l’impression qu’Alfa a pour une fois mis toutes les chances de son côté. Les erreurs des précédents modèles ont été digérées, et la copie rendue semble très intéressante. La difficulté sera d’arriver à séduire les Alfistes (ce ne sera pas le plus dur) mais aussi de conquérir de nouveaux clients face à une concurrence bien établie (les allemandes) ou en devenir, comme la Jaguar XE (lire aussi : Jaguar XE). Une version Station Wagon serait un argument de plus, mais pour l’instant, rien ne filtre !
J’espère en tout cas avoir l’occasion de tester cette nouvelle voiture aux alentours de mai/juin pour vous en dire plus, mais l’offre est alléchante. Reste à savoir si le plan de relance promis par Marchione pour la marque au trèfle se concrétisera à tous les niveaux (le plan produit annoncé ou fuité était assez chargé), et si FCA a réellement les moyens de ses ambitions. En tout cas, après l’euthanasie de Lancia, et la (longue) traversée du désert d’Alfa avec une gamme réduite à peau de chagrin, je ne peux que me réjouir de voir se concrétiser la relance promise ! Affaire à suivre !