Alfa Romeo Disco Volante Touring : haute couture à l'italienne
L’autre jour, j’ai eu le plaisir d’arpenter le Mondial de l’Auto avec Laurens Van den Acker, le patron du design Renault, pour une petite leçon de design sur tous les stands du salon. En arrivant devant la nouvelle Alfa Romeo Giulia (lire aussi : Alfa Romeo Giulia), son discours fut très clair : « devant la Giulia, on peut dire good, mais pas great, une Alfa se doit d’être au top, et la Giulia hésite entre trop de styles pour être à 100 % réussie ». Sans être designer, c’était aussi mon avis, et cette petite phrase me fit repenser à la dernière Alfa qui m’avait fait rêver : la Disco Volante de 2012 et sa sœur Spyder présentée à Genève en 2016. Une Disco Volante siglée Alfa Romeo certes, mais fabriquée par la petite officine Touring Superleggera et dessinée par Louis de Fabribeckers.
Contrairement à la Giulia, la Disco Volante n’hésite pas, et choisit délibérément de s’inspirer de la contoversée C52 Disco Volante de 1952 dont elle reprend le nom. Avec cette nouvelle voiture, Touring propose un dessin radical que l’on dirait « clivant » aujourd’hui. Et moi, ça me plaît quand de vrais choix sont faits. D’ailleurs, pour vraiment apprécier les lignes de la Disco Volante, il faut la regarder plusieurs fois, sous toutes ses coutures, et découvrir un à un les effets de styles réussis du designer belge. Une fois cette observation des détails faite, vous découvrez alors une toute autre voiture, prêt à signer le chèque aussitôt.
Touring nous avait déjà fait le coup en 2008 en présentant une Maserati A8 GCS de toute beauté, bien plus dans l’esprit que les actuelles Maserati. Rebelotte en 2012 en présentant à Genève cette Disco Volante Concept, concept qui ne le restera pas longtemps puisqu’il était prévu qu’une petite production destinée aux « happy few » serait lancée. Exclusive, la Disco Volante l’est jusque dans le choix de sa base mécanique : c’est l’Alfa Romeo 8C produite à 500 exemplaires qui donnent son châssis, son moteur et ses trains roulants. On a vu pire choix !
C’est donc le V8 4.7 de 450 chevaux qui équipe cette Disco Volante, placé à l’avant et d’origine Maserati (c’est d’ailleurs à Modène, chez Maserati, que la 8C était assemblée). Dès 2013, la production en petite série commence : au total, seuls 8 exemplaires seront produits avant la présentation en mars 2016 à Genève de sa sœur, la Disco Volante Spyder qui, comme son nom l’indique, perd son toit en dur pour des panneaux de toit en fibre de carbone amovibles. Histoire de profiter du son du V8 cheveux au vent.
La production est en cours aujourd’hui, pour une série limitée à 7 exemplaires, ce qui fait qu’au total, en comptant le prototype de 2012, et les 8 exemplaires « coupé », ce sont 16 Disco Volante qui auront été fabriqués pour de petits veinards ayant l’avantage d’un compte en banque bien garni (il se murmure que la version Spyder, par exemple, coûte 500 000 $ hors options). Cela dit, pour ce prix là, on s’offre une vraie Alfa Romeo, au moins pour le style.
Cela dit, entre l’exclusive 8C (500 ex en coupé, 500 ex en Spyder), la relativement chère 4C (qui ne se vend pas aussi bien que prévu semble-t-il, et cette Disco Volante inabordable et bien trop rare, il devient compliqué de s’offrir une Alfa Romeo de caractère. Reste cette fameuse Giulia, qui a le mérite de tenter, et de fêter le retour de la propulsion pour les berlines aux trèfles, et dont la version Quadrifoglio et ses 510 chevaux affole les plus alfistes d’entre nous.
Mais comme Laurens Van den Acker, j’aurais aimé un style plus tranché, dans la même veine que cette fabuleuse Disco Volante. Certains me rétorqueront que les choix audacieux ne paient pas toujours dans cette catégorie (remember la Vel Satis, la Thesis, la Croma ou la Signum) : je répondrai donc qu’il n’est pas si facile de faire des berlines, et sans doute plus aisé de convaincre 15 riches clients d’acheter une Disco Volante au design pour le moins original. Ainsi va la vie automobile !