CLASSICS
ITALIENNE
SPORTS CARS

Alfa Romeo Tipo 33 Stradale : rêve inaccessible ?

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 03/08/2022

Pour ceux qui, comme moi, sont nés au mitan des années 70, une Alfa nommée 33 ressemblait plus à une honnête berline taillée à la serpe lancée en 1983, à l’âge où l’on regarde les compteurs pour imaginer la vitesse de pointe ! Forcément, une Tipo 33 dite “Stradale”, née en 1967, ça courait moins les rues pardi ! Quand un médecin me susurre : “dites 33”, c’est donc à la young banale que je songe plus qu’à la fabuleuse sportive des sixties, honte à moi. Revenons donc sur cette dernière qui, bien que rare, marqua son époque.


Le retour d’Alfa Romeo

Dans les années 60, Alfa Romeo n’est pas encore rentrée dans le giron de la toute puissante Fiat, loin s’en faut. Avec le soutien de l’État italien et de son bras armé industriel, l’IRI, la marque au trèfle possède encore une certaine superbe grâce à ses exploits sportifs dans les années 50 et son positionnement mi-sportif mi-bourgeois des années 60 : la Giulia n’en finit plus d’épater la galerie tandis que le Spider séduit toujours autant. Sa nouvelle filiale depuis 1966, Autodelta, n’en finit plus d’éblouir le monde entier par son savoir-faire tant du côté de la petite série (les Giulia GTA puis GTAm) que du côté course.




Avec la création en 1963 d’Auto Delta puis son absorption par Alfa en 1966 sous le nom d’Autodelta, la marque milanaise détenait aussi un certain atout en la personne de Carlo Chiti, figure emblématique de l’automobile italienne du début des années 50, passé par Ferrari et ATS. C’est avec lui qu’Alfa Romeo va revenir à la compétition avec la Tipo 33 qui, avec son châssis en polyester et son tout nouveau V8 de 2 litres et 270 chevaux, s’avère une redoutable concurrente.



Carlo Chiti à la baguette

Dès le départ, Chiti pense à dériver de cette sportive (produite à 30 exemplaires) une version route, “stradale” en italien, pour contenter quelques richissimes amateurs, forcément avertis : il s’agit tout bonnement de mettre en conformité à la route une véritable machine de course, nécessitant compte en banque bien garni et sérieux coup de volant. La ligne signée Scaglione épate encore aujourd’hui, faite de rondeur et d’agressivité contenue : on sent les muscles derrière le galbe féminin de la Tipo 33.




Présentée à Monza en 1967 puis à Turin la même année, la Tipo 33 Stradale fait sensation : mécanique pointue, design ambitieux, conduite sportive, complexité technique, prix démesuré, il était clair que cette “Stradale” demeurerait confidentielle ! Qui pouvait se payer cela car, comme dit plus haut, il ne suffisait pas d’en avoir les moyens : encore fallait-il pouvoir la conduire. Des 50 exemplaires envisagés, seuls 18 seront construits (plus 1 prototype), dont 13 seulement trouvant preneurs auprès de “vrais clients”, les 5 autres châssis servant à des études de style dont l’étonnante Carabo, dessinée par Marcello Gandini pour le compte de Bertone et qui marqua (elle aussi) son temps !




Chef-d’oeuvre mécanique et artistique

Haute performance, rareté, design à couper le souffle, voilà pourquoi la Tipo 33 Stradale truste les charts depuis des lustres : cette voiture n’est clairement pas donnée à tout le monde, à l’époque comme aujourd’hui. Certes, le moteur V8 est dégonflé par rapport à la version “Corsa”, avec “seulement” 230 chevaux, mais pour un poids de 700 kg seulement. Il s’agit bien d’une voiture de course car, une fois assis dans la bestiole, on est au ras du bitume, et si la puissance reste “modérée” (tout est relatif), le moteur monte dans les tours à la façon d’une Honda S2000, sa puissance maxi s’accrochant à 8 800 tours tandis que le compteur gradué indique les 10 000 tours potentiels. Autant dire qu’il s’agit d’une mécanique d’orfèvre dans un écrin de luxe.





Finalement, le vrai problème de la 33 Stradale, c’est qu’on ne l’aura jamais et que son prix faramineux empêchera même l’idée d’un test de quelques minutes sur un circuit. Il y a deux écoles : ceux qui aiment rêver et ceux qui détestent. Les premiers seront simplement ravis de l’apercevoir le temps d’un concours, d’un rassemblement ou d’une course d’époque tandis que les seconds feront tout pour l’avoir (ou pour l’oublier). Et vous dans quelle catégorie êtes-vous ?

Carjager vous recommande

undefined
Alfa Romeo 8C Competizione : quand le cadavre bougeait encore
En ce début de siècle, le prototype de la 8C Competizione témoignait donc d’un optimisme communicatif, d’autant plus que le concept-car présenté en Allemagne ne réjouissait pas seulement l’œil de l’esthète mais présentait de surcroît une fiche technique particulièrement alléchante.
Nicolas Fourny - 13/11/2022
Lire la suite
undefined
Rencontrez notre équipe : Louis-Xavier et sa capsule à voyager dans le temps – Alfa Romeo « Scalino »
Les automobiles « passion » ne sont pas seulement notre affaire, elles sont aussi ce que nous aimons le plus dans notre vie personnelle. La plupart des membres de l’équipe CarJager ont un lien spécial avec une auto unique. Aujourd’hui, nous vous présentons notre co-équipier Louis-Xavier et son Alfa Romeo Giulia GT Junior « Scalino » de 1966.
Daniel Brooks - 12/09/2022
Lire la suite
undefined
Alfa Romeo 1750 Berlina : « L’Alfamiliale »
Alfa Romeo vit des temps difficiles. L’ancien petit constructeur au prestige acquis en compétition avant-guerre, aux si désirables autos Dolce Vita, a construit de dynamiques familiales, que l’on chercherait plutôt dans la production germanique actuelle. L’Alfa Romeo 1750 berline était une routière confortable et énergique, construite autour d’un moteur brillant dont peu de constructeurs pouvaient alors faire le pendant dans ce registre de véhicule.
Jean-Jacques Lucas - 05/08/2022
Lire la suite

Vendre avec CarJager ?