Alfa Romeo 156 GTA : sur un air d'opéra
Lorsque en 1997 apparut l’Alfa Romeo 156, ce fut un succès immédiat, véritable renouveau de la marque au trèfle qui végétait depuis le début des années 80. Bien sûr, la 155 avait déjà un peu préparé le terrain, honnête berline qui rebuta les Alfistes purs et durs par son passage à la traction, mais qui rencontra tout de même un relatif succès…. Mais sans doute que pour faire la pilule de ce changement radical, il lui aurait fallu une plastique moins passe-partout. C’est alors que sous la houlette de Walter da Silva, Alfa nous pond une superbe 156 qui fit croire pendant quelques années que la marque italienne pourrait bientôt rivaliser avec les marques allemandes.
Elue voiture de l’année en 1997 (une première pour Alfa), la 156 rencontra donc un vif succès, allant même jusqu’à conquérir une nouvelle clientèle jusqu’alors peu encline à rouler en berline italienne. Mais pour satisfaire les amateurs « sportifs » de la marque, Alfa ne proposait qu’un seul moteur avec un peu de chevaux, le V6 « Arese » dit Busso, en version 2,5 litres et 187 ch. Pas mal pour le commun des mortels, mais trop peu pour les Cartofoli (qui lui roulait en Lancia) amateurs du trèfle.
Il faudra 5 ans (le temps de se refaire) pour qu’Alfa sorte, en même temps que la deuxième série de 156, une version sportive de sa 156, la GTA (Gran Turismo Alleggerita), avec un Busso porté à 3,2 litres et développant tranquillou ses 250 ch ! Bien entendu, il restait encore du chemin pour aller vraiment taquiner les M3 de chez BMW, mais cette GTA compensait habilement grâce à l’agrément de son moteur.
Car c’est là qu’est la vraie qualité de la voiture : il s’agit d’une diva vous chantant parfaitement un air d’opéra dès qu’elle monte dans les tours. Et c’est sans doute cela qui ravira le plus les amateurs de mécaniques italiennes. Cette ultime évolution du Busso datant tout de même de 1979 et de la sortie de l’Alfa 6 (lire aussi : Alfa Romeo 6) est sans doute la plus aboutie et, ce qui ne gâche pas le plaisir, l’emballage étant pour une fois très réussi !
Oui, le moteur est le point fort de cette voiture, permettant d’embarquer les 1410 kg de la bête à 250 km/h, mais il n’y a pas que ça ! La ligne de la 156, sublime au naturel, ne s’en sort pas trop mal des « ajouts sportifs » (nouveaux boucliers, jupes latérales). Les jantes de 17 pouces (soit OZ à bâtons, soit « Alfa » à gros trous) lui donnent une gueules d’enfer, avec les étriers Brembo rouge apparents ! Si la 156 reste une traction, elle commence à ressembler à une vraie Alfa, et surtout, est disponible en break (Station Wagon). La boîte Selespeed était aussi proposée, mais avec le recul, la boîte manuelle est sans doute préférable (enfin chacun ses goûts).
Pour ceux qui voudraient une version encore plus sportives, il existe des évolutions réalisées par Autodelta en Angleterre (lire aussi : Alfa Romeo 156 GTA 3.7 Autodelta), mais rares et chères, autant se contenter de l’originale déjà suffisamment intéressante et surtout plus courante. Entre 2002 et 2005, elle sera produite à 4651 exemplaires, dont seulement 1174 breaks. C’est en même temps beaucoup et peu, et aujourd’hui, les qualités de la voiture alliées à sa rareté font que la cote remonte malgré sa relative jeunesse sur le marché de l’occasion.
Quand on voit l’actualité de la marque aujourd’hui, on se demande comment Alfa Roméo a pu passer d’un best-seller et d’une situation de croissance au début des années 2000, à la situation actuelle. Pour des raisons d’économie, et sans doute aussi pour satisfaire GM qui fut actionnaire de 2002 à 2006 et avec lequel fut signé des partenariats moteurs (Fiat fournissant notamment des moteurs diesel à Opel), la 159 qui succède à la 156 ne recevra pas de Busso, mais des V6 Holden. Adieu la spécificité des moteurs chantants et rageurs, place à des mécaniques solides, sérieuse, mais sans vrai caractère.
Aujourd’hui, on attend la Giulia telle l’Arlésienne (lire aussi : Alfa Romeo Giulia), présentée d’abord dans ses versions les plus sportives, comme pour tenter d’amadouer l’Alfiste et le faire patienter. Mais après tout, pourquoi attendre une hypothétique Giulia sans doute hors de prix, lorsque l’on peut s’offrir un Busso pour beaucoup moins cher ?