Smart ForFour : un four pour Mercedes
Smart avait révolutionné le monde de l’automobile avec son petit modèle deux places, taillé pour la ville et ses problèmes de stationnements. Lancée par Mercedes sur une idée du charismatique Nicolas Hayek, fondateur de Swatch, la Smart FourTwo apportait un vrai plus sur le marché. Mais la marque allemande, consciente de sa dépendance à un seul modèle, décida d’élargir la gamme, en proposant un roadster (puis coupé) en 2003, et en 2004, la ForFour, un modèle 4 places concurrent des citadines comme la Renault Clio ou Peugeot 207.
Avec la ForFour, Smart devait résoudre un problème quasi insoluble : comment garder la spécificité et l’originalité de la marque sur un créneau très conservateur, celui des citadines 5 places. Car si la ForTwo apportait un vrai plus, et si le roadster avait pour lui l’originalité et le fun, que pouvait bien proposer de plus la ForFour ?
Smart prit donc l’option d’un conservatisme maquillé sous une carrosserie très « smart », bicolore et faite de panneaux en plastiques donnant l’illusion d’un style novateur. A l’intérieur, on jouait aussi la modernité, mais était-ce suffisant pour s’installer sur un marché si concurrentiel ?
Alors que Smart continuait à perdre toujours plus d’argent, Mercedes nouait un partenariat avec Mitsubishi pour l’assemblage de la ForFour aux Pays-Bas, dans l’usine Nedcar de Born. Pour réduire les coûts, la plate forme ainsi que de nombreuses pièces furent reprises de la Colt. Les moteurs essence venaient tous de chez le constructeur japonais, avec des 3 cylindres (1 litres et 1,1 litres de 64 et 75 ch) et 4 cylindres (1,3 et 1,5 litres de 95 à 109 ch), tandis que les diesels provenaient, eux, de chez Mercedes-Benz (3 cylindres de 1,5 litres et 68 ou 95 ch).
En 2005, afin de dynamiser la gamme, Smart lançait une version Brabus de sa 5 portes. Le préparateur allemand attitré de Smart (il s’était déjà occupé du Roadster) s’employa à booster le 1,5 Mitsubishi qui, grâce au turbo, grimpait à 177 ch. Une vraie petite bombe qui coûtait plus du double d’une ForFour de base (25 900 euros contre 11 000 euros pour une ForFour 1,0 Pure).
Mais malgré l’arrivée de ce porte drapeau, l’annonce était faite en 2006 : Smart stoppait la production de la ForFour. Elle n’aura vécu que deux ans. Il faut dire qu’elle n’aura jamais réussi à percer sur le marché très difficile des citadines. Sans grands défauts, mais sans grandes qualités non plus, plutôt chère, avec une finition plutôt légère, elle n’avait pas les armes pour résister. Surtout, Mercedes commençait sérieusement à s’agacer des pertes de sa filiale Smart, d’autant qu’elle était alors empêtré dans sa fusion difficile avec Chrysler (lire aussi : Daimler-Chrysler, le mariage raté du siècle). L’heure n’était plus à la fête, et de cette période douloureuse ne survivra que la Smart originelle, la ForTwo. Exit donc le Roadster et surtout la ForFour.
Aujourd’hui, la ForFour n’est pas encore rentrée dans le monde de la collection, mais juste de l’occasion. Il y a donc de bonnes affaires à faire pour s’offrir une petite voiture originale et plutôt exclusive vu son échec commercial. Surtout en version Brabus, plutôt performante (avec un chassis impeccable) et encore plus rare ! On trouve des ForFour à partir de 2000 euros et des Brabus à partir de 5000 euros. A vous de voir !