Saturn Aura : demi-soeur de Vectra C
Dans les années 90, Saturn fut créée pour résister à l’invasion japonaise avec des voitures sympas et fun, accessibles et susceptibles de séduire une clientèle plus jeune et moins conservatrice. Mais dans les années 2000, la marque tourna casaque (et ruinant tous les efforts précédents) pour tenter de rentabiliser un maximum des plates-formes, notamment issues d’Opel. C’est ainsi qu’apparut aux USA, en 2006, une voiture au physique connu par chez nous, censée rivaliser avec les imports européens : la Saturn Aura.
Lorsqu’en 2005 est présentée au North American Motor Show de Detroit le concept car Aura, la nouvelle direction stylistique et marketing de Saturn ne faisait plus aucun doute : adieu les originales S-Series (lire aussi : Saturn S-Series) et les insipides L-Series japonisantes, place aux économies d’échelle avec des voitures issues de la production européenne d’Opel. L’Aura concept ressemble en effet comme deux gouttes d’eau à l’Opel Vectra C post-facelift apparu justement en septembre 2005. L’Aura signait le coup d’envoi de la nouvelle orientation de Saturn, qui ne se fit pas attendre.
L’Aura de série arriva bien vite en concession. L’enjeu était important : il s’agissait tout bonnement d’offrir un produit de qualité et au style moderne et dynamique pour relancer une marque qui s’était un peu perdue au début des années 2000 (notamment avec le L-Series), tout en espérant une rentabilité qui faisait cruellement défaut en utilisant une plate-forme déjà existante (la plate forme GM Epsilon), des éléments mécaniques communs avec l’Opel Vectra, et des moteurs bien américains ceux-là, issus de la banque d’organe GM. Avec l’Aura, on notait aussi une montée en gamme (et en prix), notamment avec deux « gros » moteurs V6 sous le capot.
Attention, malgré les apparences, il ne s’agissait pas tout à fait d’une Opel Vectra rebadgée donc. Si elle partageait bien des éléments mécaniques ou de carrosserie, ainsi que la même plate-forme, elle différait en de nombreux détails intérieurs et extérieurs, et surtout par ses moteurs. En haut de la gamme, on trouvait l’Aura XR, avec son V6 3.6 et 252 chevaux sur les roues avant (oui, l’Aura était une traction, Epsilon oblige) issu des Cadillac CTS et STS, avec une boîte automatique à 6 vitesses. En dessous, place à la XE au V6 de 3.5 et 219 chevaux (BVA à 4 vitesses seulement). Puis venait l’Aura Green Line dotée d’un 4 cylindres 2.4 accolé à un petit moteur électrique d’appoint pour une puissance totale de 164 ch. Les voitures n’étaient pas importées d’Allemagne, mais bel et bien fabriquée aux USA, dans le Kansas. Rien à voir donc avec la Cadillac Catera, une Omega grimée venant directement de chez les amis teutons (lire aussi : Cadillac Catera), tout comme la BLS venait de Suède et des usines Saab (lire aussi : Cadillac BLS).
Cette nouveauté devait être le fer de lance de la nouvelle gamme Saturn car entre 2006 et 2008, d’autres produits arrivèrent dans le même esprit : la Saturn Sky dérivée de l’Opel GT, la Saturn Astra qui elle dérivait de l’Astra européenne, et la nouvelle Vue sur base d’Opel Antara. De quoi ne pas dérouter un européen expatrié aux USA.
La gamme très européenne de Saturn, avant que le Vue ne provienne lui aussi de la gamme OpelL’Aura ne sera vendue aux Etats-Unis qu’entre 2006 et 2009, à 160 485 exemplaires. C’était tout de même mieux que l’Astra qui ne réussira péniblement à atteindre les 18 266 unités en deux ans. Mais de toute façon, la crise de 2008 ayant sérieusement ébranlé GM et la marque Saturn n’ayant pas réussi à se sortir de l’ornière, le clap de fin fut inévitable. Le projet d’un remplacement de l’Aura par un dérivé de l’Insignia n’aura pas lieu, et c’est Buick, en Chine qui reprendra le projet sous le nom de Regal, pour le plus grand bonheur des chinois.