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SUÉDOISE

Saab 9-1, 9-3 et Sonett "Phoenix" : la gamme suédoise qui ne vint jamais

Par - 18/05/2018

Il est un peu facile de vouloir refaire l’histoire, et comme dit l’expression, « avec des si, on mettrait Paris en bouteille », mais voilà, lorsqu’on est fan d’une marque, on ne peut s’empêcher d’avoir des regrets. Car après tout, il y avait de la place pour une marque décalée comme Saab, et si on peut reprocher des erreurs à Victor Muller et à Spyker (lire aussi : Spyker), on ne peut pas nier qu’il a tenté de préserver une certaine identité Saab, notamment en engageant le designer Jason Castriota, chargé de dessiner les futures Saab sur la nouvelle plate-forme Phoenix. Voici donc la gamme suédoise à laquelle nous avons échappé, à regret pour certains (dont moi), fort heureusement pour les autres (ceux pour qui le style doit être consensuel).

Le concept-car Phoenix, présenté à Genève en 2011

Dès 2010 et le rachat par Spyker, il était évident que Saab ne pouvait pas vivre éternellement sur l’héritage GM qui avait donné naissance à la superbe berline 9-5 (lire aussi : Saab 9-5 NG) mais aussi, un peu plus tard, à l’intéressant SUV 9-4X (lire aussi : Saab 9-4X). Il fallait à tout prix se débarrasser de l’encombrante tutelle technique du géant de Détroit, cette tutelle qui d’ailleurs empêcha toute reprise sérieuse par un industriel chinois, GM refusant de voir ses technologies passer à des concurrents de l’Empire du Milieu (la vente ultérieure à NEVS n’abandonnait que les droits sur l’antique 9-3, mais en aucun cas sur la 9-5 ou le 9-4X : on sait ce qu’il adviendra ensuite, SAAB AB refusant ensuite à NEVS le droit d’utiliser la marque par manque de projet sérieux).

Bref, avec des moyens particulièrement limités, les équipes de Saab s’attelèrent à la tâche pour créer de toute pièce une plate-forme modulaire permettant de créer une gamme cohérente et nouvelle s’articulant, au départ, sur une compacte (la 9-1), une berline (la 9-3) et un coupé (sous le nom de Sonett, en l’hommage à son ancêtre, lire aussi : Saab Sonett). Avouez qu’aux côtés des 9-5 berline et break, et du 9-4X, la gamme aurait eu de la gueule. Nom de la plate-forme : Phoenix, un nom opportun alors qu’on s’activait à relancer la marque.

La Saab 9-1 devait être une compacte 3 portes fun et branchée

Du côté du design, Jason Castriota s’attaquait à tous les chantiers en même temps : les grandes lignes des 3 modèles prévus, mais aussi la réalisation d’un concept-car annonçant les nouvelles tendances de la marque en matière de design, mais aussi techniques (nouvelle motorisation hybride, nouvelle plate-forme, la fameuse Phoenix). Présenté au Salon de Genève 2011, le coupé Phoenix (pourquoi se priver de ce nom évocateur?) était donc annonciateur de la suite.

La Sonett, version coupé de la 9-3 Phoenix

Ses lignes hautes, musclées, dérangeantes (à la manière d’une Saab) mais assez simples évoquaient d’ores et déjà les 3 futurs modèles : regardez les images et vous verrez de nombreux détails prévus sur les véhicules de série, notamment ce capot avant solide et gonflé. Outre la nouvelle tendance stylistique, le concept Phoenix ouvrait la nouvelle voie technique de Saab. Dans la tendance « Biopower » des années 2000, la marque suédoise voulait entrer dans l’ère de l’hybride. Mais pour cela, adieu les moteurs Opel, fussent-ils modifiés à la sauce suédoise : place à un nouveau bloc moteur d’origine PSA-BMW, le fameux 4 cylindres essence 1.6 litre, mais remanié par Saab pour obtenir 200 chevaux. Surtout ce 4 pattes agissant sur les roues avant était coupé au système eXWD, un petit moteur électrique de 34 chevaux agissant lui sur les roues arrières.

Revenons aux futurs modèles. Si la 9-1 et la Sonett étaient séduisantes, ces modèles restaient anecdotiques par rapport à la 9-3 qui devait évidemment réaliser l’essentiel des volumes aux côtés des 9-5 et 9-4X. Il faut le reconnaître : cette 9-3 Phoenix était clivante, comme on dit. Difficile de la trouver belle au premier abord, comme ce fut le cas pour la 9-5 NG. Mais elle captait justement parfaitement l’identité Saab : décalée, ne ressemblant à personne, montrant sa différence. En cela, elle était tout à fait dans la lignée de la mythique Saab 900 (lire aussi : Saab 900 OG).

L’avant s’inspirait très fortement du concept Phoenix, tandis que l’arrière plongeant était totalement dans la mouvance des 900 OG, 900 NG (lire aussi : Saab 900 NG) mais aussi des 9-3 de première génération. Certes, elle n’aurait pas plu à tout le monde, mais personne n’aurait pu renier ses origines. C’était bien une Saab, une vraie. Bien entendu, les plus puristes auraient regretté le bon vieux 4 cylindres d’origine Triumph et son Turbo, mais que voulez-vous, il fallait vivre avec son temps, et la fourniture du 1.6 BMW/PSA n’était pas une injure faite à Saab.

Malheureusement, les soucis financiers de Spyker/Saab eurent raison de ces projets, même si Victor Muller espéra un temps produire sur la base de la plate-forme Phoenix avec le chinois Youngman. Il fallut déclarer Saab en faillite, puis revendre à NEVS sans pour autant lui céder les droits de cette nouvelle plate-forme. On sait ce qu’il advint ensuite. Les 9-1, 9-3 et Sonett « Phoenix » ne virent jamais le jour ni la route, et restèrent à l’état de projets sans même qu’un seul prototype soit réalisé.

Le site de Jason Castriota : Castriota Design

Images : Jason Castriota (c)

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