Renault 4CV Jolly: voiture de plage à l’italienne
Quand l’été approche, l’envie de posséder une voiture dite « de plage » se fait plus présente, lancinante, malgré l’absence de beau temps en cette fin de mois de mai. Les moins originaux rêveront à une Citroën Méhari, dans sa version thermique évidemment (lire aussi : Citroën Mehari), d’autres se laisseront tenter par l’interprétation du genre réalisée par Renault et Teilhol avec la Rodéo (lire aussi : Renault Rodéo), quand les plus audacieux rechercheront une Mega Club ou Ranch (lire aussi : Mega Club et Ranch) ou une Teilhol Tangara (lire aussi : Teilhol Tangara). Avec les voitures de plage françaises, on est plutôt dans l’utilitaire dérivé de sa fonction première pour devenir à l’usage un véhicule de loisir.
Chez nos amis italiens, la démarche était un peu différente, notamment avec la série des « Jolly », ces voitures décapsulées par Ghia pour devenir des voitures de villégiatures, pour se rendre de la villa au restaurant, ou du yacht à la plage privée ! La légende veut que la première Jolly, sur base de Fiat 500, soit une commande de Gianni Agnelli himself, pour ses besoins personnels, au carrossier italien Ghia… Le concept est alors totalement différent de ce qu’il se fait en France. Il s’agit d’une voiture définie dès l’origine comme une voiture de plage.
A partir d’un véhicule de série, on enlevait littéralement le toit pour le remplacer par une sorte de auvent, ou de parasol, appelez cela comme vous voulez. Loin de l’utilitarisme français, on entre alors dans le monde du loisir et du « luxe » (ces voitures étaient destinées à une riche clientèle malgré les petites dimensions et les motorisations modernes), avec des intérieurs décorés, des sièges en osier tressé et des franges à la toile protégeant du soleil et non de la pluie !
Un certain nombre de versions virent le jour, Fiat 500, 600 voire Multipla, qui réalisées par Ghia, prenaient le nom de Jolly. Agnelli, Onasis, et même Yul Brynner possédèrent une Fiat Jolly, parmi bien des grands et riches de ce monde. Ce que l’on sait moins, c’est que Ghia ne se limita pas à la production italienne, et oeuvra aussi à une version sur la base de la Renault 4CV !
Ainsi, si la Dolce vita vous tente mais que votre chauvinisme vous oblige à rouler « français », la solution existe avec cette Renault 4CV Jolly, construite à 50 exemplaires (selon le New York Times) en 1961. Allez savoir quelle mouche a piqué Ghia de transformer cette 4CV en Jolly la dernière année de sa production ? Alfa Romeo ne produisait pourtant pas ce modèle, se limitant à la Dauphine (lire aussi : Alfa Romeo Dauphine) ou à la R4 ! Les 4CV transformées sont donc d’origine françaises et portent un numéro de série classique. Seule la transformation est italienne.
Etrangement, de toutes les Jolly fabriquées par le carrossier, c’est la 4CV qui a le plus de charme. Ses portières ont disparu, et tout le long de la carrosserie courre une rampe de maintien du plus bel effet. Ses sièges en osier lui donnent un charme fou quand sa toile protectrice la fait ressembler à un éléphant de Maharadja ! Sous le capot moteur (arrière of course), on trouve sans surprise le 747 cm3 (type 663) de 21 ch. Pas de quoi en faire un foudre de guerre, mais est-ce vraiment important pour ce type de véhicule.
Objectivement, avec ses couleurs acidulées, elle est terriblement attachante… mais sa rareté entraîne inévitablement une cote élevée : les transactions sont rares, mais sachez qu’une 4CV Jolly mise aux enchères en 2003 par Bonhams était déjà estimée entre 12 et 16 000 euros. Je vous laisse imaginer quel pourrait être son prix aujourd’hui avec l’envolée insensée des tarifs ! Sachez en tout cas qu’il en resterait une douzaine en circulation ce qui, si vous avez le portefeuille bien garni, vous laisse une chance d’en acquérir une !