Range Rover CSK : sport et luxe en 4 roues motrices
En créant le Range Rover (dont les premiers prototypes circulèrent sous le nom de Velar), Charles Spencer King ne se doutait pas que 20 ans plus tard, un Range un peu particulier serait vendu à 200 exemplaires sous le nom de Range Rover CSK, utilisant ses initiales. Voici donc l’histoire du premier Range tourné vers la performance, préfigurant les SVR ou Range Sport d’aujourd’hui.
En 1990, Jean Leloup chantait la chanson du même nom, tandis que Land Rover balançait un pavé dans la mare avec son exclusif Range Rover CSK, présenté à la presse en septembre. Certes, le Range avait bien évolué depuis son lancement et proposait déjà des moteurs V8. Jusqu’alors c’était plus le luxe qui avait été la cible de Land Rover plus que la performance, avec des puissances allant de 135 chevaux (carburateur) à 155 chevaux (injection). Pas de quoi rendre le lourd Range Classic (plus de 2 tonnes) véritablement sportif.
Une série spéciale pour le Range Classic
En cette année 90 donc, le Range Classic n’est pas encore vraiment en passe de prendre sa retraite (il ne laissera sa place au P38A qu’en 1994), mais il s’agit de maintenir les ventes à un niveau correct, ainsi que les marges du constructeur. Voilà pourquoi Land Rover se met à proposer des séries spéciales et particulièrement cette série limitée CSK.
Sur la base d’un Range 3 portes, les ingénieurs de Solihull ont travaillé tant sur le moteur que sur la caisse. Pour le V8, réalésé à 3.9 litres, un nouveau système d’injection Lucas et de nouveaux injecteurs permettent de faire grimper la puissance à 185 chevaux : une évolution bienvenue, proposée aussi sur les autres modèles de la gamme.
Le CSK, contrairement aux autres Range, reçoit cependant des amortisseurs plus fermes, une barre anti-roulis ainsi qu’une nouvelle ligne d’échappement. Grâce à toutes ces améliorations, sa vitesse de pointe grimpe à 185 km/h tandis qu’il effectue le 0 à 100 km/h en 10 secondes. Pas mal pour l’époque : le CSK ouvrait la voie des SUV sportifs que l’on connaît aujourd’hui, en y ajoutant une bonne dose de luxe. Le plus amusant, c’est que Charles Spencer King “himself” fustigeait en 2004 lors d’une interview cette nouvelle mode du SUV sportif de luxe.
Luxe et puissance
Et du luxe, le Range CSK en propose : cuir, bois précieux, mais aussi téléphone intégré (rappelez-vous Radiocom 2000), lecteur CD avec chargeur, le nec plus ultra de l’époque. Avec une telle débauche d’équipements et d’améliorations techniques, il va sans dire que le tarif en prenait un coup : de 28 995 livres pour la version BVM à 5 rapports, jusqu’à 30 319 livres pour la version BVA à 4 rapports.
Réservé à l’Angleterre, le CSK trouvera pourtant son public et renforcera Land Rover dans cette idée de gentrification du Range. Pour la fin de sa carrière, le Range Classic n’en finira plus de se conforter dans le luxe, abandonnant une certaine rusticité, tout comme le Mercedes Classe G à l’époque.
Produit officiellement à 200 exemplaires numérotés (dont le n°200 fut un temps la propriété de Charles Spencer King), les Range Rover CSK sont aujourd’hui particulièrement recherchés par les amateurs du modèle. Un Range 5 portes LSE Vogue, doté du même moteur, cote environ 15 000 euros (selon LVA) : nul doute qu’un CSK se négociera plus cher, bien qu’il ne soit disponible qu’en conduite à droite.
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