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Peugeot 905 : la gloire française au Mans

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 06/08/2019

En France, on fait souvent un complexe d’infériorité en matière d’automobile. Pourtant, Renault, Citroën ou Peugeot ont souvent brillé en compétition. Le losange a notamment bousculé la Formule 1 avec sa RS 01 surnommée “yellow tea pot” tandis que Peugeot, quelques années plus tard, s’offrait le toit du monde en Rallye avec sa 205 Turbo 16. En ce début des années 90, le losange règne encore sur la F1 en tant que motoriste, alors que Peugeot s’attaque à l’endurance avec la fabuleuse 905.

Les premières 905 engagées en 1990 et 1991 sont prometteuse, mais manquent de fiabilité.

Au début des années 80, Peugeot tenta l’aventure Formule 1 en prenant 70 % de l’écurie Ligier et en tentant d’imposer Talbot sur le segment du “luxe et du sport”. Grâce à Matra, dont il détenait alors 45 %, un V12 atmosphérique français rugit dans le paddock. Pourtant, l’aventure tourna court par manque de moyen et l’obligation de se recentrer sur les vrais objectifs : sauver le groupe grâce à deux modèles, la Citroën BX d’abord, puis la fameuse Peugeot 205. A Sochaux, on sait qu’on tient là un sacré numéro, et avec Jean Todt à la baguette, on décide de tout miser sur elle en compétition. Avec la 205 Turbo 16, Peugeot régnera sur le rallye, puis sur le rallye raid. Par la suite, la 405 puis la ZX continueront à s’imposer dans le désert.


Après les Rallyes puis les raids, Le Mans

Au début des années, il faut pourtant un nouveau challenge aux équipes de Peugeot Sport et à son patron, Todt. Avec la nouvelle réglementation décidée par la FIA en endurance, Peugeot peut partir d’une feuille blanche pour s’engager en Formule Sport. André de Cortanze va créer une superbe voiture, la 905 : châssis et coque en fibre de carbone, carrosserie en carbone kevlar (le tout conçu avec l’aide de Dassault Aviation), jantes en magnésium, mais surtout un fabuleux moteur V10 ouvert à 80°, de 3,5 litres de cylindrée et développant 650 chevaux.

Avec l’Evo 1 Bis, l’aérodynamique est retravaillée, tandis que la voiture est fiabilisée

Peugeot ne mise pas tout sur la puissance ni sur l’innovation, mais conçoit une voiture fiable, légère (780 kg sur la balance) et, cerise sur le gâteau, belle. Dévoilée en juillet 1990 à Magny-Cours, elle est engagée pour la première fois en septembre de la même année au Canada pour la dernière course de la saison 90. Pour la saison 1991, l’heure est à l’apprentissage. D’abord pour fiabiliser l’engin qui, avouons-le, a du mal sur la durée… La 905 se montrera très fiable, mais après… En 1991, ce n’est qu’un galop d’essai et malgré une victoire à Suzuka, on est loin du compte, et les deux bolides franc-comtois sont contraints à l’abandon dans la Sarthe.

Victoires en terre mancelle

1992 sera une autre limonade : Peugeot a bien conscience qu’il faut gagner, d’autant que la concurrence s’est faite la malle. Adieu les Jaguar et autres Porsche, ne reste plus que Toyota pour tenter d’empêcher le lion de rugir dans la Sarthe. Mais du côté de l’ACO, on fait tout pour ce que ces protos soient toujours dans la course, même si la catégorie GT commence à prendre de l’ampleur. Venturi a montré le chemin avec le Gentleman Trophy organisé par BRP (dont Stéphane Ratel et Patrick Peter) et l’heure des GT approche en endurance. Peugeot va cependant faire de la résistance avec ses vaillantes 905.

Cette année-là donc, Peugeot arrive en force. Ses deux 905 doivent gagner. Elles ont bien changé depuis 1990, passant par le stade “Evo 1” puis “Evo 1 bis” : le travail se joue surtout au niveau de l’aérodynamique. Enfin fiable, robuste, performante et pilotée par d’excellents pilotes (notamment Yannick Dalmas, Mark Blundell et Dereck Warwick), la 905 Le Mans 92 remporte Le Mans 92  haut la main, tandis que l’équipage Alliot-Jabouille-Baldi arrache la 3ème place. Pour cette saison, Peugeot arrache le titre de champion du monde “pilote” de la catégorie, avant que la FIA ne suspende les épreuves, faute de concurrents.

La fin de la formule Sport et le règne de GT

A l’ACO, hors de question d’abandonner la formule Sport et ses protos… Pour l’année 93, les 905 seront donc à nouveau au départ de la course mancelle, tout comme Toyota et ses TS010. Peugeot engage trois voitures, trois 905 qui s’arrogeront le triplé mais contre toute attente, c’est l’équipage le moins expérimenté qui remportera l’épreuve, avec Bouchut, Hélary et Brabham aux manettes. Avec deux victoires coup sur coup au Mans, Peugeot pouvait dignement se retirer de l’endurance malgré un proto dit “Evolution 2” (voire supercopter) qui n’entrera jamais en compétition mais servira au nouveau challenge de la marque : mettre au point le V10 de Formule 1, Peugeot ayant décidé de rejoindre l’épreuve reine avec McLaren pour la saison suivante (un fiasco, on le verra).

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, on peut aujourd’hui acheter des 905, à condition d’avoir un solide compte en banque. Six exemplaires (EV1 ou 1bis) plus un seul EV2, soit 7 Peugeot 905 furent produites : l’EV12 et l’EV17 restent la propriété de Peugeot, mais les autres (EV13, EV14, EV15, EV16 et EV2.1) sont potentiellement “achetables”. A vous de voir si la gloire du Mans vous tente suffisamment pour craquer le PEL.

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