Peugeot 504 : « el Yeyo » à la conquête de l’Argentine
Pour l’amateur de voitures françaises, la Peugeot 504 fabriquée en Argentine a quelque chose de mythique ! Non seulement elle a su, durant ses 30 ans de carrières au pays de gauchos, devenir une icône nationale, détrônant la Torino dans le cœur des argentins (lire aussi : Renault Torino), mais elle a aussi initié un niveau visage à l’honorable berline de Sochaux, la rendant presque moderne jusqu’à la fin de sa commercialisation en 1999.
Bien sûr, la 504 Argentine ne sera pas la dernière des 504 produites dans le monde : sa sœur nigériane perdurera jusqu’en 2005. Elle sera en revanche la plus produite hors de France, avec un total non négligeable de 496 693 exemplaires vendus. Pas mal non pour cette mamie sortie en 1968 en France, et à peine un an plus tard en Argentine.
La 504 lors de son premier restylage en 1983Au début des années 60, les 403 et 404 sont déjà fabriquées localement, sous licence et en CKD, par la société IAFA, mais la situation économique en Argentine l’amène à de grandes difficultés. Peugeot décide donc de reprendre en main la situation, et créé en 1965 la Société Automobile Franco Argentine (SAFRAR) à parts égales avec son compatriote Citroën (qui ne fait pas encore partie du groupe PSA, rappelons-le). L’usine d’IAFA, à Beratazegui, est reprise, tandis que la fabrication de la 403 est arrêtée. Désormais, seule la 404 défendra les couleurs du Lion : elle restera en fabrication jusqu’en 1979. C’est en octobre 1969 qu’est lancée la 504, qui, contre toute attente, s’imposera face à la concurrence.
La version pick up existe en simple ou en double cabineLa 504, malgré son statut de grande berline, permet de toucher de nombreux types de clientèle : en haut de gamme une clientèle statutaire, en moyenne gamme une clientèle familiale (avec notamment le break, importé lui de France), en bas de gamme une clientèle populaire, et pick up (introduit en 1981) une clientèle utilitaire. Sans compter sa robustesse légendaire qui en faisait une voiture très économique dans une Argentine soumise à des crises économiques récurrentes. Elle devint enfin familière à tous les habitants de Buenos Aires dont elle devint le taxi emblématique à partir du début des années 80.
La dernière génération de 504 (1er plan) et la première (3ème plan) encadrent la 405 dans la nuée des taxis argentins !En 1980, Fiat et Peugeot-Safrar s’allie pour créer Sevel Argentina, sur le modèle des premières collaborations dans les utilitaires initiées à la fin des années 70 avec Sevel Sud. Pourquoi cette alliance ? Tout simplement parce que l’Argentine, une fois encore, subit une importance crise entraînant une importante baisse des ventes, tandis qu’en France, Peugeot lutte pour sa survie après la reprise de Chrysler Europe (lire aussi : Le rachat de Chrysler Europe par Peugeot). L’alliance des deux marques permet de réduire les coûts (l’usine de Beratazegui sera fermée tandis que les 504 seront fabriquées dans l’usine d’El Palomar aux côtés des Fiat), d’unifier et de muscler le réseau commercial, tout en couvrant tous les besoins du marché : à Fiat les petits véhicules, à Peugeot les grands, avec la 504 puis la 505 lancée en 1981.
La nouvelle 504 SRX, parue en 1990Le lancement de la 505 n’enterre pas pour autant la 504, qui reste très populaire en Argentine. Décidé à lui donner une seconde jeunesse, les dirigeants de Sevel lui font subir un premier restylage en 1983. A nouveau pimpante, revoilà partie la 504 pour une nouvelle décennie ! Car malgré la présence de sa grande sœur sur le marché, « el Yeyo » (surnom populaire de la 504) ne sera jamais supplantée.
La nouvelle 504 de 1990 puis 1993 sur toute la gamme se reconnaît à ses feux arrières horizontauxEn 1990, un modèle haut de gamme, la SRX, sera même lancée, initiant un nouveau design dû à Pininfarina, modernisant la face avant, mais surtout la malle arrière, avec un bandeau horizontal en guise de feux arrières. En 1993, ce restyling sera appliqué à toute la gamme 504, lui permettant de tenir encore jusqu’en 1999, enterrant la 505 (dont la fabrication s’arrêta en 1997). C’est en 1994 que la 504 réalisera son meilleur score, grâce à son nouveau look, avec 24 970 exemplaires vendus. Mais en 1999, cela sentait vraiment le sapin, avec seulement 1796 exemplaires vendus.
Les nouveaux feux arrières en détail !Entre temps, en 1996, PSA avait racheté à Fiat ses parts dans la Sevel Argentina, récupérant l’usine d’El Palomar. Bien décidé à moderniser sa gamme, Peugeot rebaptise la société Peugeot Argentina en 1999, arrête la production de la 504, pour se concentrer sur le couple 406/306. Sachez qu’aujourd’hui, on trouve encore beaucoup de « Yeyo » en vente en amérique du Sud (elle fut aussi fabriquée au Chili) : si l’envie vous prend d’avoir une 504 relativement moderne, vous savez ce qu’il vous reste à faire !