Morgan Aero 8: la tradition en toute modernité
Jusqu’à cette année 2000, la petite officine Morgan vivait dans un monde à part, loin des turpitudes ou inquiétudes des grands de l’industrie automobile ou des fabricants de voitures de sport modernes ! Ses 4/4, Plus 4 ou Plus 8 assuraient le job sur une base datant de 1936, sans se soucier des modes, auprès d’une clientèle (souvent anglaise) désireuse de continuer à profiter d’une voiture « à l’ancienne » et d’une mécanique moderne. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Tout aurait pu continuer ainsi, de façon immuable. Mais Morgan, sous l’impulsion de son président d’alors Peter Morgan (décédé par la suite en 2003), jetait un pavé dans la mare au Salon de Genève 2000, en présentant l’Aero 8, une sportive moderne abandonnant la structure bois et acier de ses petites sœurs pour un châssis/cadre en alliage. Côté moteur, la petite firme anglaise s’était tournée vers le constructeur bavarois BMW pour offrir à sa belle un cœur à 8 cylindres, un V8 de 4,4 litres et 286 ch : du jamais vu à Malvern !
les premières Aero 8, bigleuses et moins puissantes, sont aujourd’hui les plus recherchées !16 ans après, l’Aero 8 est toujours là, et près de 1250 exemplaires auront été fabriqués malgré des tarfis indécents (118 000 euros aujourd’hui). Par ricochet, l’Aero 8 a redonné un coup de fouet à toute la gamme, replaçant la petite marque anglaise dans le top 10 des marques à la mode ! Incroyable tant l’Aero 8, malgré sa technologie moderne et son moteur béhème, s’offrait un look pour le moins bizarre, avec ses phares avant de New Beetle (lire aussi : Volkswagen New Beetle) placés à l’envers lui donnant un air louche !
En 2006, les Aero 8 reçoivent un petit coup de jeuneIl y a pourtant des miracles, et la clientèle pourtant conservatrice de la marque adopta la petite nouvelle en lui pardonnant son look. Pire, depuis que l’Aero 8 est passée chez l’ophtalmo pour corriger son regard, ce sont désormais les « bigleuses » que recherchent les collectionneurs, plus authentiques, plus moches, et donc plus désirables. La preuve que le marketing ne fait pas tout !
L’Aero GT3, qui courera de 2002 à 2009 au Mans !En 2002, la petite marque lançait un autre pavé dans la mare, en engageant une version GT3 réalisée par Auto GT aux 24 heures du Mans : participation symbolique, mais qui montrait l’envie de Morgan de revenir dans le giron des constructeurs qui comptent. Une série limitée à 15 exemplaires, la GTN, disposant du V8 Alpina de 4.6 litres et 347 ch, sera lancée en 2004 pour célébrer les nouvelles participations aux Mans, avec une peinture bi-ton du plus bel effet !
L’Aeromax dans sa version 2008 !Alors que les observateurs (dont moi) pensaient en 2000 que cette Aero 8 n’aurait qu’une vie relativement limitée et modeste, elle recevra des évolutions la rendant toujours plus désirable pour les grands et riches de ce monde. A la demande du Prince Eric Sturdza, également le parrain du fils de Charles Morgan, Max, une version coupé dénommée Aeromax (vous comprenez pourquoi maintenant?) sera présentée à Genève en 2005. Cette exemplaire unique sera décliné en série entre 2005 et 2010 à environ 100 exemplaires, avec des différences mineures mais nombreuses.
L’Aero 8 Supersports, version Targa, apparaît en 2010 !En 2008, les Aero 8 et Aeromax reçoivent un nouveau moteur BMW, le V8 de 4.6 litres et 367 chevaux, de quoi rendre encore plus performante le « flagship » de chez Morgan. En 2010, nouvelle évolution : adieu les Aero 8 (dont la production s’était arrêtée en 2009) et Aeromax, place aux Aero Supersports (targa) et Coupe (coupé donc!). La première sera vendue à 200 exemplaires, et la seconde à 50 exemplaires. En 2015, la production s’arrête tandis qu’une nouvelle Aero 8 est présentée à Genève, toujours avec son V8 de 367 ch. Malgré 5 générations (déjà) et des modifications régulières, l’Aero 8 survit encore, 16 ans après son lancement.
L’Aero 8 Coupe (en haut) et l’Aero 8 2015 (en bas)Aujourd’hui, l’Aero 8 a gardé ses caractéristiques stylistiques, hormis son regard bigleux redressé, et malgré un petit côté kitsch la rapprochant de la Bufori Geneva (lire aussi : Bufori Geneva), mélange d’ancien et de nouveau pas toujours heureux, elle continue à séduire une clientèle select, riche, et éprise de distinction. Avec des performances dignes d’une sportive allemande ou italienne (bien qu’un peu moins rigoureuse sans doute), elle offre une alternative très BR. Et si vraiment vous la trouvez too much, rabattez-vous sur la gamme classique de Morgan !