Mitsubishi Debonair A30/A33: haut de gamme "old school"
A moins d’être un « hyper-spécialiste » des voitures japonaises, on connaît souvent mal les modèles des « débuts », ceux qui ont permis à ces marques de l’Archipel d’apprendre, de grandir, et de se forger une réputation, au Japon ou à l’étranger. Souvent d’ailleurs, nous n’avons connu ces marques « exotiques » à l’époque qu’au travers de véhicules de conquête, souvent des citadines jouant sur leurs qualités : fiabilité, praticité, tarif canon. Pourtant, certaines marques ont commencé très tôt à jouer dans le haut de gamme, souvent pour répondre à une demande intérieure. Des modèles qui donneront naissance à une lignée que nous connaissons aujourd’hui sans en savoir l’origine. C’est le cas de la Mitsubishi Debonair, lancée en 1964, et qui demeurera quasiment inchangée jusqu’en… 1986 !
Mitsubishi, conglomérat « à la japonaise », s’intéressera assez tard à l’automobile grand public. C’est en 1959 qu’est formalisée la Mitsubishi Motors Corporation (MMC), malgré une tentative en 1917 avec 22 exemplaires produits du Model A, vite arrêté faute de marché. C’est avec un petit modèle citadin, la 500 (qui donnera naissance à la lignée des Colt) que Mitsubishi se lance à partir de 1960. Cette année-là, seuls 5203 exemplaires seront assemblés. C’est dire que la marque aux diamants n’est encore qu’un petit poucet. En 1963 est lancée la Colt 1000, plus grande et plus statutaire, qu’on pourrait dire « compacte » aujourd’hui.
Dès 1963 justement, Mitsubishi décide de continuer sa montée en gamme, et fait appel à un designer américain, ancien de chez GM, Hans Bretzner, pour dessiner la Debonair (drôle de nom n’est-ce pas?), grande berline destinée aux cadres de la marques (essentiellement), aux administrations, et pourquoi pas à quelques riches japonais. Présentée en octobre 1963 au Salon de Tokyo, elle se présente comme une grande berline inspirée du style américain de l’époque. Enfin, elle donne l’impression d’une grande berline, mais ses dimensions restent habilement sous la barre de 4,7 m de longueur, lui permettant de rester dans la catégorie des « petites voitures » (au Japon, il existait à l’époque 3 catégories : Kei cars, Petites voitures, et taille normale), moins taxée. Pour les mêmes raisons, la Debonair va recevoir un 6 cylindres de seulement 1991 cm3 développant 105 chevaux. L’idée de Mitsubishi est simple : rester dans une catégorie moins taxée pour favoriser sa diffusion. La Debonair « A30 » est lancée au printemps 1964.
En 1970, la Debonair va évoluer et recevoir une évolution du 6 cylindres, qui passe à 1994 cm3, offrant un surcroît de puissance (130 ch), recevant la dénomination A31. Cette version va vivre sa vie tranquillement jusqu’en 1976, date à laquelle elle deviendra A32 en troquant son 6 cylindres contre un 4 cylindres de 2.6 litres (!!!) et 114 ch. Suite à quelques modifications en 1978 (notamment pour respecter les nouvelles normes anti pollution), elle prendra le nom de code A33. Cette dernière version restera en production jusqu’en 1986 sans aucun changement (si ce n’est quelques détails).
On peut s’étonner d’une telle longévité pour un modèle de ce genre. Mais le marché japonais restant cloisonné et difficile d’accès pour les constructeurs étrangers, la concurrence n’était pas rude sur ce secteur, et presque tous les constructeurs japonais se gardaient de faire trop évoluer ces modèles destinés au marché domestique. De toute façon les volumes n’étaient pas faramineux, et on pouvait faire durer ces modèles pour les amortir le plus possible. Surtout que la clientèle japonaise de ce type de voiture restait terriblement traditionnelle.
Pourtant, en 1986, l’internationalisation des marques japonaises étaient en marche depuis quelques années déjà. Certains constructeurs, comme Honda avec la Legend, décidèrent de diffuser leurs grandes berlines à l’étranger, avec de nouveaux modèles plus modernes. Mitsubishi ne fit pas exception, et travailla à une nouvelle version de la Debonair, plus moderne. Avec cette nouvelle version, « Mitsu » changeait vraiment de style et d’époque, offrant même un kit AMG à son flagship, la V3000 (lire aussi : Mitsubishi Debonair AMG). Il était temps car en 1985, dernière année pleine de la Debonair A33, seuls 205 exemplaires avaient trouvé preneur.
Il semblerait que quelques exemplaires aient été importés au USA, ou en Europe, soit à l’époque soit par des amateurs dans les 20 dernières années. Il faudrait sans doute être un fan absolu de Mitsubishi pour vouloir s’en procurer une, mais après tout, ces Debonair A30, A31, A32 et A33 sont assez amusante par leur design vieillot et leur originalité. Pas de doute, avec une telle berline, vous ne passerez pas inaperçu !