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Mini 1275 GT: dans l’ombre de la Cooper S !

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 23/08/2022

Gagner de l’argent en fabriquant une petite voiture n’est pas toujours une mince affaire : il faut souvent de gros volumes de production et une organisation industrielle optimale. Or si la Mini fabriquée par le conglomérat automobile britannique British Leyland se vend bien, atteignant des parts de marché indécentes notamment en Angleterre, elle ne rapporte quasiment pas un sou. Il faut dire que l’organisation quasi « fédérale » du groupe et la gestion parfois approximative ne facilitent pas le gain d’argent en cette fin des années 60. C’est donc en tentant de « revaloriser » la Mini et de la rendre rentable que British Leyland va créer un vilain petit canard totalement « Boîtier Rouge » : la 1275 GT !

Photo de l'époque de la Mini 1275 GT en bord de mer

Ce modèle est beaucoup moins connu que sa sœur Cooper S qu’elle remplace pourtant en 1969, et surtout moins puissant. Pourtant, sa face avant (qu’elle partage avec la Clubman) lui donne un air si seventies qu’elle aura ma préférence par rapport à une Mini « classique ». Vous êtes perdus ? Revenons peu de temps avant 69 justement : la direction décide de gagner de l’argent avec un modèle de Mini un peu plus statutaire, mieux fini et plus grand, vendu inévitablement plus cher que la Mini. Hors de question pour British Leyland de développer un modèle totalement nouveau : le budget alloué pour la nouvelle voiture est ridiculement bas. Cette version aurait d’ailleurs pour tâche de remplacer les Riley Elf et Wolseley Hornet qui jusque là représentait le haut de gamme, tout en se vendant relativement peu !

Mini 1275 GT orange vue de profil

Le projet qui donnera naissance à la Clubman est lancé en 1967, pour aboutir donc en 1969. Toujours pour des raisons d’économie, British Leyland décide d’abandonner la version Cooper S (et donc d’arrêter de reverser des royalties à John Cooper) : c’est ainsi que la 1275 GT sera créée, avec un moteur de … 1275 cm3 comme la Cooper S, mais bien moins puissante (60 chevaux seulement contre 75 ch), avec un seul carburateur. Allez savoir pourquoi, la Cooper S cohabitera avec la 1275 GT pendant presque 2 ans, ce qui ne facilitera pas le démarrage de la nouvelle petite sportive.

La 4 000 000ème Mini sera une 1275 GT !La 4 000 000ème Mini sera une 1275 GT !

Moins sportive mais d’apparence plus moderne, la 1275 GT ne prendra réellement son envol qu’en 1971, avec le retrait définitif de la Cooper S. Dès lors, elle est présentée comme le top de la gamme Mini : un look de Clubman réhaussé d’une déco spécifique (stickers, calandre et jantes), un petit moteur pimpant et plaisant, la suspension hydrolastic (abandonnée sur la Mini Classic), on veut en faire une voiture à la mode, comme en témoignent les photos de la 1275 GT dans Carnaby Street, ou avec de belles pépés à ses côtés !

Mini 1275 GT devant une boutique

Vous me direz alors : mais pourquoi choisir une 1275 GT moins connue que la Cooper S, moins performante, et au look moins « Mini » ? Pour toutes ces raisons qui justement vous feront paraître pour un amateur éclairé et non un suiveur de tendances ! Et parce que son statut de vilain petit canard la rend bien plus abordable ! Et parce que j’ai une tendresse particulière pour les ratés automobiles. En outre, son avant spécifique virilise la petite anglaise, tout en préservant un air de famille indéniable.

La gamme Clubman, Estate et 1275 GT !La gamme Clubman, Estate et 1275 GT !
Affiche de pub de la 1275 GT

Cotoyant la Mini classique sur les chaînes, la 1275 GT ne sera cependant pas le bide qu’on veut bien présenter aujourd’hui : avec 110 673 exemplaires fabriqués entre 1969 et 1980, on était certes en dessous des espérances de British Leyland, mais on est loin de l’échec total. Elle quittera la scène en 1980 avec l’apparition de la Metro, dont les versions sportives vendues sous la marque MG sont aussi intéressantes (lire aussi : MG Metro Turbo et l’incroyable MG Metro 6R4).


Bref, c’est aujourd’hui qu’il faut se mettre en chasse de l’amusante et originale 1275 GT, pendant qu’elle n’est pas encore trop recherchée (enfin, ça commence hein, il faudra se presser). Originalité garantie, questions inévitables des badauds à la vue de sa calandre, et plaisir so 70’s assuré. Alors partant ?

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