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Austin Mini Countryman et Morris Mini Traveller : la Mini fait le break

Par Pault Clément-Collin - 28/07/2022

Lancée en 1959, la Mini fête cette année ses 60 printemps. Encore aujourd’hui, les collectionneurs s’arrachent ce petit morceau de l’Angleterre des années 60 qui sera produit pendant 41 ans, tant en Angleterre qu’en Italie (Innocenti), Espagne (Authi), en Yougoslavie (aujourd’hui Slovénie, dans l’actuelle usine Renault de Novo mesto), en Afrique du Sud ou en Australie, entre autres. Pour célébrer la Mini, nous avons décidé de mettre en avant l’une de ses variantes emblématiques : non pas la Cooper S, ni même la 1275 GT, encore moins le cabriolet, mais son adorable version break, appelée Countryman chez Austin, Traveller chez Morris et Mini T chez Innocenti.

L’Austin Seven (qui deviendra Mini) Countryman, woody (en bas) ou non (en haut)

On l’oublie souvent, mais il n’y a pas eu que les crises pétrolières de 1973 et 1979 qui ont influencé notre rapport à l’automobile. En 1956, la nationalisation du canal de Suez par l’Egypte et l’intervention franco-anglo-israélienne qui s’en suivra entraînera une pénurie d’essence qui durera jusqu’en 1957. Cette “crise pétrolière” sera particulièrement sensible en Angleterre qui produit  des petits véhicules peu gourmands en essence. C’est à cette époque qu’en Italie Fiat lance la petite 500, tandis qu’en Allemagne BMW propose depuis 1955 l’Isetta, produite sous licence. Cette dernière connaîtra justement un grand succès (dans une version cyclecar à 3 roues) en Grande-Bretagne lors de la crise de Suez et des mois qui suivirent.

Dans les années 60, le luxe n’est pas lié à l’équipement, mais au charme « british » qui s’en dégage.

L’ADO15 révolutionne les petites voitures

Chez BMC, le patron, Leonard Lord, comprend vite qu’il faudrait lancer rapidement une concurrente aux “petites” étrangères et va lancer un défi à l’ingénieur Alec Issigonis, débauché de chez Alvis en 1955 : produire une vraie voiture en miniature. Elle devra tenir dans une boîte de 3 mètres de long pour 1 mètre 20 de haut comme de large, sans sacrifier l’habitabilité et proposant une technologie moderne. Il faudra 2 ans de travail et de développement à Issigonis et ses équipes pour concevoir sous le nom de code ADO15 l’Austin Seven (qui deviendra Austin Mini en 1961) et la Morris Mini. Avec ses roues de 10 pouces aux quatre coins, son petit moteur de 848 cc (33 chevaux) monté transversalement, ses suspensions à cônes en caoutchouc (en attendant le développement de la fameuse suspension Hydrolastic qui n’apparaîtra sur les Mini qu’en 1964), sa bouille adorable, la Mini rencontre tout de suite son public et séduit toutes les couches de la population anglaise au point de devenir le symbole du Swinging London au même titre que les Beatles ou les Rolling Stones.

La Mini apparaît en 1959 sous deux marques, Austin et Morris… Chez cette dernière, le break prend le nom de Traveller.

Présentée en avril 1959 et commercialisée en septembre de la même année, la Mini n’est tout d’abord proposée qu’en version 3 portes. Cette unique version semble suffire au lancement, mais BMC va rapidement proposer des variantes pour satisfaire la plus large clientèle possible. Si la Mini offre une bonne habitabilité pour 4 passagers, son espace de chargement reste très réduit. Aussi, pour séduire une population d’artisans ou de commerçants, BMC va lancer en 1960 la Mini Van, un fourgon tôlé sur un châssis rallongé, et faire d’une pierre deux coups en lançant dans la foulée la Countryman (chez Austin) et la Traveller (chez Morris).


Sur la même base que la Van, celles-ci reçoivent des vitres, une banquettes et une double porte arrière facilitant le chargement. Pour offrir un peu de distinction à ce dérivé d’utilitaire, et pour conserver une certaine cohérence avec la Morris Minor Traveller, les Mini vont recevoir une décoration “woody” du plus bel effet (et qui contribuera beaucoup à son succès). En 1962, BMC proposera à ses clients des versions sans boiseries (qui sont purement décoratives) mais la majorité des clients restera fidèle au bois. Les deux modèles suivront les mêmes évolutions que la berline, notamment le restylage de 1967 pour devenir Mark II ou le moteur de 998 cc et 40 chevaux.


Une Mini très « woody »

Ainsi gréées, les Mini Countryman et Traveller vont séduire jusqu’en 1970 une nouvelle cible : avec 108 000 exemplaires pour la première et 99 000 pour la seconde, les deux breaks vont remplir leur contrat, contrat qui ne sera pourtant pas reconduit pour les années 70, seule la version Van utilitaire restant au catalogue jusqu’en 1980. Il existe aussi une autre version “break” de la Mini, et c’est en Italie qu’on la trouve. En 1965, Innocenti signe un accord de production sous licence de la petite anglaise, et dès 1966, propose la Mini T dérivée de la Countryman. Elle sera produite jusqu’en 1968 avec ses inserts de bois, avant de lancer la place à une version totalement tôlée appelée Mini T Metallica (rien à voir avec le groupe de rock hein !).

L’Innocenti T, Metallica (en haut) sans bois décoratif ou « classique » en bas…

En Italie, les Mini T resteront relativement confidentielles : 3 620 exemplaires pour la version woody, et 3 385 pour la version “métal”. Plus rares, les Innocenti sont à privilégier car elles ont la réputation d’être mieux construites que leurs homologues anglaises tout en étant souvent plus richement dotées. Quelques exemplaires furent aussi produits en CKD (kits de production) en Afrique du Sud et au Portugal, mais en très faible quantité. Rapportées au nombre total de Mini produites jusqu’en 2000 (environ 5,4 millions d’exemplaires), les quelques 200 000 versions breaks sont relativement rares, et surtout très recherchées aujourd’hui en collection. Elles conservent en effet les avantages qu’elles avaient à l’époque : un peu plus d’espace disponible que la Mini 3 portes et surtout le charme inimitable de ses boiseries “so british”. Un choix judicieux pour un premier pas en collection mais relativement onéreux, certains modèles comme la Countryman 1000 Mark II “woody” dépassant les 20 000 euros.

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