MG ZT 260 : l'ode à la joie
Aujourd’hui, nous allons parler de la voiture sans doute la plus « Boîtier Rouge » au monde. Une voiture qui réunit toutes les qualités requises : un blason prestigieux mais (presque) disparu, un look étonnant et détonnant sans être disgracieux, un gros moteur sous le capot avec un V8 de Mustang, rien que cela, une voiture encore plus rare qu’une Safrane Biturbo, et enfin, une propulsion cachée sous la carrosserie d’une traction, bref un beau bricolage comme parfois l’industrie automobile sait en faire naître, j’ai nommé la MG ZT 260.
Fallait être sacrément givré, alors que le pognon manquait, pour lancer la MG ZT 260 ou son pendant au drakkar la Rover 75 V8. Ou bien avoir des bollocks grosses comme ça… ou totalement inconscient. N’empêche qu’ils l’ont fait, les britons, ils l’ont fait ! Non parce que, sur un marché de la grande berline atone et archi-dominé par les allemandes, en ramant pour vendre des versions « classiques », fallait avoir siroté l’apéro tôt dans la matinée pour arriver à la réunion du lundi en clamant haut et fort : « les gars, on va pas se laisser emmerder, on est anglais et on fait ce qu’on veut. On va lancer les projets X12 et X13, prendre notre 75/ZT et lui fourrer un moteur maousse, tout changer à ses trains roulants pour en faire une propu, oui les mecs, une propu et si avec ça on réussit pas, on pourra mourir tranquille ». Et ce qui devait arriver arriva, MG-Rover disparut du moins dans sa version anglaise, mais en nous laissant en héritage ce drôle d’engin, de quoi humilier de la teutonne au feu rouge sans en avoir l’air.
La drogue, c’est mal !
En 2003, la X12 (berline) et X13 (break) sorties des délires d’ingénieurs et marketeurs britanniques se pointaient sur nos routes, comme un cheveu sur la soupe. Grimées en sportive (MG ZT) ou en salon anglais (Rover 75), les X12/13 étaient déjà collector avant de sortir des concessions. Un truc de malade mental pour le plus grand bonheur des handicapés de la bagnole que nous sommes aujourd’hui !
Attention, je ne parle pas ici de la voiture parfaite, du truc teuton où rien ne bouge et qui pousse au cul. Fabrication quasi artisanale (avec un développement réalisé chez Prodrive tout de même), gros moulin au rendement plutôt faible (260 bourrins, certes, mais pour 4,6 litres de cylindrée), pas de quoi, a priori, titiller Bertha… Bien entendu, aujourd’hui, une berline aux anneaux, aux haricots ou à l’étoile s’offre plus de 400 chevaux à piloter d’un doigt sans expertise particulière. La ZT 260 c’est donc de la gnognotte me direz-vous.
Oui mais non, car le véritable plaisir n’est pas d’avoir une voiture parfaite, mais d’avoir celle qu’on mérite. Or, la ZT260 fait partie de ces voitures capables de vous donner la banane, d’abord parce qu’elle ressemble à rien (votre voisin ne saura même pas dire la marque en voyant le logo), ensuite parce qu’il y a un peu de la Mustang en elle, et c’est déjà mythique, et enfin parce qu’elle vous ressemblera, vous le zozo de la bagnole, l’amoureux du bizarre, le fêlé de la totomobile !
Et ouais, la ZT 260, c’est une façon de vivre, un façon de voir, une façon d’être. C’est apprécier sa différence (la sienne, et celle de sa voiture), accepter d’être regardé, voire montré du doigt, mais aussi envié, au final, par tout ceux qui n’oseront jamais. La ZT 260, c’est une ode à la joie moderne, un condensé d’humanité qui détonne face à la perfection des automobiles d’aujourd’hui. La vie quoi !
Et puis avouez que s’offrir un jour une voiture fabriquée à 713 exemplaires, dont seulement 151 breaks ZT-T 260 (la Rover est encore plus rare, avec 170 véhicules, dont seulement 16 breaks Tourer), c’est faire partie d’une élite éclairée, toucher du doigt la distinction la plus totale et la plus classe. Et plutôt que de partir en chasse d’une 205 GTI convenue (et bien plus chère), entrez dans le monde des précurseurs, des visionnaires, heu non, que dis-je, des zinzins de la route ! Y’en aura pas pour tout le monde m’sieurs dames !