Maserati 3200 GT: le trait d'union !
La Maserati 3200 GT est une voiture charnière pour la marque au Trident. Née sous l’ère Ferrari, prémice du renouveau de Maserati, elle n’en est pas moins liée au passé, et particulièrement à la Biturbo si décriée. En exagérant un peu (mais je ne suis pas si loin de la vérité), la 3200 GT n’est rien de moins qu’une Maserati Shamal évoluée (pour son V8, lire aussi : Maserati Shamal), sur un châssis proche de celui de la Quattroporte IV (lire aussi : Maserati Quattroporte IV) à l’empattement plus long (oui oui!) permettant à ce coupé Grand Tourisme d’offrir 4 vraies places !
Je ne vais pas vous refaire toute l’histoire, mais Maserati, après une période flamboyante mais désargentée dans l’escarcelle d’Alejandro de Tomaso, passe sous pavillon Ferrari au début des années 90. Dans la corbeille de la mariée, des modèles descendant de la controversée Biturbo : la Shamal et la Quattroporte donc, mais aussi la Ghibli (que personnellement j’adore : Maserati Ghibli II). L’arrivée de Ferrari va changer la donne.
La Biturbo était un modèle qui d’une certaine manière avait sauvé la marque de Modène après l’ère Citroën. Malgré un certain nombre de qualités, le coupé (puis berline, lire aussi : Maserati 430) du trident n’a jamais réussi à gagner le cœur des bien pensants : journalistes, nostalgiques, ou autre. La faute à une nouvelle stratégie (concurrencer d’une certaine manière la BMW Série 3, E21 puis E30), à un look moins spectaculaire qu’avant, à des problèmes de finition, de fiabilité et à une conduite parfois délicate (notamment sur le mouillé). Pourtant, ceux qui y ont goûté (un peu plus longtemps que quelques minutes en essai) en sont souvent tombés amoureux.
Il faudra attendre les rejetons de la lignée du début des années 90 (Ghibli et Quattroporte) pour arriver à des voitures plus homogènes et moins compliquées d’entretien ou de conduite. Surtout lorsque Ferrari offre à la Quattroporte des versions Evoluzione revues et corrigées sur des milliers de points. Pour passer à autre chose, tout en maintenant Maserati dans une logique complémentaire des Ferrari, la 3200 GT sera une arme parfaite. Fidèle à ses ancêtres Biturbo, elle se pare d’une carrosserie totalement nouvelle signée Giugiaro, et hausse la qualité à un niveau jusqu’alors jamais atteint. Adieu les lignes d’Andreani, retravaillée par Gandini, place à la modernité !
Il suffit parfois d’une nouvelle robe pour changer une femme. C’est la même chose avec les voitures, et la 3200 GT en est l’exemple type : le moteur V8 compact issu de la Shamal (qui date de 1989) n’a rien d’un Ferrari, ni le châssis… Mais par la magie d’une nouvelle image, d’une nouvelle ligne, et notamment ses feux arrière « boomerang » (qui disparaîtront ensuite pour s’adapter à la législation américaine avec la 4200 GT), et surtout parce que Ferrari veille désormais sur la marque, les observateurs vont en chanter les louanges, eux qui pourtant n’hésitaient jamais à taper sur la Biturbo.
Si les Biturbo « originelles » étaient dotées de V6, le V8 parue sur la Shamal est dans la même logique : compacité, rendement, et utilisation de deux turbos. Développant 325 ch en 1989, puis 335 ch dans les années 90 sur la berline, il passe sur la 3200 GT à 370 ch ! De quoi offrir de sacrés sensations sans pour autant marcher sur les plates bandes de Ferrari. Voiture de transition, la 3200 GT sera la pierre angulaire de la nouvelle expansion de Maserati : en 2002, elle deviendra Coupé (ou 4200 GT), puis sera remplacée par la Gran Turismo. A ses côtés, une nouvelle génération de Quattroporte (la V, puis la VI), et enfin une nouvelle Ghibli (la III) accompliront le rêve d’Alejandro de Tomaso : offrir une alternative luxueuse et sportive « à l’italienne » aux premiums allemands !
La 3200 GT sera produite à 4795 exemplaires entre 1998 et 2002, soit une nette augmentation par rapport au rythme de production du début des années 90. Une version Assetto Corsa plus « épurée » sera même produite à 259 exemplaires seulement ! Aujourd’hui, la 3200 GT est entre deux eaux. Collector mais pas encore collectionnée, encore chère, mais relativement abordable étant données les performances, plus pure (et belle, mais c’est subjectif) que ses descendantes 4200 et Gran Turismo, elle permet de s’offrir une voiture moderne mais historique, parfait trait d’union entre la période de Tomaso et la période Ferrari, valorisante, et performante… Bref, une affaire sur laquelle il faudrait se pencher prochainement avant que certains s’aperçoivent tout à coup de sa valeur réelle ou fantasmée !