Lancia Medusa : quand Giugiaro rêvait d'une berline à moteur central arrière
De nos jours, une berline se doit d’être consensuelle, et surtout allemande. Les italiennes n’ont plus vraiment de place sur le segment malgré la tentative récente de l’Alfa Romeo Giulia, j’y reviendrai prochainement (lire aussi : Alfa Romeo Giulia). Pourtant, au début des années 80, rien n’était joué, et particulièrement pour Lancia. Certes, ses Beta et Trevi ne caracolaient pas en tête des ventes européennes, mais on pouvait encore espérer de l’originalité sur ce segment. Originalité dans les lignes, mais aussi dans l’architecture : c’est dans cet esprit que Giugiaro et Italdesign présentèrent en 1980 au Salon de Turin la Lancia Medusa.
La réflexion de Giugiaro était simple : pourquoi ne pas offrir de la sportivité « naturelle » aux berlines en adoptant une architecture réservée jusqu’à présent aux coupés sportifs. De cette idée simple va naître la Medusa, une grande berline au look futuriste (pour l’époque), dotée d’un moteur central arrière !
En positionnant le moteur à l’arrière (enfin, on se comprends), il devient alors possible d’obtenir une ligne très fuyante à l’avant…. Et un porte à faux arrière très court. Giugiaro va donc se servir d’une base de Lancia Montecarlo rallongée (lire aussi : Lancia Scorpion, la Monte Carlo ricaine) pour proposer une drôle de berline, typée sportive, capable d’emporter 4 passagers, dotée d’un comportement joueur malgré l’empattement rallongé, et offrant de larges vitrages malgré la faible hauteur de la voiture.
Derrière les sièges arrières, on trouve le 4 cylindres de la Monte Carlo, un 2 litres de 120 ch. Avec un Cx de 0,25, et un poids contenu, c’était largement suffisant à l’époque. Surtout, elle offrait une faible hauteur, tout en dégageant un espace intérieur digne d’un salon Poltronesofa… Les sièges sont enveloppant, tendus d’Alcantara, et donnent envie d’enfiler les virages et de dérouler le ruban noir.
Cette proposition n’était pas qu’un concept car, mais aussi un appel du pieds… Lancia devait renouveler les Beta et Trevi, et Italdesign se serait bien vu désigné pour celle qui les remplacerait. Bingo, ce fut bien l’entreprise de Giugiaro qui remporta l’affaire, mais pour donner naissance à l’exact inverse : une traction bien carrée dénommée Thema (lire aussi : Lancia Thema 8.32).
La Medusa restera donc lettre morte, sans descendance en série malgré la faisabilité : sa base de Beta Monte Carlo était déjà largement amortie. Malgré ces arguments (design innovant, architecture originale, amortissement), le projet Tipo 4, qui donnera naissance, outre la Thema, à la Fiat Croma (lire aussi : Fiat Croma), à la Saab 9000 (lire aussi : Saab 9000), et plus tard à l’Alfa 164 (lire aussi : Alfa Romeo 164), était a priori bien plus rentable (et classique) pour le groupe Fiat et son partenaire suédois.
Dommage car à l’intérieur, Giugiaro poursuivait, dans la lignée de la Trevi, sa tendance high tech, avec un volant digne de K2000 (lire aussi : K2000). Il suffit de le regarder pour avoir envie de conduire cette Medusa médusante! Un projet sans suite, mais qui fit beaucoup dans l’étude de l’aéro d’une voiture.
On retrouvera un peu de la Medusa dans une voiture de série : l’Isuzu Piazza dessinée par Giugiaro et les équipes d’Italdesign en reprend quelques gimmicks (lire aussi : Isuzu Piazza) ! Comme il vous sera impossible de vous offrir cette Medusa, pourquoi ne pas opter pour la japonaise ?