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Jaguar XK8 (X100) : 8 cylindres pour un félin

Par Paul Clément-Collin - 29/07/2022

Dans les années 80 puis 90, Ford va se lancer dans une campagne de rachats de marques premium ou de luxe en Europe pour créer de toute pièce sa division Premier Automotive Group (officielle à partir de 1999) : AC puis rapidement Aston Martin, Jaguar, Volvo et pour finir Land Rover. Si AC est vite revendue pour se concentrer sur Aston Martin, Ford va s’atteler à relancer ses nouvelles filiales européennes. Pour Jaguar, il s’agit de relancer les deux modèles phares, la berline XJ40 et le coupé/cabriolet XJS. Le renouveau passe par le lancement de la berline X300 en 1994, puis de la XK8 en 1996 qui inaugure un tout nouveau V8.

Les XJ41/XJ42 devaient accoucher d’une remplaçante pour l’XJS à la fin des années 80. Leur châssis servira à la DB7 comme à la XK8 dans les années 90

Avant même le rachat de Jaguar par la firme de Dearborn en 1989, on planche à Coventry sur le remplacement de la XJS qui, bien que se bonifiant avec l’âge, commence à accuser le sien. A partir de 1984, on réfléchit donc à un successeur mais qui serait plus orienté GT, un héritier de la Type E qui pourrait prendre le nom de F-Type justement. C’est ainsi que sont lancés les projets XJ41 (coupé) et XJ42 (cabriolet). Mais avec l’arrivée des américains, les cartes sont redistribuées. Pour le grand tourisme, Ford va privilégier la relance d’Aston Martin avec la DB7, tandis que la priorité de Jaguar devient désormais le remplacement de la XJ40.

La Jaguar XK8/XKR reçoit un nouveau V8 en primeur

De la DB7 à la XK8

Pour autant, les travaux sur le châssis des XJ41/42 n’auront pas été en pure perte : il va servir de base à l’Aston Martin DB7, dessinée par Ian Callum et développée par TWR. La XJ X300, elle, sort donc en 1994, un an plus tard. On peut alors s’investir dans le développement de la remplaçante de l’XJS qui n’en finit plus de vieillir. Pour d’évidentes raisons d’économie d’échelle, c’est la DB7 qui va servir de base la future XK8. Cependant, pour se différencier d’Aston, on décide chez Ford de développer un nouveau moteur, un V8 qui servira ensuite à la XJ (nom de code X308). La DB7, elle, abandonnera plus tard son 6 cylindres en ligne pour un V12 : vous suivez toujours ?

La nouvelle X100 existe en coupé comme en cabriolet, en XK8 comme en XKR

La stratégie (plutôt bonne) de Ford commence à prendre forme. La XK8 (nom de code X100) est lancée en 1996. La ligne est signée Geoff Lawson, mais dans un style différent de celui de sa soeur DB7, plus rond et moins agressif. Avec la XK8, la cible est moins sportive et peut-être plus bourgeoise que celle de l’Aston. Evidemment, elle est proposée en deux déclinaisons, coupé ou cabriolet.

En haut, un coupé XK8, et en bas un coupé XKR

La primeur du V8 AJ-8

A sa sortie, la XK8 dispose du nouveau V8 Jaguar AJ-8 qui doit remplacer les 6 en ligne (AJ-6) en place depuis 1984. Avec deux cylindres en plus, Jaguar affirme sa montée en gamme et sa volonté de proposer des mécaniques modernes. Cet AJ-8 sera par la suite utilisé chez Lincoln, Land Rover ou Aston Martin. Avec ses 32 soupapes et ses 4 litres de cylindrée, ce moteur offre 290 chevaux. Certes, le sport n’est pas l’objectif principal des X100 mais tout de même, les performances sont là avec 6,7 secondes au 0 à 100 km/h, et une vitesse de pointe auto-limitée à 250 km/h (pour le coupé).

Car malgré la distinction entre Aston Martin et Jaguar, cette dernière va proposer (tout comme sur la berline X306 puis X308) une déclinaison haute performante de la X100 appelée XJR, lancée fin 1997. Elle utilise le même V8 de 4 litres, mais avec un compresseur Eaton (commun avec le Ford F150 SVT Lightning), développant alors 370 chevaux. De quoi changer le caractère, passant de la Belle à la Bête (0 à 100 en 5,4 secondes). Les XK8 et XKR s’engagent dans une très honnête carrière.

Avec la X100, c’est le luxe à l’anglaise comme sait le proposer Jaguar

Pour la relance, plus de puissance

Pourtant, les ventes finissent par fléchir, et en attendant la relève d’une nouvelle X150, les XK8 et XKR vont recevoir, outre un petit lifting, de nouvelles évolutions moteurs en 2003. Le V8 passe alors à 4,2 litres pour 300 chevaux en version normale et 400 chevaux en version XKR. Les deux modèles récupèrent aussi une BVA à 6 vitesses au lieu de 5 pour la précédente.

La XK8 restera en production jusqu’en 2006, date à laquelle la nouvelle XK dessinée par Ian Callum prendra la relève. Au total, 90 064 exemplaires auront été fabriqués (19 748 coupés XK8, 40 760 cabriolets XK8, 9 661 XKR coupés et 13 895 XKR cabriolets). C’est certes un peu moins que la XJS (un peu plus de 115 000 unités), mais en deux fois moins de temps : la X100 aura donc été un succès, tout en offrant véritablement plus de sportivité que son prédécesseur.

Fin de carrière et séries spéciales

On trouve évidemment quelques séries spéciales surtout en Angleterre (XKR Silverstone, XKR 100, XKR 4.2S, XK8 Victory Edition). En France, un rare exemplaire XKR signé Chapal devait déboucher sur une série spécifique, sans suite. Enfin, la XK8 eut son heure de gloire comme “voiture de méchant” dans le James Bond “Meurs un autre jour” sous le nom de SFX1, ou de monture so british pour Austin Powers dans “Goldmember.

La XK8 se transforme en « Shaguar » pour le compte d’Austin Powers dans « Goldmembers »

Voiture relativement récente, la X100 est à mi-chemin entre la youngtimer et l’occasion, permettant de se faire plaisir à des tarifs encore attractifs. Attention cependant car ces tarifs bas pedant des années ont aussi eu pour conséquence des propriétaires parfois peu scrupuleux sur l’entretien de l’engin. Il faudra donc privilégier les beaux modèles, quitte à payer un peu plus cher. Les plus sportives et plus rares XKR pourraient bien avoir votre préférence même si le charme bourgeois des XK8 n’est pas du tout déplaisant, tout en restant performante.

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