Jaguar XJC : l’étoile filante de la gamme XJ
Depuis la disparition de la XJC fin 1977 (année modèle 1978), Jaguar n’a plus jamais lancé de dérivé coupé de sa berline XJ, et c’est bien dommage. En effet, l’idée d’un grand coupé bourgeois mais sportif, dérivé d’une berline de luxe, collait tout à fait avec l’image de Jaguar. Sans doute l’échec de ce premier modèle a-t-il rendu prudente la marque anglaise, qui depuis préfère proposer des coupés différents (l’XJS, lire aussi : Jaguar XJ-S), la XK ou aujourd’hui la F-Type (lire aussi: Jaguar F-Type).
Pourtant, l’idée d’un dérivé coupé de la Jaguar XJ semble une évidence dans les années 60, et dès 1969, sir William Towns, le designer, fait réaliser sur un châssis raccourci de berline un prototype toujours roulant aujourd’hui (il coule une glorieuse retraite en Australie). La belle convient parfaitement à la direction, mais il faudra attendre 1973 pour voir la XJC dans les rues de Londres.
Il fallut en effet attendre la sortie de la XJ MkII à l’automne 1973 (la XJC en reprenait les évolutions stylistiques, lire aussi: Jaguar XJ), mais aussi résoudre quelques soucis d’isolation phonique notamment, et de rigidité. Mais l’attente valait le coup, puisque le résultat est superbe : la XJC respire l’élégance, et ne trahit pas sa filiation avec la XJ.
Pourtant, la XJC prendra son temps pour vraiment sortir du lot, et ne sera produite pour l’année modèle 1974 qu’à 13 exemplaires. Elle est proposée en plusieurs versions : Jaguar XJ 4,2C doté du six cylindres en ligne, XJ 5,3C avec le fameux V12, et leurs dérivés Daimler Sovereign (L6) et Double Six (V12). Les versions Daimler sont les plus rares, surtout en version Double Six (seulement 407 exemplaires).
Il faut dire que le blason Daimler ne sera pas proposé aux USA, principal marché de la XJ C en dehors de la Grande Bretagne. De toute façon, ce grand coupé tombe plutôt mal. La cris pétrolière de 1973 a coupé les ailes des gros moteurs, et si la berline XJ peut s’en sortir malgré tout, sa version coupé apparaît tout à coup superflue. Malgré une année 1975 encourageante avec 4293 exemplaires vendus, le soufflet retombe vite, pour atteindre 2977 en 1977, et seulement 96 exemplaires pour 1978 (en fait la fin d’année 1977).
Il faut dire que Jaguar lançait en 1975 un autre coupé, autrement plus désirable malgré un look qui mettra du temps à s’imposer : la XJ-S. Entre une concurrence interne, un marché réduit, une crise pétrolière qui passait par là, des grèves dans l’usine de production à son lancement, sans compter des problèmes de fiabilités à la sauce Jag’ des années 70, on peut dire que la XJ C aura fait la totale !
Malgré tout, sa présence dans la gamme aura permis au carrossier Avon-Stevens de proposer une version cabriolet des plus rares (lire aussi : Avon-Stevens XJ Convertible). La production s’arrêtera en 1977, et les derniers modèles s’écouleront en 1978, laissant le champs libre à sa sœur ennemie, la XJ-S. Au total, seuls 10 426 exemplaires seront fabriqués, dont 2 262 modèles V12 (1855 Jaguar et 407 Daimler).
Aujourd’hui, on en trouve pour des bouchées de pains étant donné leur rareté. Surtout, quel charme avec leurs toits en vinyle (so 70’s), leur intérieur feutré et douillet (so british) et leur ligne si élégante. D’autant que leur rareté les ferait presque passer pour des œuvres de petits carrossiers anglais. Aussi, si vous en voyez passer une, posez-vous la question (et évitez peut-être le glouton V12 malgré son charme).